Fanny Ardant et Gérard Depardieu à Tel Aviv
Soudain, deux grandes silhouettes familières arpentent l’immense plateau de l’Opéra de Tel Aviv. Un public à la fois russe, français et israélien s’est précipité dans cette majestueuse salle pour apprécier l’occasion rare de voir Fanny Ardant et Gérard Depardieu sur scène, jouer « la Musica, deuxième », une pièce de Marguerite Duras qui raconte les retrouvailles fortuites et nocturnes d’un couple séparé, sur le point de divorcer.

Face à face, l’homme et la femme, incarnés par ces deux monstres sacrés du cinéma français, vont profiter de cette rencontre accidentelle pour essayer de donner, enfin, un sens à leur séparation. Tenter de comprendre le destin, si commun, de deux êtres qui s’aiment et que le poids du ressentiment et l’incompréhension mutuel finissent par éloigner.

Au fil de cette conversation intime et touchante, elle et lui se redécouvrent et révèlent les secrets qui ont empoisonné la fin de leur relations. Mais la distance qui les sépare de leur rupture leur permet de se dire les choses en face, de façon apaisée.

Par la voix chaude et sensuelle de Fanny Ardant, la femme avoue l’avoir trompé à l’époque, non sans avoir ressenti un profond déchirement. Gérard Depardieu, qui dans sa simplicité, passe avec virtuosité de la vulnérabilité à la fulgurance, raconte avoir aussi eu une aventure avec une fille de passage, et que c’était tout bonnement « simple et bien ».

« Ils comprennent chacun que l’autre est allé chercher cette folie du premier jour avec une autre personne, sans que l’amour ne cesse. C’est très triste de l’entendre dire. Mais c’est sauvé par l’idée que ça pourrait recommencer », expliquait Fanny Ardant lors d’une conférence de presse donnée la veille du spectacle.

Au petit matin, ils comprennent qu’ils sont liés l’un à l’autre pour toujours et que finalement, aucun des obstacles qui auront troublé leur vie commune n’aura eu raison de cet « amour fou qui ne s’arrête pas ».

Pour celle qui fut la muse de François Truffaut, « le génie de Duras et de cette pièce, c’est de mettre des mots sur les peines de cœur (…) On peut voyager partout dans le monde avec ce spectacle parce qu’une des choses qui relient tous les êtres humains, ce sont les chagrins d’amour ».

Gérard Depardieu rend lui aussi un hommage plein d’aplomb à l’écrivain, qui a été son amie, qui lui offert certains de ses premiers rôles au cinéma, et qui, selon l’acteur a simplement « toujours raison ». Cette pièce de « celle qui réussit à faire parler les silences », fait partie des textes de Duras « sur des femmes en mal d’amour ou qui sont blessés par un amour ».

Deuxième collaboration en Israël

Ce spectacle consacre aussi les retrouvailles de Fanny et Gérard, amis depuis leur première collaboration dans La femme d’à côté (1981) de François Truffaut, et qui travaillaient ensemble en Israël pour la deuxième fois après leur apparition dans le film Hello Goodbye (2008) de Graham Guit dans ils jouaient un couple qui décide de faire son alya.

Israël. « Un pays où je ne suis venue que pour travailler, jamais en tant que touriste », rappelle Fanny Ardant. « Quand on travaille dans une ville, on en fait partie. Ma vision d’Israël, c’est comme si je revenais de temps en temps à la maison », explique-t-elle avec cette élégance inaltérable qui la singularise.

A i24NEWS, elle raconte ses souvenirs d’Israël au moment de la guerre des Six jours en 1967. « J’ai adoré ce pays comme ça, cette ferveur. Après cette guerre, il y avait quelque chose de lyrique ».

Depardieu dit « aimer beaucoup Israël », un pays avec « une certaine qualité de vie », où les sensations y sont « fortes », et salue les Français qui se sont installés ici, ou qui vivent entre les deux pays. « Je les envie d’avoir un endroit où ils peuvent retrouver leur culture ».

Pourtant, la venue des deux acteurs à Tel Aviv était organisée par des membres de la communauté russe d’Israël qui compte près d’un million et demi d’âmes.

Devenu citoyen russe il y a quelques années, Gérard Depardieu est aussi une icône au pays des tsars, et il le lui rend bien. « La Russie, je la porte en moi », martèle l’acteur. « J’ai un vrai cœur pour la Russie et les Russes. Nous avons joué la Musica dans plusieurs endroits en Russie, en Sibérie, on connait les petits villages, et on s’y sent très à l’aise ».

Au vu de l’accueil que leur a réservé le public de Tel Aviv ce week-end, on ne peut guère douter qu’Israël a maintenant aussi sa petite place dans le cœur de ces deux légendes du cinéma français.

Jérémie Elfassy est journaliste pour le site internet d’i24NEWS en français.

Interview réalisée par Oriane Cohen

Source : I24 News

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francisko

Un article qui me parle pas mal !

 » La femme d’à coté « , un film de mes jeunes années estudiantine, susurré, plein de passions, il faudra que je le revoie, certaines effluves non sans rappeler la galaxie Robert Hossein  » les uns et les autres », le professionnel »…

2008 ans plus tard, j’ai emmené ma dulcinée à « Hello Goodbye » , c’était mon actualité présentée comme une surprise et un programme : elle m’a quittée depuis !

Et maintenant une piece de théâtre, ou les séparés ramassent les morceaux. Comme dirait Brassens  » Parlez-moi d’amour et je vous fous mon poing sur la gueule, …sauf le respect que je vous dois ! «