Trump frappe les Houthis, envoyant un message clair à Téhéran
L’opération militaire américaine au Yémen constitue un signal direct adressé à l’Iran, témoignant d’un changement de politique américaine. Il s’agit d’une campagne militaire d’une puissance exceptionnelle, conçue pour obtenir des résultats tangibles, plutôt que pour simplement envoyer un message. Parallèlement, les responsables iraniens tentent de prendre leurs distances, affirmant : « Nous ne participons pas à la définition de la politique d’Ansar Allah. » Cette dernière escalade offre l’occasion de démanteler le modèle de procuration de l’Iran et de remodeler l’ordre régional.
Par Meir Ben Shabbat
Trump et la frappe au Yémen | Photo : Reuters
Recours à la force sans crainte: L’ opération militaire américaine au Yémen constitue un signal direct adressé à l’Iran, témoignant d’un changement de politique américaine. Il s’agit d’une campagne militaire d’une puissance exceptionnelle, conçue pour obtenir des résultats tangibles, plutôt que pour simplement envoyer un message. Parallèlement, les responsables iraniens tentent de prendre leurs distances, affirmant : « Nous ne participons pas à la définition de la politique d’Ansar Allah. » Cette dernière escalade offre l’occasion de démanteler le modèle de procuration de l’Iran et de remodeler l’ordre régional.
Les Houthis ont donné à Trump l’occasion de mettre en avant le changement de politique de son administration au Moyen-Orient et de démontrer qu’il n’a pas peur de recourir à la force militaire pour instaurer un nouvel ordre régional. Ces messages servent le positionnement stratégique de la Maison-Blanche sur la scène internationale, mais ils visent particulièrement Téhéran, compte tenu des tensions liées au programme nucléaire iranien et à son soutien à des groupes mandataires.
Même si le processus prend du temps, démanteler le modèle de mandataires de l’Iran et tenir Téhéran responsable des actes de ses agents demeurent des objectifs clés de la stratégie des États-Unis et de leurs alliés pour contrer l’axe du mal. Il est temps de cibler non seulement les mandataires, mais aussi la main qui les contrôle.
Objectif des États-Unis: éliminer les menaces
« L’Iran n’est pas impliqué dans la définition de la politique nationale d’aucune faction du front de la résistance, y compris Ansar Allah au Yémen », a déclaré le général de division Hossein Salami, commandant du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) d’Iran, après l’attaque massive des États-Unis contre le Yémen et l’avertissement de Trump contre le soutien aux Houthis.
Salami a répondu à ces avertissements en déclarant que l’Iran réagirait « de manière décisive et destructrice » contre tout ennemi qui transformerait ses menaces en actions.
Ce n’est pas la première fois que les dirigeants de Téhéran tentent de minimiser l’implication de l’Iran dans les activités de ses alliés. Ces derniers mois, les responsables iraniens ont répété à maintes reprises que l’Iran ne contrôlait pas les forces alliées, mais soutenait plutôt des groupes partageant ses convictions idéologiques et opérant de manière indépendante dans leurs pays respectifs. Quoi qu’il en soit, l’offensive américaine contre ce bastion de l’« axe de la résistance » a accru les inquiétudes à Téhéran.
Missiles balistiques exposés au public en Iran. Photo : AP.
Bien que l’objectif déclaré de Washington en attaquant les Houthis soit d’éliminer les menaces pesant sur le trafic maritime et d’assurer le flux ininterrompu de pétroliers du golfe Persique vers l’Europe, l’opération sert également des intérêts stratégiques plus larges pour l’administration Trump.
Tout d’abord, cette campagne marque un changement décisif dans la politique américaine et une approche proactive pour façonner le nouvel ordre régional. Ensuite, elle vise à restaurer la confiance des alliés du Moyen-Orient, qui s’étaient éloignés de la politique du président Biden et cherchaient à se rapprocher de la Russie et de la Chine. Enfin, elle adresse un message clair à l’Iran quant à la détermination de Trump à atteindre ses objectifs, y compris par la force militaire.
L’opération au Yémen est inhabituelle non seulement par l’ampleur de la puissance de feu et le nombre de cibles touchées, mais aussi par le ciblage délibéré de personnalités importantes. Des rapports de responsables américains suggèrent que les frappes aériennes se poursuivront pendant plusieurs jours encore, témoignant de la détermination de Washington à obtenir des résultats concrets plutôt qu’à se contenter d’envoyer un avertissement.
La frappe américaine à Sanaa, au Yémen
Pression économique et limitation des exportations de pétrole iranien
Cette escalade coïncide avec la montée des tensions autour du programme nucléaire iranien. L’administration Trump accentue la pression économique sur Téhéran, cherchant à minimiser ses exportations de pétrole et à appliquer des sanctions sévères. Le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a souligné les avancées nucléaires de l’Iran et la quantité alarmante d’uranium enrichi à 60 % en sa possession. Selon le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, « aucun État non nucléaire ne produit de telles quantités ».
Les responsables iraniens, pour leur part, insistent sur le fait qu’ils ne se soumettront pas aux diktats extérieurs et n’accepteront pas d’accord sous la pression. Ils semblent ainsi mettre à l’épreuve la détermination de Trump, soulignant encore davantage l’importance de l’opération au Yémen.
Considérant que l’attaque contre les Houthis n’est que le début d’une campagne plus vaste, Trump se positionne comme le leader de la lutte contre les forces soutenues par le CGRI, qui menacent les routes commerciales mondiales et ne répondent qu’à la force. Au début de sa présidence, les Houthis ont offert au dirigeant américain l’occasion de corriger une distorsion de longue date qui permettait à l’Iran de déployer des intermédiaires pour réaliser ses ambitions destructrices sans en subir les conséquences.
Pour Israël, les menaces des Houthis doivent être prises au sérieux, qu’elles se matérialisent par des drones, des roquettes, des missiles ou d’autres méthodes, dont certaines ont été présentées dans les vidéos de propagande du groupe.
Si Israël doit continuer à se défendre contre cette menace, il doit également s’engager activement dans des contre-mesures, soit de manière indépendante (en coordination avec Washington), soit dans le cadre d’opérations menées par les États-Unis. Il est essentiel d’intensifier ses efforts offensifs et de cibler les infrastructures énergétiques, les réseaux électriques, les ports, les actifs économiques et les approvisionnements en eau. Si l’armée de l’air israélienne joue un rôle central, d’autres branches militaires doivent également y contribuer.
Après les revers de l’axe iranien, notamment la défaite du Hezbollah au Liban, la chute du régime d’Assad en Syrie et le démantèlement du dispositif militaire du Hamas à Gaza, ce moment offre l’occasion de neutraliser la branche yéménite du modèle de procuration de l’Iran et de provoquer son effondrement complet.
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(Sur la photo : la vue depuis le porte-avions Harry Truman )
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Il est juste plus que temps d’écraser le djihadisme.