Israël affiche un soutien plus marqué à l’Ukraine
Le chef de la diplomatie Eli Cohen était en visite à Kiev ce jeudi, une première pour un ministre israélien depuis l’invasion du pays par les Russes. L’Etat hébreu a ouvert la porte il y a quelques jours à une possible livraison d’armes aux Ukrainiens.
Le ministre des Affaires étrangères israélien, Eli Cohen (à gauche), et son homologue ukrainien, Dmytro Kouleba, à Kiev ce jeudi. (Gleb Garanich/Poo/Reuters)
Un geste après l’autre, Israël affiche plus fermement son soutien aux Ukrainiens. Le chef de la diplomatie israélienne, Eli Cohen, s’est rendu à Kiev ce jeudi, une première pour un ministre israélien depuis l’invasion du pays par la Russie il y a près d’un an. « Je suis venu dire : Israël se tient aux côtés de l’Ukraine et aux côtés des Ukrainiens en ces temps difficiles », a assuré le ministre des Affaires étrangères dans un tweet annonçant son arrivée dans la capitale ukrainienne, où il doit assister à la réouverture de l’ambassade israélienne.
"קול ברמה נשמע נהי בכי תמרורים רחל מבכה על בניה… ויש תקוה לאחריתך נאם ה' ושבו בנים לגבולם"
בבאבי יאר, סמל השואה במזרח אירופה. בספטמבר 1941, תוך יומיים בלבד, נרצחו כאן ע״י הנאצים ושותפיהם למעלה מ-30 אלף יהודים. הגענו היום לחלוק להם כבוד ולהבטיח: לעולם לא עוד. pic.twitter.com/sAfVkQlw9O
— אלי כהן | Eli Cohen (@elicoh1) February 16, 2023
Après une visite de la ville de Boutcha , devenue le symbole des exactions russes, puis du mémorial de Babi Yar qui commémore le massacre de 34.000 Juifs en 1941, Eli Cohen s’est entretenu avec son homologue ukrainien, Dmitro Kouleba. Israël « reste attaché à la souveraineté et à l’intégrité territoriale » de l’Ukraine, a-t-il assuré lors d’une conférence de presse conjointe. Il a annoncé qu’Israël soutiendrait une initiative de paix ukrainienne la semaine prochaine aux Nations unies et l’aiderait à récolter jusqu’à 200 millions de dollars (187 millions d’euros) pour des projets de santé et d’infrastructures. Il a aussi confirmé que l’Etat hébreu aiderait l’Ukraine à développer un système d’alerte précoce aux raids aériens.
Eli Cohen doit également s’entretenir avec le président Volodymyr Zelensky. Il sera très probablement question des armes que Kiev réclame de longue date aux Israéliens, en particulier son système de défense antiaérien du « Dôme de fer ».
Risque en Syrie
Jusqu’à présent, l’Etat hébreu s’est contenté d’afficher un soutien diplomatique prudent à Kiev et de fournir une aide humanitaire aux Ukrainiens. « En se froissant avec Moscou, les Israéliens prennent le risque que les forces russes ne les laissent plus frapper des cibles iraniennes en Syrie comme ils le font depuis dix ans, explique Jean-Loup Samaan, chercheur associé à l’Ifri et spécialiste du Moyen-Orient. Voire que les Russes aident les Iraniens dans leurs opérations aux frontières d’Israël. »
Mais les choses pourraient évoluer : pour la première fois, il y a une dizaine de jours, Israël a ouvert la porte à des livraisons d’armes : le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, a affirmé y « réfléchir » , suscitant aussitôt une mise en garde de Moscou.
Le nouveau gouvernement israélien s’est adapté à deux évolutions importantes du contexte international, analyse Jean-Loup Samaan : « Premièrement, la coopération russo-iranienne en Ukraine s’est intensifiée depuis l’automne. Israël ne peut pas l’ignorer, cela a un impact sur son propre conflit avec l’Iran. »
Pression de Washington
Deuxièmement, « les Etats-Unis ont accentué leur pression pour qu’Israël montre davantage de solidarité envers les Ukrainiens », poursuit le chercheur. Après la visite de Joe Biden l’été dernier, son conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a fait le déplacement à Jérusalem fin janvier, suivi quelques jours plus tard du secrétaire d’Etat Antony Blinken.
« Le calcul de Netanyahou est qu’il faut donner des gages à Washington, résume Jean-Loup Samaan, d’autant que les relations entre les deux pays sont plus délicates sur d’autres dossiers, en particulier l’extension de implantations israéliennes en Cisjordanie. »
Pour le moment, la position d’Israël a plutôt subi une « inflexion » qu’un changement de cap, estime le chercheur, l’Etat hébreu ayant multiplié les gestes sans faire d’annonce majeure. Reste à voir si la visite d’Eli Cohen pourrait changer la donne. « Le « Dôme de fer » est le système le plus emblématique de la défense israélienne, souligne-t-il. Si les Israéliens acceptent de le transmettre, ce serait un vrai tournant. »
JForum avec Sophie Amsili www.lesechos.fr
Le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen (à gauche) rencontre son homologue ukrainien Dmytro Kuleba à Kiev, le 16 février 2023. Crédit : ministère israélien des Affaires étrangères.
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