À l’issue de la cérémonie des Invalides, mercredi 5 juillet, la dépouille de Simone Veil a été inhumée au cimetière du Montparnasse, au côté de celle de son époux, Antoine Veil, mort en 2013. L’oraison funèbre a été prononcée par le grand rabbin de France, Haïm Korsia

 

Paris, le 5 juillet. Pierre-François et Jean Veil ont dit le kaddish sur la tombe de leur mère, conformément à sa volonté. REUTERS/Michel Euler/Pool

 

En 2005,  Simone Veil, dans un texte intitulé «Je suis juive» écrivait : « Née et élevée au sein d’une famille française de longue date, j’étais française sans avoir à me poser de question. 

Mais être Juive, qu’est-ce que cela signifie pour moi comme pour mes parents, dès lors qu’agnostique – comme l’étaient déjà mes grands parents – la religion était totalement absente de notre foyer familial ?

 

De mon père, j’ai surtout retenu que son appartenance à la Judéité était liée au savoir et à la culture que les Juifs ont acquis au fil des siècles en des temps où fort peu y avaient accès. Ils étaient demeurés le peuple du Livre, quelles que soient les persécutions, la misère et l’errance.

 

Pour ma mère, il s’agissait d’avantage d’un attachement aux valeurs pour lesquelles, au long de leur longue et tragique histoire, les Juifs n’avaient cessé de lutter : la tolérance, le respect des droits de chacun et de toutes les identités, la solidarité.

 

Tous deux sont morts en déportation, me laissant pour seul héritage ces valeurs humanistes que pour eux le Judaïsme incarnait.

De cet héritage, il ne m’est pas possible de dissocier le souvenir sans cesse présent, obsédant même, des six millions de Juifs exterminés pour la seule raison qu’ils étaient Juifs. Six millions dont furent mes parents, mon frère et nombre de mes proches. Je ne peux me séparer d’eux.

 

Cela suffit pour que jusqu’à ma mort, ma Judéité soit imprescriptible.

Le kaddish sera dit sur ma tombe. »

Je suis Juive. 

Simone WEIL

Le kaddish a été dit lors de sa mise en terre au cimetière du Montparnasse. Cette prière, réservée aux orphelins, a été dite par Jean et Pierre-François Veil, les fils de Simone Veil, accompagnés du Grand Rabbin de France, Haïm Korsia. Delphine Horvilleur, l’une des trois femmes rabbin de France, était présente lors de cet enterrement intimiste, loin du faste des Invalides.

 

Qu’est-ce que le kaddish ?

En hébreu, kaddish signifie littéralement «sanctification». A l’origine, il s’agit d’une louange du nom de Dieu. La tradition veut que les Juifs la récitaient durant l’exode qui suivit la construction du temple de Jérusalem, en 70 après Jesus-Christ. Le kaddish que nous connaissons aujourd’hui est le «Kaddish Yatom», le chant des orphelins. Dans la tradition juive, c’est aux enfants de la personne défunte de le réciter tous les jours pendant douze mois pour garantir le salut de l’âme de leurs parents. Les personnes extérieures à la famille ne le récitent que trente jours.

Le kaddish est alors une prière visant à glorifier le nom divin et à exprimer la confiance des enfants en le jugement de Dieu malgré la douleur.

Source

 

 

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