
Non seulement l’ancien Premier ministre français, candidat à la mairie de Barcelone pour le scrutin local de mai, est désormais pleinement un homme politique de l’échiquier espagnol, mais il se veut l’incarnation du rempart contre l’extrême droite.
« Avec le national-populisme, on ne peut pas se mettre d’accord. Le risque est grand que l’extrême droite s’attaque aux droits civils et aux droits de la femme. »
Sur l’agora nationale, l’ancien maire d’Évry s’est imposé comme le chantre du péril que représenterait toute alliance avec la droite radicale, sans doute inspiré par l’exemple français où le parti des Le Pen a jusqu’ici été isolé, incapable de tendre des ponts avec d’autres mouvements politiques.
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Si Manuel Valls hausse le ton ces jours-ci, c’est parce que – pour la première fois depuis la fin de la dictature franquiste – des formations de la droite classique sont confrontées à un dilemme : que faire avec Vox, un mouvement historiquement confidentiel sans représentation parlementaire mais devenu une formation avec laquelle il faut compter ?
Début décembre, lors des législatives andalouses, à la surprise générale, il obtient près de 400 000 suffrages et 12 sièges dans l’hémicycle régional. Résultat, les conservateurs du Parti populaire et les libéraux de Ciudadanos, avec leurs 47 députés, ont aujourd’hui la possibilité de déloger les socialistes, dont l’Andalousie est un bastion depuis trente-six ans, à la condition de compter avec le soutien de Vox !
Un « pacte d’État »
Aussi bien pour le Parti populaire que pour Ciudadanos, faire alliance avec un mouvement qui prône la suppression des parlements régionaux, des organisations féministes subventionnées par l’État, de l’enseignement de l’islam, et qui défend une recentralisation néo-franquiste musclée ou la reconduction de tous les « illégaux » aux frontières n’est pas la panacée.
D’autant que, bien conscient que leur alliance est indispensable à l’arrivée de la droite au pouvoir en Andalousie, le chef de file extrémiste Santiago Abascal fait monter les enchères et conditionne son soutien à une remise en cause de toute la législation de protection des femmes dans le cadre de la violence conjugale – un consensus national depuis un quart de siècle.
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Alors que tractations et chantages de toutes sortes continuent de faire rage, Manuel Valls – très proche de Ciudadanos – a fait entendre sa voix : faire équipe avec Vox serait « une erreur fatale ».
A ses yeux, il n’y a qu’une seule solution : la mise en place d’un « pacte d’État » entre socialistes, conservateurs et Ciudadanos.
« Ces trois formations doivent s’asseoir autour d’une table, se parler et trouver un accord. C’est une affaire d’intérêt général. »
À Barcelone, sa ville natale où il concourra aux municipales en tant qu’indépendant, il rêve d’appliquer la même stratégie : une alliance entre socialistes et Ciudadanos pour isoler la gauche radicale de Podemos (dont la maire actuelle, Ada Colau, est proche) et les sécessionnistes.
Aux yeux de l’ancien Premier ministre français, il n’y a en réalité que deux camps : les forces constitutionnelles et celles qui, comme les séparatistes catalans ou Vox, entendent « désagréger l’État de droit ».
Au vu des négociations en Andalousie, l’isolement de Vox est loin d’être garanti…
Source: lepoint.fr
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