Chemini: « n’échevelez pas vos têtes » par Rav Dov Elbeze
La Paracha de Chemini comptabilise 16 Mitsvot. Intéressons-nous à la première qu’énonce le sixième verset du chapitre 10, la 149ème depuis le commencement de la Bible : « Rachékhème Al Tifraou – Moïse dit à Aaron, et à Eleazar et Itamar ses fils : n’échevelez pas vos têtes ».
Cette injonction faite aux Cohanim intervient suite à la mort soudaine de Nadav et Avihou, les deux autres garçons d’Aaron. C’est de là que découlera d’ailleurs l’interdit qui incombe à tout homme d’Israël de se couper les cheveux en période de deuil.
Mais ce n’est pas seulement en raison de ce drame que leur a été imposé ce commandement.
Cette prescription divine interdit en réalité aux Cohanim de pénétrer dans le Temple en ayant les cheveux longs. En effet, la croissance capillaire ne devait pas dépasser trente jours de pousse. Cette ordonnance était permanente pour le Cohen Gadol – qui se trouvait toujours dans le Temple – et ponctuelle pour le Cohen Hedyot (simple) – dont le service pouvait être irrégulier.
Rachi rapporte en effet les propos du Talmud (Moed Katan 14b) affirmant qu’avec une chevelure longue – signe ostentatoire de deuil – les Cohanim troublent la joie de Dieu. En d’autres termes, les signes de tristesse et d’affliction n’ont pas leur place dans la maison de l’Eternel car ils contredisent les messages de joie et de bonheur qu’est censé véhiculer le service divin – la pratique du judaïsme.
Cet enseignement, nous l’avons lu explicitement il y a seulement quelques jours dans la Méguilat Esther à propos de Mordekhaï, lorsque ce dernier s’était vêtu de sacs et de poussière au pied du palais d’Assuérus, suite à l’annonce du décret de Haman visant à exterminer le peuple juif (ch.4 ; v.2): « car on ne vient pas aux portes du roi habillé d’un sac »
Voici donc un message clair que nous adresse la Paracha cette semaine, nous qui sommes appelés « un royaume de Cohanim ». Elle nous invite à repenser notre attitude lorsque nous nous trouvons à la synagogue – maison de Dieu par excellence – et que nous lui offrons nos sacrifices – nos prières. Notre Mitsva consiste à mettre de coté les tracas du quotidien, et nous ressourcer dans ce lieu qui respire la sainteté et la spiritualité.
Ce n’est que dans la joie et une atmosphère positive que le recueillement peut être optimal. C’est ce que Hachem attend de chacun… un état d’esprit débordant d’espoir.
Rabbin Dov Chalom Elbeze,
JForum.fr avec raphaeldrai.wordpress.com
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