Hakan Fidan, le gardien des secrets de la Turquie, sort de l’ombre
 

Ankara – Depuis des années, il est l’homme de confiance, de l’ombre et des missions difficiles du président Recep Tayyip Erdogan. Patron des services de renseignement turcs (MIT) depuis près de cinq ans, Hakan Fidan s’apprête à quitter ses fonctions pour continuer à servir, cette fois en pleine lumière, le maître de la Turquie.

M. Fidan a donné sa démission vendredi au chef du gouvernement Ahmet Davutoglu pour se présenter au scrutin législatif du 7 juin sous les couleurs du parti islamo-conservateur au pouvoir.

Discret, puissant et redouté, cet ancien sous-officier est à 47 ans au coeur de tous les dossiers sensibles en Turquie, dont il rend directement compte au seul chef de l’Etat.

Nommé en 2010 à la tête des services secrets, c’est lui qui pilote les délicats pourparlers de paix ouverts il y a plus de deux ans avec le chef historique des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, dans son île-prison d’Imrali.

C’est lui aussi qui tire les ficelles de la politique syrienne de la Turquie, devenant notamment l’artisan de liens très controversés avec les jihadistes les plus radicaux, dont ceux du groupe Etat islamique (EI), qui combattent le régime du président syrien Bachar al-Assad, la bête noire d’Ankara.

En 2012, M. Erdogan, alors Premier ministre, lui avait rendu un hommage public aussi rare qu’appuyé. « C’est un fonctionnaire très efficace« , avait-il souligné, « il est le gardien de mes secrets, le gardien des secrets de l’Etat« .

Comme le veut la discrétion imposée aux maîtres espions, la biographie officielle d’Hakan Fidan postée sur le site internet du MIT est réduite à sa plus simple expression.

Né en 1968 à Ankara, Hakan Fidan commence sa vie professionnelle au bas de l’échelle de l’armée turque, en tant que simple sous-officier. Il y remplit quelques missions liées au renseignement, avant de quitter les forces armées en 2001.

– Premier confident – 

Diplômes en poche, il dirige l’agence publique de coopération internationale (TIKA) turque, très active dans les ex-républiques soviétiques turcophones, en Afrique et dans nombre de pays musulmans où Ankara cherche depuis une dizaine d’années à prendre pied dans le cadre de sa stratégie de puissance régionale.

Hakan Fidan poursuit son ascension dans les sphères du pouvoir en entrant au cabinet du Premier ministre Erdogan, avec le titre de sous-secrétaire d’Etat adjoint.

L’occasion pour lui de travailler en étroite collaboration avec le futur ministre des Affaires étrangères et Premier ministre Ahmet Davutoglu, concepteur de la diplomatie « néo-ottomane » de la Turquie, alors universitaire et conseiller du chef du gouvernement.

C’est dans ce cadre qu’Hakan Fidan participe dès 2009 aux discussions de paix secrètes d’Oslo avec des chefs du PKK. Nommé en 2010 à la tête du MIT, il poursuit ses efforts jusqu’en 2011, lorsque des informations publiées dans la presse turque sur ces négociations les font capoter.

Cet épisode met le chef des tout-puissants « services » sur la sellette lorsqu’en 2012, des procureurs le soupçonnent d’avoir outrepassé son mandat dans ses discussions avec le PKK et le somment de s’expliquer.

Pour le protéger, M. Erdogan n’hésitera pas à faire voter par le Parlement qu’il contrôle une loi dispensant les agents du MIT de répondre aux requêtes de la justice.

En 2013, il est accusé par un journaliste américain d’avoir vendu à Téhéran l’identité d’espions israéliens opérant en Iran. Les autorités démentent ces allégations et lui renouvellent leur confiance.

Début 2014, plusieurs de ses agents sont interpellés à la frontière syrienne avec un camion d’armes apparemment destiné à des rebelles syriens radicaux. L’affaire fait scandale mais est vite oubliée, lorsque le MIT réussit en septembre à faire libérer, après négociations, 46 Turcs pris en otages en Irak par les jihadistes de l’EI.

Sous son mandat, les services de renseignement sont devenus un des piliers du régime de M. Erdogan.

Désormais, Hakan Fidan semble promis aux plus hautes fonctions. Certains lui promettent celui de ministre des Affaires étrangères, voire de Premier ministre. « Il s’imposerait comme étant le meilleur à n’importe quel poste« , a récemment dit de lui M. Davutoglu.

AFP 8/02/2015 à 12:17 | 

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