80 ans du Débarquement. Jour J des commémorations
La Normandie accueille jeudi 6 juin,Jour J ( D-Day), une célébration internationale pour les 80 ans du Débarquement, afin de rendre hommage aux soldats qui ont permis la libération de la France et de l’Europe du joug nazi. Au programme : toujours de nombreux événements dans la Manche et le Calvados, mais aussi et surtout plusieurs cérémonies commémoratives en présence de vingt-cinq chefs d’État du monde entier.
Le Débarquement, on l’a appris dans nos cours d’histoire, vu dans des films célèbres -“Le jour le plus long”, “Il faut sauver le soldat Ryan”– et nous avons en tête l’image de ces milliers de soldats américains et anglais jetés sur les plages pluvieuses et meurtrières de Normandie.
75e anniversaire du D-Day. Les Rangers escaladent la pointe du Hoc pour rendre hommage à leurs aînés
155 000 soldats alliés engagés
Les forces alliées engagées le 6 juin 1944 sont composées de 155 865 soldats, essentiellement Américains, Britanniques et Canadiens. Le Jour J, peu après minuit, environ 23 400 parachutistes américains et britanniques sont largués en Normandie pour neutraliser les fortifications allemandes, saisir les points stratégiques et sécuriser les arrières.
Seconde salve militaire: plus de 5 000 bombardiers envahissent le ciel français pour briser la défense allemande, soutenus par les forces navales. À 6 h 31, les premières troupes terrestres foulent les plages normandes. Environ 132 500 hommes sont lancés durant les trois premières marées, et permettent aux Alliés d’ouvrir le second front en Europe.
Une quinzaine de nationalités différentes
Les premiers libérateurs de la France ne sont pas uniquement américains, britanniques ou canadiens. En réalité, des soldats d’une quinzaine de nationalités différentes participent au Débarquement puis à la bataille de Normandie jusqu’en août 1944.
Ainsi, les forces alliées comptent également des soldats australiens, belges, danois, luxembourgeois, néerlandais, néo-zélandais, norvégiens, polonais, sud-africains, ou encore tchécoslovaques. Sans oublier les Forces françaises libres.
3 unités françaises associées
Trois unités des Forces françaises libres sont associées aux opérations du Débarquement. D’abord, 36 parachutistes des forces spéciales françaises aéroportées sont largués le 5 juin 1944 en Bretagne pour entrer en contact avec la Résistance et ralentir la progression des Allemands vers la Normandie.
Quelques dizaines d’aviateurs issus des forces aériennes françaises libres prennent part à l’assaut aérien, au sein des groupes de chasse « Île-de-France » et « Alsace », ainsi que le groupe de bombardement « Lorraine ».
Sur les plages, seulement 177 Français ont pu se joindre aux forces alliées. Ces fusiliers marins des Forces françaises libres constituent le fameux commando Kieffer, dont le dernier membre Léon Gautier est décédé en juillet 2023. Charles de Gaulle participe au Débarquement par l’intermédiaire d’un discours diffusé à la radio aux petites heures du 6 juin 1944, incitant la Résistance et les Français au combat.
D-Day: des soldats juifs dans les armées alliées
Le 6 juin 1944 restera à jamais gravé dans les mémoires comme le Jour J, journée du débarquement des forces alliées en Normandie. A cette occasion, Eliana Gurfinkiel revenait sur le rôle des soldats juifs dans les armées alliées.
Le 6 juin 1944, les forces alliées débarquaient en Normandie, amorçant la reconquête de la France sur l’occupant nazi et leurs supplétifs français de Vichy.
Pour les Juifs de France, comme pour bon nombre de Français, la lutte avait commencé dès septembre 1939.
Ainsi, si les Juifs français répondirent massivement à la mobilisation, près de 160 000 Juifs réfugiés sur le sol français s’enrôlèrent dans la légion étrangère, dans l’armée polonaise de France, dans les régiments de volontaires étrangers et dans les régiments étrangers d’infanterie.
Puis, dès la signature de l’armistice, les Juifs de France furent parmi les premiers à répondre à l’appel du général de Gaulle, à rejoindre ou à créer les premiers noyaux de Résistance intérieure.
Leur engagement a été particulièrement varié, à l’image de la diversité des courants qui animaient le judaïsme français d’avant-guerre.
Autour du général de Gaulle, dans les bataillons de la France Libre, sous l’étendard bleu et blanc de l’OJC ou dans les rangs de la MOI, ils devinrent des résistants par nécessité, par sens du devoir, et par soif de liberté.
Résistance juive ou résistance des Juifs, se consacrant au sauvetage ou combattant l’oppresseur, ils participèrent avec courage à la libération du territoire français, au grand dam de ceux qui véhiculent le mythe d’une certaine passivité juive.
Henri Dorfsman du commando Kieffer
Engagé militaire en 1938, à l’âge de dix-huit ans et demi, Henri Dorfsman est agent de liaison motocycliste en 1939. Il prend part au combat du Front nord jusqu’à Dunkerque où il est fait prisonnier. Il s’évade en février 1941 du camp de Saint Omer et rejoint le Maroc pour s’engager dans l’armée française. Dénoncé, il est arrêté et réussit à fausser compagnie à ses geôliers. Il rejoint Lyon où il s’engage dans la Résistance et gagne enfin l’Angleterre après un passage dans les prisons de Miranda (Espagne) et une grève de la faim. Il est libéré sur intervention de l’ambassade britannique et rejoint les Forces Françaises Libres à Londres.
Après un entraînement intensif, Henri Dorfsman débarque le 6 juin 1944 comme soldat du 1er bataillon de fusiller-marin du commando Kieffer, intégré au 4e commando britannique.
Archive vidéo très rare de soldats juifs américains réunis dans une synagogue libérée, juste après le débarquement en Normandie.
Ces juifs canadiens partis en guerre contre les nazis
1939-1945, la Seconde Guerre mondiale fait rage. Plus d’un million de Canadiens s’enrôlent alors dans l’armée afin de soutenir les Alliés dans la bataille contre l’Allemagne. Parmi eux, 17 000 juifs, qui ont combattu malgré le danger de la guerre et les dérives de l’antisémitisme.
Métro s’est penché sur l’histoire de ces soldats juifs, en rencontrant la journaliste et autrice du livre Double Threat : Canadian Jews, the Military, and World War II (Double menace : les Juifs, l’Armée et la Seconde Guerre mondiale), Ellin Bessner.
Il y a 10 ans, lors d’une journée pluvieuse, Ellin Bessner marchait dans un cimetière de Normandie, le département français dans lequel s’est déroulé le débarquement des Alliés en 1944. Elle découvre alors une tombe d’un soldat juif canadien de Toronto. En bas de l’étoile de David gravée sur le marbre était écrit : « Il est mort pour que les juifs ne souffrent plus. ».
Cette simple épitaphe a attiré l’attention de la journaliste, « je ressens toujours de l’émotion quand je vois ça, parce que ça explique pourquoi autant de juifs sont allés au combat pour sauver leur peuple ».
Ellin Besner décide de pousser ses recherches et découvre que sa propre famille comprend neuf anciens militaires juifs de la Seconde Guerre mondiale. Au fur et à mesure, elle constate que plusieurs familles de la communauté ont des vétérans, tellement qu’il y avait de quoi en faire un livre.
Pierre tombale du soldat Issie Bell de Montréal au cimetière de guerre canadien d’Agira, en Sicile. Le soldat du Hastings and Prince Edward Regiment fut tué le 25 juillet 1943 lors de l’assaut contre la ville de Nissoria. Photo soumise.
Pendant six ans, la journaliste part à la rencontre de 300 des 17 000 vétérans juifs, qui se sont engagés après avoir fait leur service militaire obligatoire, et recueille minutieusement leur témoignage.
Une double menace
Chaque soldat engagé dans la guerre prend le risque de perdre sa vie. Mais dans les années 1940, pour les volontaires juifs, la menace était double.
Il y avait déjà le risque de se faire capturer par les nazis, et de connaître le sort réservé aux juifs. Comme le rappelle l’ancien vétéran de l’armée de l’air, William Novick, ils étaient au courant que les nazis voulaient faire disparaître les juifs d’Allemagne et des pays occupés, même si « nous n’avons été au courant pour les camps d’extermination que plus tard durant la guerre. ».
Beaucoup de volontaires ont caché leur judaïsme lors de leur entrée dans l’armée, en changeant de nom et en déclarant une autre religion.
Montréal est à cette époque l’une des villes qui regroupent une grande part de la communauté juive, qui vit majoritairement sur le Plateau et dans le Mile-End. Mais la ville était moins tolérante que maintenant.
« Le Canada était fermé aux réfugiés juifs venus d’Europe, alors qu’ils cherchaient à fuir le régime d’Hitler. Au Québec, des leaders nationalistes comme Adrien Arcand ont posé la faute de la Grande Dépression sur les juifs, et ont incité les gens à ne pas acheter dans leurs magasins », explique Ellin Bessner. Elle ajoute que des programmes universitaires, comme celui de médecine à McGill, étaient fermés à la communauté, ou comprenaient des quotas. Certains employeurs refusaient également d’embaucher des juifs.
Cet antisémitisme suivait les soldats jusque dans leur propre régiment. Beaucoup de témoignages recueillis par Ellin Bessner évoquent les actes et paroles discriminatoires qui pouvaient avoir lieu, venant des autres vétérans ou des officiers.
Garder en mémoire
Malgré cette seconde menace, 40 % des personnes de la communauté juive — qui comptait à cette époque 168 000 membres — se sont portés volontaires. Plusieurs militaires ont reçu par la suite des médailles, et sont considérés aujourd’hui comme des héros de guerre.
Parmi les plus de 50 000 femmes canadiennes qui ont servi à l’armée pendant la Seconde Guerre mondiale, 270 étaient juives. Elles y ont occupé plusieurs postes, comme officière de la police militaire ou dans la base de l’armée de l’air, même si tous n’étaient pas accessibles aux femmes, et malgré le sexisme présent dans plusieurs branches de l’armée. L’une d’elles, Miriam Freedman, a été décorée pour sa bravoure pendant la guerre.
Pour Ellin Bessner, il est important de garder en mémoire l’histoire de ces militaires juifs, qui sortaient à peine de l’adolescence quand ils ont fait le choix d’abandonner le confort de leur foyer pour combattre les nazis.
« Il est important que les jeunes aujourd’hui prennent position s’ils voient par exemple une croix gammée sur une école. C’est une bataille qui doit se maintenir au quotidien, et c’est ce que nos vétérans nous disent. Ce n’est pas seulement une histoire juive, mais une que tout le monde peut comprendre. »
Mobilisation sur le front intérieur
De nombreux chefs religieux et politiques juifs du Canada encouragèrent les jeunes membres de leur communauté à servir en uniforme pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils eurent recours à diverses stratégies, allant d’exhortations publiques et privées aux efforts créatifs de sensibilisation dans les médias.
Le Congrès juif canadien, un groupe de défense influent qui allait être actif au sein de notre pays pendant près d’un siècle, établit ses propres bureaux de recrutement à Toronto et à Montréal et fit également connaître des récits héroïques de militaires juifs sur les champs de bataille.
En 1944 et 1945, il publia même une série de bandes dessinées intitulées Jewish War Heroes, dans l’espoir qu’elles intéresseraient particulièrement les garçons et les jeunes hommes. En fin de compte, il y eut trois éditions de cette publication unique, chaque numéro contenant huit pages d’histoires passionnantes qui mirent en lumière l’héroïsme bien mérité des militaires juifs combattant aux côtés des forces alliées.
Il existait aussi d’autres formes de pressions, moins publiques, pour s’enrôler; avec de la parenté vivant souvent en Europe occupée, la guerre lointaine ne semblait pas aussi éloignée qu’elle aurait pu l’être pour d’autres Canadiens. En raison de ce lien, l’appel au service ressenti par de nombreux Canadiens juifs pouvait être très personnel.
Alors que la plupart d’entre eux allaient servir dans l’armée de notre pays, des hommes comme William Nelson(un pilote élite de la Royal Air Force britannique) et Robert Mirvish (un officier radio de la marine marchande américaine) se joignirent aux forces des autres pays alliés.
Il existait aussi d’autres formes de pressions, moins publiques, pour s’enrôler; avec de la parenté vivant souvent en Europe occupée, la guerre lointaine ne semblait pas aussi éloignée qu’elle aurait pu l’être pour d’autres Canadiens. En raison de ce lien, l’appel au service ressenti par de nombreux Canadiens juifs pouvait être très personnel.
Alors que la plupart d’entre eux allaient servir dans l’armée de notre pays, des hommes comme William Nelson(un pilote élite de la Royal Air Force britannique) et Robert Mirvish (un officier radio de la marine marchande américaine) se joignirent aux forces des autres pays alliés.
Plus d’un million de Canadiens servirent sur terre, en mer et dans les airs durant la Seconde Guerre mondiale. Comme leurs compatriotes non-juifs, environ 39 à 40 pour cent des hommes juifs remplissant les conditions requises décidèrent de s’enrôler.
La contribution juive aux efforts de guerre de notre pays ne se limita pas au service en uniforme. Comme tant d’autres Canadiens, des membres de l’ensemble de la communauté juive se rassemblèrent pour s’engager sur le front intérieur et bon nombre d’entre eux achetèrent des obligations de guerre pour aider à financer les lourdes dépenses du gouvernement en temps de guerre, ainsi que pour réunir des fonds afin d’appuyer les hommes et les femmes qui allaient servir à l’étranger d’autres façons.
La communauté juive du Canada se chargea de meubler les baraques récréatives des hommes dans toutes les bases militaires du Canada et de Terre Neuve, y compris en y mettant des équipements comme des tables de billard, des radios, des magazines, des stands de cigarettes et du mobilier.
Sous la direction du capitaine Gurston Allen, dont la famille travaillait dans l’industrie cinématographique, le Comité de l’effort de guerre du Congrès juif canadien mit sur pied une unité cinématographique chargée de fournir des films pour les programmes d’instruction des militaires et aussi pour le divertissement.
Samuel Bronfman, président de Seagram et président du Congrès juif canadien, fit don d’un yacht à la Réserve de la Marine royale canadienne pour l’instruction. Il fut baptisé NCSM Montréal ll.
Dossier réalisé par JForum.fr avec www.ouest-france.fr, www.dday-overlord.com, www.yadvashem.org, www.veterans.gc.ca, www.la-croix.com et www.cairn.info
Le président de la République Emmanuel Macron lors de la cérémonie commémorative en hommage aux maquisards et SAS français du maquis de Saint-Marcel à Plumelec (Morbihan), mercredi 5 juin 2024. | VINCENT MICHEL, OUEST-FRANCE
En 1961, les armées française, américaine et britannique apportent leur concours au tournage du long métrage « Le jour le plus long » (« The Longest Day »), réalisé par Darryl Zanuck. Ken Annakin, Andrew Marton, Bernhard Wicki et Gerd Oswald.
Sur la plage de Saleccia, en Corse, la 6ème flotte américaine et le bâtiment français « Argens » participent au tournage des premières séquences du film qui reconstituent le débarquement allié du 6 juin 1944 sur les plages normandes. Un photographe de l’Etablissement cinématographique des armées est envoyé sur place et réalise un making of du tournage.
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