Attentat d’Arras: un an après l’assassinat de Dominique Bernard, où en est l’enquête?

Le ministre de l’Intérieur participe dimanche à un hommage au professeur tué le 13 octobre 2023 par un ancien élève radicalisé. franceinfo a pu consulter les interrogatoires du principal mis en cause.

Il y a un an jour pour jour, le 13 octobre 2023, Dominique Bernard était tué à Arras. Ce professeur de lettres a été assassiné de plusieurs coups de couteau devant le collège où il enseignait, par un ancien élève radicalisé, Mohammed Mogouchkov. L’assaillant a été arrêté après son passage à l’acte.

UN HOMMAGE À TOUTES LES VICTIMES DU TERRORISME

Un hommage a lieu dimanche à Arras en présence des ministres de l’Intérieur, de la Justice et de l’Éducation nationale.

S’ensuit alors une lecture de poèmes. «Music for a while» de Henry Purcell et la suite populaire espagnole «Asturiana» seront interprétés à la harpe et au chant. Une interprétation de la chanson de Damien Saez, «les enfants paradis», à la guitare-voix est également au programme.

L’événement prendra fin avec un discours du maire d’Arras, Frédéric Leturque, «avant que les Arrageois présents ne soient invités à déposer une rose au pied de la plaque dédiée aux victimes du terrorisme».

1 Trois personnes mises en examen

Les investigations avaient débuté par un gros coup de filet, douze personnes placées gardes à vues en plus de l’assaillant. Sa mère et sa grande sœur avaient raconté la terreur qu’elles subissaient dans cette famille radicalisée. Le grand frère est lui-même mis en cause dans un projet d’attentat. Parmi les suspects on comptait également un prisonnier un temps soupçonné d’avoir pu être le mentor de Mogouchkov. Mais au final, seules trois personnes sont mises en examen à ce jour : Mogouchkov lui-même, 20 ans au moment des faits, un ancien élève de l’établissement, originaire d’Ingouchie (Russie) et radicalisé depuis quelques années ; son petit frère, encore mineur, mis en examen pour complicité d’assassinat terroriste, soupçonné d’avoir renseigné son aîné sur le maniement des couteaux ; et un de leurs cousins, soupçonné d’abstention d’empêcher un crime. On lui reproche d’avoir pu se douter d’un projet mais de n’avoir rien fait pour l’empêcher.

2 Une volonté d’attaquer symboliquement la République

franceinfo a pu consulter les deux derniers interrogatoires du terroriste qui en disent un peu plus sur les motivations de l’assaillant. D’abord muet en garde à vue, l’assaillant a fini par s’expliquer au fil de ses interrogatoires devant les juges d’instruction. Dominique Bernard était la cible principale, l’objectif final : « C’est lui que je visais », affirme Mogouchkov. Un professeur de lettres, une matière qui représentait « l’attachement au système de la République, de la démocratie et des droits de l’Homme », explique le terroriste. Pour les autres, ces professeurs et employés qu’il a blessés dans un second temps : « c’était un engrenage, ce n’était pas préparé » mais « j’aurais pu les tuer », affirme Mogouchkov. « J’en étais capable« , assure l’assaillant devant la juge en janvier mais « la volonté m’a quitté », dit-il.

3 Un attentat réfléchi et mené seul

L’assaillant soutient que personne n’était au courant de son projet terroriste. Lors de son dernier interrogatoire en avril, Mohammed Mogouchkov disculpe notamment son petit frère. « C’était quelque chose de trop grand pour qu’il puisse être au courant », affirme l’assaillant, même s’il reconnaît lui avoir posé des questions sur le maniement des couteaux.

4 « Aucune remise en question » d’après les psychologues

Selon le dernier expert à l’avoir interrogé en prison, en juillet dernier, l’élément déclencheur remonte à 2018. Cette année-là le père de l’assaillant, lui-même fiché S est expulsé du territoire français. L’homme incarne une « figure d’autorité » dans cette famille d’origine caucasienne marquée dit l’expert par « une vision rigoriste de l’islam ». Cette séparation a pu constituer, selon le psychologue, « le terreau d’un ressentiment vis-à-vis de la société française ».

Son projet apparaît « réfléchi et déterminé », affirme l’expert, qui estime qu’il n’existe chez l’assaillant « aucune remise en question sur son passage à l’acte » un an après les faits.

selon la veuve de Dominique Bernard, l’assaillant était «dangereux» dès le collège

Un an après la mort de son mari, elle a raconté comment le professeur de français faisait « attention » en classe à son comportement face à son élève, qui finira par le tuer.

Son mari avait donné l’alerte dès le passage de cet élève au collège, affirme Isabelle Bernard. Assassiné le 13 octobre 2023 à Arras par Mohammed Mogouchkov, Dominique Bernard avait remarqué le «caractère dangereux» de son ancien élève dès le collège, rapporte sa veuve ce samedi 12 octobre dans un entretien accordé aux journaux Le Monde et La Voix du Nord. L’enseignant devait même «faire attention» à ce qu’il disait.

«Quand Mohammed Mogouchkov était élève au collège et que Dominique l’avait en classe, l’équipe de direction a tout fait pour signaler le caractère dangereux de ce garçon», assure Isabelle Bernard au quotidien, dans sa première prise de parole médiatique depuis les obsèques de son mari. Face à cet élève, «je ne peux pas dire tout ce que je veux, je dois faire attention», avait regretté le professeur de français, se souvient aujourd’hui son épouse. «Une autre fois dans l’année, il m’avait confié : “J’ai quand même dit que j’étais quelqu’un de libre”».

JForum.fr avec  www.francetvinfo.fr, Liberation et CNEWS
Un portrait du professeur Dominique Bernard affiché sur le mur de la mairie d’Arras. (François Lo Presti/AFP)

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