Huit survivants rendent hommage aux victimes de la Shoah
Chaque année, Israël s’arrête pour se souvenir. Le 23 avril au soir, le Mont du Souvenir à Jérusalem accueille la cérémonie officielle de Yom HaShoah, la Journée de commémoration de l’Holocauste. Cette année, huit survivants de la Shoah ont été choisis pour participer à cet hommage solennel au Mémorial de Yad Vashem. Ces hommes et femmes, porteurs d’une histoire bouleversante, ont traversé l’horreur et témoignent aujourd’hui de la force de la vie.
La cérémonie, retransmise en plusieurs langues, s’est ouverte sur la place du ghetto de Varsovie à Yad Vashem. Le président de l’État d’Israël, Isaac Herzog, et le Premier ministre Benjamin Netanyahou ont pris la parole, aux côtés de Dani Dayan, président de Yad Vashem, qui a allumé la torche commémorative. Six survivants ont ensuite allumé, chacun à leur tour, une torche en mémoire des six millions de Juifs exterminés pendant la Shoah.
Des parcours de survie et de résilience
Parmi eux, Leopold « Arie » Durst, né en Pologne en 1933. Ayant survécu en se cachant avec sa mère sous une fausse identité, il rejoignit son père en Israël après la guerre. Devenu chirurgien, il fonda la première unité de transplantation du pays et laissa une empreinte durable sur la médecine israélienne.
Monika Barzel, née à Berlin, a vu son enfance bouleversée par les déportations. Sauvée in extremis d’un convoi vers Auschwitz, elle survécut aux raids aériens, à la maladie et à la faim. Après la guerre, elle devint dentiste et émigra en Israël, s’établissant dans un kibboutz.
Felix Sorin, enfant séparé de sa famille en Biélorussie, s’échappa du ghetto de Minsk et se cacha sous une fausse identité. Grâce à l’aide d’un Juste parmi les Nations, il survécut jusqu’à la libération. Il poursuivit une carrière scientifique avant d’immigrer en Israël.
Rachel Katz, née en Belgique, perdit son père à Auschwitz. Cachée dans un couvent, elle traversa la guerre avec ses frères et sœurs. Engagée dans le soutien aux survivants, elle joua un rôle actif dans plusieurs associations en Israël.
Arie Reiter, originaire de Roumanie, endura le travail forcé et la faim. Après avoir parcouru des kilomètres pour rejoindre sa famille, il devint un acteur engagé dans la vie publique israélienne, impliqué dans l’éducation, les finances et la préservation de la mémoire juive.
Gad Fartouk, né en Tunisie, vit sa famille persécutée par l’occupation allemande. Pour survivre, ils durent se cacher, affamés, vivant de cueillettes et de rations de fortune. Gad immigra en Israël, servit dans le Palmach et devint photographe.
Deux voix pour les disparus
Eva Erben et Yehuda Hauptman, également survivants, ont partagé leur témoignage lors de la cérémonie. Eva, déportée à Theresienstadt puis à Auschwitz, perdit sa mère lors d’une marche de la mort. Sauvée par un couple tchèque, elle s’installa ensuite en Israël avec son mari, également rescapé. Yehuda, quant à lui, récita la prière des morts « El Maleh Rahamim ». Ayant fui la Slovaquie pour la Hongrie, il survécut au ghetto de Budapest avec sa famille.
Un devoir de mémoire universel
La cérémonie de Yad Vashem incarne plus qu’un hommage : elle rappelle l’importance de préserver la mémoire dans un monde où les témoins directs disparaissent peu à peu. Par leurs récits, ces survivants incarnent la dignité, le courage et la résilience. Ils transmettent à chaque génération le devoir de se souvenir — non pas pour revivre la douleur, mais pour préserver l’humanité.
À travers leur présence, ces huit voix résonnent comme une alerte contre l’oubli. Leurs histoires personnelles s’inscrivent dans la grande Histoire, rappelant que derrière chaque chiffre de la Shoah, il y avait des vies, des familles, des rêves. Et que certains, comme eux, ont survécu pour raconter.
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