Inde-Pakistan ; au bord de la guerre ?

Une attaque sanglante dans la région de Pahalgam, au Cachemire indien, a déclenché une réaction diplomatique et sécuritaire sans précédent. L’Inde, pointant du doigt une implication présumée du Pakistan, a annoncé une série de mesures drastiques susceptibles de déstabiliser les fragiles équilibres régionaux entre ces deux puissances nucléaires.

Le bilan de l’attaque est lourd : 26 morts, dont 25 citoyens indiens, dans ce qui est considéré comme l’un des attentats les plus violents des dernières années au Cachemire. Selon des témoins, les assaillants ont ciblé méthodiquement les victimes, posant des questions sur leur religion et leur soutien politique avant d’ouvrir le feu à bout portant.

L’Inde a immédiatement pris une série de décisions marquant une rupture nette avec la diplomatie prudente observée jusqu’ici. Parmi les mesures annoncées figurent la suspension de l’accord bilatéral sur le partage des eaux de l’Indus, en vigueur depuis 1960, la fermeture du principal poste frontalier terrestre à Atari, l’expulsion des conseillers militaires pakistanais à New Delhi, et une réduction drastique du personnel diplomatique indien à Islamabad. Les détenteurs de visas spéciaux pakistanais ont également été sommés de quitter l’Inde sous 48 heures.

Du côté pakistanais, la réaction ne s’est pas fait attendre. Le gouvernement a dénoncé les accusations indiennes comme infondées et politisées, affirmant n’avoir aucun lien avec les auteurs de l’attentat. En réponse, le Pakistan a qualifié la suspension de l’accord sur l’Indus d’« acte de guerre », annoncé l’arrêt de tout commerce avec l’Inde, le renvoi des conseillers militaires indiens présents sur son sol et l’interdiction du survol de son espace aérien par les compagnies indiennes.

L’un des points les plus sensibles concerne le fleuve Indus, ressource hydrique vitale pour les deux pays. Son partage, jusque-là protégé par un accord internationalement salué, pourrait devenir un levier de pression stratégique. Le ministre pakistanais de l’Énergie a vivement réagi, dénonçant une action « illégale et provocatrice » de la part de New Delhi.

Sur le plan sécuritaire, l’Inde accuse un groupe nommé Front de résistance du Cachemire, considéré comme proche de Lashkar-e-Taiba, une organisation terroriste responsable notamment des attentats de Mumbai en 2008. Deux des trois suspects identifiés par la police indienne seraient des ressortissants pakistanais. Selon les autorités indiennes, les auteurs de l’attaque auraient agi avec préméditation, prenant leur temps pour interroger leurs victimes, ce qui accentue l’impact psychologique de l’événement.

Le ministre indien de la Défense a déclaré que la réponse ne se limiterait pas aux exécutants, mais viserait également les instigateurs en arrière-plan. Ces propos font craindre une possible riposte militaire, comparable à celle menée par l’Inde en 2019 à Balakot, après une attaque contre ses forces au Cachemire.

À Islamabad, le Comité de sécurité nationale s’est réuni sous la présidence du Premier ministre Sharif. Le Pakistan affirme se préparer à toute éventualité, tout en surveillant les mouvements de troupes indiennes. Aucun signe d’une mobilisation militaire d’ampleur n’a encore été observé, mais la prudence est de mise.

Le secteur du tourisme, qui avait récemment redémarré au Cachemire, est l’une des premières victimes collatérales. À Pahalgam, les hôtels et agences locales rapportent jusqu’à 90 % d’annulations de réservations. L’attaque, au-delà de sa portée humaine et politique, a ravivé un sentiment d’insécurité généralisée.

À l’échelle internationale, l’inquiétude monte. Des experts interrogés par CNN et le New York Times estiment que la question n’est plus de savoir si l’Inde frappera, mais quand et où. La pression politique sur le gouvernement Modi, déjà sous le feu des critiques pour la gestion sécuritaire du Cachemire, atteint son paroxysme.

La crise actuelle met à rude épreuve les politiques de sécurité et de diplomatie des deux pays, tout en interrogeant l’efficacité des mesures prises depuis 2019, lorsque New Delhi avait révoqué l’autonomie constitutionnelle du Cachemire. Cette décision, censée apaiser et développer la région, semble aujourd’hui rattrapée par les réalités d’un conflit enraciné depuis plus de sept décennies.

Jforum.fr

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

0 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires