Jeu d’échecs, l’édito d’Avraham Azoula
Ce qui est difficile, ce n’est pas de vivre avec les gens, c’est de les comprendre.
Entre le Seder de l’année dernière et ces fêtes de Pessah, nos vies ont changé. Enfin réunis, enfin enlacés ! Les personnes âgées, premières victimes du Covid, ont repris la parole et retrouvé le sourire. Ce qui est surréaliste, c’est que le reste du monde, dans son ensemble, vit encore à l’heure des confinements ; on y parle avec prudence de l’espoir d’une sortie du tunnel cet été… Ici, dans notre beau pays, le miracle a eu lieu, sous nos yeux : nous sommes bien sortis d’Égypte, et en grande partie du Covid.
En revanche, côté politique, on est loin d’être sortis de l’auberge.
Dans la plupart des pays de la planète, au lendemain d’élections, le calme se réinstalle et chacun retourne à ses préoccupations. En Israël, c’est le contraire: le casse-tête vient après les résultats des urnes. Qui va avec qui, qui est contre qui ? Peu importe le nombre de mandats, chacun devient une carte maîtresse pour son camp ; chacun se sent incontournable.
Mais qui donc a gagné ?! Une chose est sûre : le peuple se sent floué, sans voix, électeurs de second rang. Le président Reuven Rivlin n’a d’autre choix que d’accorder à Netanyahou la priorité pour tenter de composer un gouvernement. En théorie, avec le nombre de mandats qu’il a obtenus, celui-ci pourrait demain composer une coalition de droite – eh bien non ! Saar est de droite mais ne veut pas être à sa droite. « Bibi, c’est fini ! » Gidon ne peut pas non plus recommander Lapid. C’est lui, ou personne. Liberman est de droite, mais par haine de l’autre il est prêt à s’unir avec Tibi. No comment. Bennett est de droite, mais avec sept mandats il louche aussi à gauche, où on lui propose d’être Premier ministre du camp du changement. Non pas un changement de vie ni de pays, mais un changement de royauté.
La pression monte pour Naftali. Il savoure ces moments d’acrobatie, c’est dans son ADN. Cela lui rappelle la « Sayeret Matkal », la fameuse unité d’élite dont il a fait partie, ou ses paris de start-ups. Mais est-il capable de franchir ce cap psychologique en se faisant passer pour le sauveur ? Fou, non ? Quant à Smotrich et son compère Ben-Gvir, sans leur accord pour s’appuyer sur les quatre mandats d’Abbas, pas de gouvernement de droite –enfin, pas avec les Arabes.
Complètement fou !
Encore deux solutions impensables mais possibles : le magicien Netanyahou passe le flambeau à un potentiel repreneur. Il n’en manque pas qui, comme Nir Barkat, attendent patiemment leur tour.
La coalition est alors possible et nous avons notre gouvernement. Et de Premier ministre, Netanyahou devient président. Enfin, la dernière option : échec et mat, et retour aux urnes cet été, pour la cinquième fois en deux ans.
Les 14 et 15 avril, nous célébrerons deux des jours les plus émouvants et les plus éprouvants de notre calendrier : Yom Hazikaron et Yom Aatsmaout. 73 ans. Mazal tov, Israël !
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