Ainsi que je l’avais annoncé, le Collectif des Usagers du Service Public Audiovisuel m’a chargé de poursuivre devant le CSA Laurent Ruquier et Florence Foresti à la suite de l’expression télévisée de leur désir public de voir assassiné le président américain démocratiquement élu.

Mes lecteurs prendront connaissance certainement avec intérêt de la lettre que j’ai envoyée au président de cette institution :

“Monsieur le Président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel,

J’ai l’honneur,  mais aussi le regret, de vous écrire en ma qualité d’avocat du Collectif des Usagers du Service Public de l’Audiovisuel. Ainsi que vous le savez, cette association s’est créée aux fins de promouvoir un service public audiovisuel enfin digne d’un pays démocratique.

Ayant constaté des manquements permanents par les entreprises chargées d’un tel service à leur cahier des charges en matière de pluralisme et de neutralité, elle a lancé récemment une pétition qui a recueilli d’ores et déjà près de 20 000 signatures. J’ai donc le devoir de vous écrire aujourd’hui le présent courrier officiel de saisine, concernant deux incidents s’étant déroulé ce même jour du 25 février sur la chaîne publique et nationale France 2.

Le premier s’est déroulé le matin dans le cadre de l’émission « thé ou café ». La journaliste Catherine Ceylac interview l’humoriste Florence Foresti :  Question :-Avez-vous déjà souhaité la mort de quelqu’un ?

Réponse :   -Oh sincèrement je ne crois pas… Ah si, Trump ! Mais je pense qu’il va se faire descendre. J’ai décidé qu’il allait se faire descendre…

La journaliste ne contredit pas son interviewée, se contentant au contraire de sourire de manière complice et convenue.

Le second dérapage, bien plus grave, s’est déroulé lors de l’émission « phare » de la chaîne publique « On N’est Pas Couché ».

Cette fois, c’est le responsable emblématique de l’émission, M. Laurent Ruquier qui délivre lui-même le message assassin à l’endroit du président américain : « C’est quand même le seul Donald dont on aimerait qu’il soit abattu pour cause de grippe aviaire » (applaudissements)… « Notez, s’il continue comme ça, la CIA ne devrait pas tarder à lui organiser une petite ballade à Dallas » en référence aussi implicite qu’évidente à la ville où a été assassiné le président Kennedy.

Plus loin, M. Ruquier sort du registre de l’appel au meurtre pour entrer dans le domaine de l’insulte puis, plus grave encore, du racisme. « Dire de but en blanc que Trump est un con  serait, c’est vrai, réducteur. C’est pas faux mais c’est réducteur. Il est aussi incompétent, raciste, misogyne, vulgaire et menteur. »… « Les Américains, hélas, se rendent compte que le danger pour les États-Unis n’était pas les musulmans, les mexicains ou les noirs mais le gros blanc qui a été élu à la tête du pays ».

Il ne me semble pas que le fait que la présidente de France télévision ait cru devoir déplorer lors de son intronisation qu’il y ait trop de blancs sur les antennes nationales puisse être considéré comme un encouragement anti-blanc valant circonstances atténuantes pour l’un de ses employés.

Tel est donc, Monsieur le Président, le message qui a été propagé à la France et au monde (l’émission étant retransmise par la chaîne publique internationale TV5) à l’intention de centaines de milliers de téléspectateurs.

Révérence gardée, vous me permettrez tout d’abord de m’étonner que votre haute institution ne se soit pas saisie d’office de cette affaire qui a tellement troublé une partie du public que des milliers de téléspectateurs s’en sont émus. Ce qui a pu être constaté aussi bien sur les réseaux sociaux que dans des grands journaux nationaux comme le Figaro. Même le syndicat Force Ouvrière de France Télévision , soucieux du respect de la déontologie, a protesté contre les deux incidents précités dans le cadre d’un communiqué daté du mardi 28 février.

Sans approuver forcément votre jurisprudence basée sur la réaction populaire, j’ai constaté que le CSA s’était auto-saisi de certaines affaires en invoquant le trouble public, tel aurait dû donc être le cas, il me semble, compte tenu de l’émotion publique manifeste dans la présente espèce.

Quoi qu’il en soit, il ne me paraît pas possible que votre institution ne sanctionne pas sévèrement les faits que je suis contraint de dénoncer aujourd’hui. Il n’est hélas pas la peine de vous rappeler que notre pays et ses habitants ont été victimes  dernièrement d’une violence politique sans pareille. Il n’est donc pas possible de pouvoir tolérer des appels intolérables à la violence  politique ou au racisme.

A fortiori, lorsque ceux-ci sont proférés dans le cadre de l’audiovisuel d’un service public astreint à la neutralité modérée.

Je ne sais si la cause est idéologique, et je n’ai pas à le savoir, mais  c’est le service public qui semble vouloir se faire une triste spécialité d’appeler au meurtre du président américain récemment élu démocratiquement.

J’ai dû en effet, très récemment, vous désignez le cas de Pablo Mira qui a délivré sur la radio nationale France Inter un appel au meurtre de D. Trump de la même mauvaise farine. J’ai noté, dans votre réponse, que vous aviez considéré que le message criminel incriminé relevait de la liberté de l’humoriste.

Sans approuver votre décision (quand un humoriste rit toujours du même côté, il ne s’agit plus d’humour authentique), l’association que je représentais en a pris acte. Mais dans les deux cas que je défère aujourd’hui à votre Conseil, il ne s’agit plus ni d’humour ni d’humoriste :

-S’agissant de Mme Foresti, l’émission « thé ou café », dans laquelle elle s’exprimait n’est pas une émission humoristique, et elle n’y faisait pas « un numéro » d’humour, quand bien même exercerait-elle habituellement la profession d’humoriste .

-S’agissant de M. Ruquier, celui-ci n’est pas un humoriste et ne saurait être donc protégé par cet improbable statut. Plus grave, il a même accompagné son appel au meurtre d’explications circonstanciées de cette détestation de sa cible détestée .

J’ajouterai deux commentaires sans doute superfétatoires :

-l’humoriste Patrick Sébastien a fait l’objet d’une condamnation pénale pour avoir, dans le cadre d’un numéro d’humour, sur TF1, chanté une chanson intitulée « casser du noir ».

-Votre Conseil a sanctionné l’émission des Grandes Gueules sur RMC pour avoir moqué Mme Nafissato Dialo , dont il n’est pas assuré qu’elle écoute la radio française tous les jours, alors même que les participants à cette émission de grande écoute pratiquent couramment l’humour et la dérision.

Le Collectif que j’ai l’honneur de représenter attend donc que votre Conseil veuille bien enfin interdire aux préposés  du service public audiovisuel de propager des discours de haine violente dont certains esprits faibles autant que survoltés n’aspirent qu’à se saisir.

Veuillez agréer, Monsieur le président, mes salutations les plus vigilantes autant que respectueuses”

Par Gilles-William Goldnadel

Source : Valeurs Actuelles

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Rachele Boker

Merci M. Goldnadel. Il n’y a pas de no-man’s land où le cynisme de ces pseudo-humoristes ou journaleux puisse s’exprimer….

Lorsque quelqu’un pousse au crime, c’est qu’il est lui-même un assassin.

La démocratie doit être respectée. M. Trump a été élu démocratiquement, n’en déplaise à ceux qui utilisent la liberté d’expression pour faire de la démocratie leur pot d’échappement……

Danielle

J’ai l’impression que Ruquier pèse lourd, il va finir sans doute par s’excuser en faisant une pirouette.
Il va mêlé humour, excuse, ironie et lâcheté en même temps pour signifier que les « âmes sensibles » doivent se ressaisir .
Vous savez il a plus d’un tour dans son sac.
Nous verrons bien !

léa

Il n’a même pas été suspendu et il continue à sévir sur le petit écran comme si de rien n’était.

Filouthai

Très bonne lettre (si je puis me permettre) , Maitre Goldnadel, même s’il ressort de la lecture de votre courrier que le CSA a des indignations sélectives et un sens de l’humour qui est plutôt un parti pris qu’une appréciation de la force comique.
Si vous souhaitez que les personnes qui n’ont pas apprécié les appels haineux de Monseur Ruquier se manifestent, faites le nous savoir.
Et s’il vous plaît, tenez nous au courant de la réponse du CSA.

Adam

Il ne faut pas laisser passer de tels dérapages.

Dr Claude Salama

Goldnadel a raison de s’indigner et de poursuivre
Claude Salama