Identifier les visages masqués des responsables du Hamas
Un récent rapport du New York Times révèle qu’Israël a exploité des outils d’intelligence artificielle pour cibler et éliminer un haut responsable du Hamas à Gaza. Cette opération, menée quelques semaines seulement après l’attaque du 7 octobre, illustre l’intégration rapide et massive de nouvelles technologies militaires par l’armée israélienne.
D’après le journal, les ingénieurs de l’unité 8200, spécialisée dans le renseignement électronique, ont développé ces outils il y a une dizaine d’années, mais ils n’avaient encore jamais été utilisés en situation de combat. Après les événements tragiques d’octobre, Israël a cherché à localiser Ibrahim Biari, un commandant du Hamas soupçonné d’avoir planifié l’attaque. Toutefois, Biari, se cachant vraisemblablement dans les tunnels de Gaza, demeurait introuvable par les moyens traditionnels.
Pour pallier ces difficultés, Israël a mobilisé l’IA pour écouter et analyser les communications du dirigeant, croisant les données audio avec sa localisation estimée. Cette analyse assistée par l’intelligence artificielle a permis d’ordonner des frappes aériennes ciblées sur le camp de réfugiés de Jabalia le 31 octobre 2023, entraînant la mort de Biari. L’armée israélienne a précisé que l’opération avait également provoqué l’effondrement d’un tunnel utilisé par le Hamas, situé sous des bâtiments civils.
Le Hamas, de son côté, a fait état de centaines de blessés et de morts suite à cette attaque. Les autorités israéliennes n’ont pas commenté ce chiffre, mais ont souligné l’importance stratégique de cette frappe pour leur campagne contre l’organisation.
Le New York Times rapporte également que depuis le début du conflit, Israël a combiné des logiciels de reconnaissance faciale et des algorithmes d’intelligence artificielle pour identifier les combattants du Hamas, même lorsque leurs visages étaient partiellement masqués ou blessés. Ces technologies ont été complétées par la création d’un chatbot en arabe, capable d’analyser des messages, des publications sur les réseaux sociaux et d’autres contenus numériques, dans le but de détecter de nouvelles cibles potentielles.
Une part importante de cette innovation est attribuée aux réservistes de l’unité 8200, qui travaillent également pour de grandes entreprises technologiques comme Google, Microsoft et Meta. Leur expertise privée a été mobilisée pour développer rapidement des outils opérationnels en situation de guerre.
Toutefois, le rapport souligne que l’utilisation intensive de l’IA n’a pas été sans failles. Certaines erreurs d’identification et arrestations abusives ont été signalées, révélant les limites actuelles de ces technologies lorsqu’elles sont appliquées dans un contexte militaire complexe.
Cet usage massif de l’IA à Gaza marque une évolution importante dans la manière dont les conflits contemporains sont menés, où l’analyse de données, la reconnaissance faciale et l’interception de communications deviennent des armes à part entière, aux côtés des méthodes militaires traditionnelles.
Jforum.fr
![]() |
![]() |