Les traces d’une présence juive sur les côtes méditerranéennes de l’Afrique remonte à la haute Antiquité. Elle précède d’au moins neuf siècles la conquête arabe et l’islamisation de l’Afrique.
On retrouve les premières traces d’une présence juive à Carthage (aujourd’hui la banlieue de Tunis), ville fondée par les Phéniciens au VIIe siècle avant J.-C.
Quatre siècles plus tard, cette cité portuaire florissante devient une rivale de Rome en termes de commerce, de richesse et de population. Non loin de Carthage, les juifs de Djerba arrivent au VIe siècle avant J.-C., fuyant la Judée après la destruction du Premier temple par Nabuchodonosor.
C’est en 586 avant J.-C. à Djerba, où quelques milliers de juifs trouvent refuge, que commence la construction de la plus vieille synagogue du continent africain (la Ghriba).

Les juifs arrivent à Carthage avec les Phéniciens… et les Romains
Des mosaïques représentant des chandeliers à 7 branches (symbole du judaïsme) ont également été découvertes dans une villa (lors de travaux de voirie) à 110 km au sud de Tunis. Selon les archéologues, ces vestiges constituent une preuve supplémentaire d’une présence juive dans la région de Cap Bon entre le IVe et le Ve siècle avant J.-C.
Le premier compte-rendu historique évoquant la présence de juifs dans une région à l’ouest de l’Egypte apparaît dans l’œuvre de Flavius Josèphe. L’historiographe romain écrit dans La guerre des juifs qu’au IIIe siècle avant J.-C., 100 000 juifs furent déportés d’Israël en Egypte. De là, ils se rendirent en Cyrénaïque (est de la Libye actuelle) et probablement plus à l’Ouest.
Dans ces régions, ils « côtoyèrent » durant plusieurs siècles les populations berbères, qu’ils ont parfois même judaïsées. Cette population « judéo-berbère » longera l’Atlas saharien pour finalement se fractionner et se fixer au Mzab, au Touat, Tafilalet, Dra’ et Sous (sud algérien et marocain d’aujourd’hui).
A partir du IVe siècle, le christianisme devient religion de l’empire romain. Il relègue dès lors le judaïsme au nord et au sud de la Méditerranée. Cependant, des communautés juives subsistent dans les périphéries de l’empire.
Saint Augustin témoigne de la présence juive au Maghreb
Tertullien, puis Saint Augustin, témoignent à plusieurs reprises de la présence juive au Maghreb, dans de grandes discussions théologiques et liturgiques qui les opposent au judaïsme au sud de la Méditerranée (mais qui les rapprochent aussi face « aux païens »).
Ils évoquent notamment dans leurs écrits « le prosélytisme juif » (de cette époque) envers les Berbères « qu’ils judaïsent en masse ».
Ces judéo-berbères et ces chrétiens opposeront par la suite une farouche résistance à l’envahisseur arabe. Ibn Khaldoun, le grand historien arabe du XVe siècle, relate que « lorsque les armées venues d’Arabie ont pénétré en pays berbère, de nombreuses tribus berbères étaient influencées par le judaïsme. (…) Une partie des Berbères pratiquait le judaïsme, religion qu’ils avaient reçue de leur puissants voisins, les israélites de la Syrie. Parmi les Berbères juifs, on distinguait les Djeroua, tribu qui habitait l’Aurès et à laquelle appartenait la Kahina, femme qui fut tuée par les Arabes à l’époque des premières invasions (VIIe siècle). »
Les tout premiers habitants juifs du Touat et Gourra (situées à la frontière algéro-marocaine) seraient arrivés plus tard, au IXe siècle, en provenance de Mésopotamie. La réalisation de foggaras (canalisations d’eau souterraines qui évitent l’évaporation) au Touat en témoigne, selon les archéologues.
C’est également par la littérature talmudique, que les historiens peuvent aujourd’hui retracer les différentes communautés juives dispersées autour de la Méditerranée. Les rabbins sont engagés dans des correspondances et des discussions juridiques et religieuses qui traversent l’ensemble du Maghreb.
Les Almohades détruisent le judaïsme maghrébin
En 1147, les Almohades s’emparent du Maghreb et de l’Andalousie et sont sans pitié envers ceux qui refusent de se convertir à l’islam. Ils ne leur laissent le choix qu’entre la conversion à l’islam et la mort, ce qui, après un siècle de persécutions, entraîne la disparition de nombre de communautés juives.
Les grandes villes comme Kairouan sont alors interdites aux juifs, qui se réfugient dans les régions isolées.
Le rabbin Abraham Ibn Ezra (1092-1167) originaire de Cordoue énumère, après une longue traversée de l’Afrique du Nord, l’étendue du désastre qui frappe les juifs de Kairouan, Sfax, Gabès et Meknès, massacrés juste avant ceux de Fès et Marrakech.
« Avant la destruction de sa communauté juive par les Almohades vers 1150, Sijilmassa, située dans le Tafilalet au carrefour des caravanes, était un centre important de la civilisation juive. (…) Une cité de sages et d’études talmudiques qui maintenait une correspondance avec les Yéchivas de toute la Méditerranée », relate le rabbin andalou. Au XIIe siècle, le judaïsme maghrébin manque de disparaître.
Hassan el-Wazzan, dit Léon l’Africain, de passage dans le « sud algérien », annonce que l’aventure du petit royaume juif saharien du Touat a été brutalement interrompue en 1492 par un prédicateur musulman venu de Tlemcen, scandalisé de voir à Tamentit des « juifs arrogants » auxquels n’est pas appliqué, comme dans le reste du Maghreb, le statut (infamant) des dhimmis (minorités du Livre soumises aux vexations et à la dîme). Ce prédicateur ordonne la destruction des synagogues de Tamentit et le massacre des juifs, promettant 7 mithqals d’or par tête de juif assassiné.
Les rares rescapés se partageront entre une adhésion à l’islam et un exode massif à travers le Sahara, tant vers le Nord que vers le Sud… Certains, chrétiens persécutés compris, se réfugieront en Castille et en Aragon, en Sicile, d’autres sans doute dans la région de Tombouctou (actuel Mali).
Le judaïsme revit en Afrique du Nord grâce à l’arrivée massive des juifs espagnols et portugais, chassés par les persécutions de l’Inquisition, sur les côtes du Maroc et d’Algérie.
Ce qui reste des communautés juives du Maghreb sera grossit par ces expulsés d’Espagne et du Portugal, entre les XVe et XVIe siècles. Les familles portant les noms de Toledano, Cordoba, Berdugo témoignent de ces racines ibériques.

Les juifs expulsés d’Espagne sauvent le judaïsme nord-africain
Cette élite érudite d’éducation andalouse finit par imposer sa suprématie culturelle et économique aux juifs du Maghreb. Parlant plusieurs langues, ces négociants sont en contact avec les autres ports de la Méditerranée.
Ces juifs espagnols se distinguent parfois des juifs « indigènes », comme à Tunis, où ils forment une communauté à part. En Tunisie, on retrouve les familles Lumbroso, Cartoso, Boccara, Valensi venues pour la plupart de Livourne, en Italie.
Des quartiers juifs séparés existent un peu partout au Maghreb, notamment au Maroc (mellah). En passant à la fin du XVIe siècle sous l’administration ottomane de Souleymane le Magnifique, les choses iront alors un peu mieux pour les juifs du Maghreb.
La colonisation française à partir de 1830 finit de détacher les juifs de leurs voisins musulmans. La « France des Lumières et républicaine », plus protectrice que l’islam, libère les juifs de leur statut inférieur (dhimmis) de servitude.
Le décret Crémieux accorde la nationalité française aux juifs d’Algérie en 1870. Désormais français, ils vont combattre durant la guerre de 14-18 aux Dardanelles ou au Chemin des dames.
La fin d’une histoire
Beaucoup quittent le Maroc et la Tunisie en 1948 pour Israël, d’autres préfèrent le Canada ou les Etats-Unis. La plupart des juifs d’Algérie seront « rapatriés » en France métropolitaine où ils n’ont, le plus souvent, jamais mis les pieds.
Les derniers contingents seront « chassés » par les indépendances algérienne, marocaine et tunisienne dans les années 60. Moins de 5000 juifs vivent aujourd’hui au Maroc, en Algérie et en Tunisie… Ils étaient encore près de 700 000 dans les années 50.
Ce judaïsme nord-africain a aujourd’hui quasiment disparu. Il survit encore dans la tête de quelques témoins vivants. Comme le disait Paul Valery, « nous savons que les civilisations sont mortelles ».
La vieille culture juive du monde arabe est sur le point de s’éteindre définitivement.
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Bonjour.
« Des mosaïques représentant des chandeliers à 7 branches (symbole du judaïsme) ont également été découvertes dans une villa (lors de travaux de voirie) à 110 km au sud de Tunis. Selon les archéologues, ces vestiges constituent une preuve supplémentaire d’une présence juive dans la région de Cap Bon entre le IVe et le Ve siècle avant J.-C. »
« entre le IVe et le Ve siècle avant J.-C. »: c’est soit « entre le IVe et le Ve s. de l’ère chrétienne (après J.-C.) », soit « entre le Ve et le IVe s. avant l’ère chrétienne (avant J.-C.) ».
S’agissant des mosaïques que vous décrivez, elle ne peuvent dater qu' »entre le IVe et le Ve s. de l’ère chrétienne (après J.-C.) ». Donc mal placées dans votre développement historique.
@Asher
Quels étaient les rapports de la majorité des Juifs vis à vis de l’OAS ?
J’ai un ami originaire de Mostaganem qui me racontait que certains Juifs étaient démarchés et subissaient des pressions pour les rejoindre et monter des attentats .
Malgré ces rapports ambigus ou forcés y avait il de l’antisémitisme chez les dirigeants de l’OAS ? Je pense à certains qui se sont réfugiés en Espagne et autres .
@Bonaparte
L’OAS Algérie-Sahara avait comme Haut-Commandement Salan à Alger, Jouhaud à Oran et Chateau-Jobert à Constantine. Durant la guerre 39-45, Salan avait été le commandant de la Résistance sur la Région de Marseille et Jouhaud sur Bordeaux. En 1956, pour la campagne de Suez, Jouhaud, alors chef d’état major de l’Armée de l’Air, a livré à l’Hey’l Haavir israélienne 24 avions Mystères iV, produits en France sous financement US. Chateau-Jobert, dit Conan, avait débarqué à Port-Saïd avec ses hommes et fait la jonction avec les forces israéliennes. Les méthodes utilisées par l’OAS ressemblaient fortement à celles pratiquées par l’Irgoun et le Lehi en 1946-47 en Palestine. Salan était un grand républicain et franc-maçon. Il serait donc très difficile de prétendre dans ces conditions que Salan, Jouhaud et Chateau-Jobert auraient pu être antisémites, ils étaient-mêmes plutôt philosémites. Ben Gourion ne voulait pas de pogrom Juif en Algérie et il semble que c’est Shamir, ancien du Lehi et chef du Mossad, qui s’est occupé de mesures sécuritaires. Il y avait à Oran une OAS Juive, probablement armée et encadrée par des militaires israéliens, qui n’intervenait que dans un but de sécurité des Juifs. C’était un milieu très fermé et le Général Jouhaud n’avait, je crois, qu’un correspondant avec cette branche. Jouhaud a précisé dans ses écrits que ses meilleures opérations avaient été réalisées par des Juifs. A son procès de mai 1962 Salan avait aussi mentionné qu’il s’était soucié de la sécurité des Juifs. Les dirigeants militaires qui ont ensuite succédé à Jouhaud, le Général Gardy et les colonels, n’étaient pas non plus antisémites. Par contre, parmi les civils il a pu y avoir des antisémites, Oran avait été une ville giraudiste en 1943. Pour ma part, enfant à Oran, je n’ai jamais croisé d’OAS civil antijuif. Pour Alger, je ne m’avance pas. Le capitaine Pierre Sergent avait écrit qu’on ne pouvait-pas accuser l’OAS de fascisme « puisque le Judaïsme Algérien lui était associé ». Pour Mostaganem je ne sais pas, mais il faut comprendre que toute la population française des villes était susceptible de servir l’OAS qui faisait régner la terreur nécessaire à la guerre. Je pense que même s’il y avait quelques Juifs pro-FLN, plutôt sur Alger, sur Oran la majorité des Juifs soutenaient l’OAS.
Maintenant l’OAS Métropole était une autre affaire. Il y avait des réseaux dans toutes les régions de France comprenant des pétainistes antijuifs surtout revanchards contre De Gaulle. Etant à Oran, je ne savais pas ce qu’il se passait en France. Par contre, à son procès de 1964, le capitaine Curuchet, dirigeant de l’OAS Ile-de-France, a révélé une grande connaissance du système des moshavim israéliens qu’il voulait appliquer à l’Algérie. Dans son livre « Et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine » Martinez affirme qu’en juillet 1962, Israël aurait récupéré « des milliers de pieds-noirs, Juifs et non-Juifs, recherchés par toutes les polices de France et la Cour de Sûreté de l’Etat ». Enfin, quand en 1963 un journaliste a soutenu devant des millions de téléspectateurs que Bastien-Thiry aurait-été antisémite, son domicile a été plastiqué. Je n’ai jamais trouvé de mesures antisémites dans le projet politique, ni dans les tracts OAS, par contre en février 1960, Guy Mollet avait déclaré que « les Juifs d’Algérie ne faisaient-pas partie de la communauté française ».
Je pense que pour faire la vérité historique sur les rapports entre l’OAS et les Juifs il faudrait travailler sur les archives israéliennes en hébreu.
Encore merci Asher pour cet éclairage sur les relations entre les Juifs et l’OAS .
Je ne suis pas étonné pour les grands généraux que furent Salan et Jouhaud , je pensais surtout aux français moyens héritiers de Vichy .
J’ai constaté en Tunisie par exemple l’antisémitisme de beaucoup de français en particulier chez certains viticulteurs , dans certaines familles de militaires . En fait dans tous les milieux .
Un exemple :
En 56 aprés l’indépendance un français qui se rendait à l’aéroport avec sa famille pour quitter définitivement la Tunisie nous avait traité mes amis et moi alors que nous jouions dans la rue de » sales Juifs » .
Je me souviens on avait caillassé sa voiture , il ne nous a jamais rattrapé .
Ce type habitait dans notre quartier , on ne l’avait jamais remarqué .
Cela je ne l’ai jamais oublié .
Shabbat Shalom Asher .
COMMENT CONTREDIRE UN PARENT !!!!!
Ne pas oublier que les juifs d’Algérie ont aussi fait partie des contingents à monter au front en 1939-40. Mon père a passé 5 ans de captivité en Silésie
Les juifs d’Algérie ne sont venus en France, pour la plupart, qu’en 1962
@Soliloque
Mon Grand-Père, classe 1890, avait effectué le service militaire en 1910, et en 1914 il a été mobilisé en application de l’infâme Décret Crémieux et envoyé sur le front de la Belgique, puis à Salonique pour l’offensive désastreuse des Dardanelles (Galipoli), tout cela pour une guerre intra-européenne qui ne nous concernait pas en tant que Juifs. Et il en a repris une dose en étant remobilisé dès septembre 1939, pour ensuite se faire retirer la nationalité française et aryaniser ses entreprise et ses biens dès octobre 1940, quel remerciement!. En revanche, dès novembre 1942, mon Père combattait en uniforme Anglo-Saxon, contre la France alliée de l’Allemagne, et dont Roosevelt en avait fait annoncer l’Amgot à Alger le 1er mai 1943. Cette fois-ci, c’était notre guerre en tant que Juifs. Une fois démobilisés après 1945, les Juifs d’Algérie voyaient la France dans un état lamentable et n’en voulaient pas, ils préféraient redescendre en Algérie et laisser ce pays « pour les boches ». De toutes manières, si en 1962 Ben Gourion avait décidé de rapatrier, cette fois-ci réellement, 120.000 Juifs d’Algérie en Israël, il n’en serait quasiment-pas entré en France. Le passé est écrit dans la pierre et ne peux pas être effacé.
Je suis désolé pour votre grand-père.
Cependant ce n’est pas le décret Crémieux qui était infâme. Il procurait aux Juifs un statut de citoyen, lequel leur ouvrait l’accès à toutes les professions, et les introduisait dans l’une des civilisations les plus progressistes connues. Les Ashkénases auraient bien aimé être traités de la sorte dans toute l’Europe. La situation de ceux qui étaient Allemands ou Autrichiens était également enviable, malgré l’antisémitisme qui était inhérent aux pays christianisés, avec des nuances pourtant.
A l’époque, la guerre 14-18, à concerné les citoyens de tous les pays parties prenantes. Vous ne pouvez pas dire qu’il s’agissait d’une « guerre intra-européenne qui ne nous concernait pas en tant que Juifs ». C’est vouloir le beurre et l’argent du beurre pour faire court. Aussi horrible et même infâme qu’ait été cette guerre, tous les citoyens en ont souffert.
Ce qui est infâme c’est l’évolutions des événements qui ont facilité l’explosion de l’antisémitisme dans tous les pays d’Europe. Toutes les valeurs de civilisation ont été balayées. Mon grand-père qui n’était pas Français encore (arrivé en 1935, n’a pas eu le temps) s’est engagé volontairement en 40. Ensuite; caché dans les Pyrénées avec toute sa famille immigrée, il a contribué à la Résistance. Il se battait contre ce qui l’avait fait fuir avec toute sa famille: La barbarie antisémite de l’Europe de l’Est et la pauvreté qui l’accompagnait. Lui et ses semblables n’étaient pas en position de choisir de rejoindre l’Angleterre. C’est vrai, il a reçu 3 médailles: Engagé Volontaire Etranger, l’étoile jaune et, heureusement, la médaille de la Résistance. Au moins, votre grand-père et le mien étaient des Juifs aussi libres que les époques le permettaient. La France qui a intégré votre grand-père et permis au mien de trouver un refuge et d’être reconnu combattant pour la France bien qu’étranger, et celle qui a spolié le premier et a « concentré » (heureusement avant la collaboration totale ce qui lui a permis de s’évader) et décoré de l’étoile jaune le second, n’étaient pas la même. Malheureusement, ces époques ont été celles des deux guerres les plus affreuses de l’Histoire de l’Humanité, de par leurs moyens léthales jamais égalés auparavant. Bien cordialement.
@Gerald Finkielsztejn
Le Décret Crémieux a été imposé aux Juifs d’Algérie comme le montrent clairement les résultats du Sénatus-Consulte de 1865. Cette décision n’a pas été prise pour les beaux yeux des Juifs, mais pour des motifs politiques parfaitement logiques dans l’intérêt de l’occupant: selon Hannah Arendt, augmenter le nombre de citoyens français en Algérie, dans le cadre du programme Algérie Française décidé en 1870. Il a immédiatement entrainé la création des premières ligues antisémites et même les pires antijuifs de France type Drumont se sont faits élire à Alger (comme Max Régis d’ailleurs). Au moment de l’Affaire Dreyfus, l’antisémitisme est plus violent en Algérie qu’en France et si après 1900 Clémenceau ne devient pas Président du Conseil, les Juifs sont tous expulsés d’Algérie comme le demandait Bugeaud dès les années 1840, et Thiers en 1870. Rappelons que dès leur arrivée en Algérie en 1830, les français prennent tous les pouvoirs, politique, économique, mais aussi intellectuel et même spirituel. Ils pénètrent dans les communautés, contrôlent l’éducation, les cultes, imposent leur langue et leur culture, soumettent les Juifs à des impôts supplémentaires pour entretenir les troupes d’occupation, et leurs imposent la nationalité française, avec un statut de sujet donc inférieur, par une ordonnance royale d’Août 1834. De 1830 à 1870, les Juifs d’Algérie vivent sous un statu d’inégalité de droits et une situation bien pire que la dhimmitude antérieure. Il y a eu tentative de christianisation du Judaïsme Algérien, et si dès juillet 1830 des Juifs d’Alger sont partis à Livourne, dès 1840 des Juifs s’enfuient pour la Palestine (voir le tableau de Pitts). Je rappelle que jusqu’en 1834, les négociants Juifs d’Oran ont des passeports britanniques et n’ont donc pas besoin de nationalité française. Ensuite la 2de République de 1848, où siégeait l’infâme Crémieux, n’a pas reconnu l’égalité de droits aux Juifs d’Algérie, contredisant ainsi ses propres valeurs. Nous n’avons jamais eu besoin de la « culture européenne », notre culture avait des siècles d’avance sur les païens, et sans notre Rationalisme développé par Philon, Saadia Gaon, puis Rambam, l’Europe n’aurait-été qu’un continent de barbares. En 1870, les Juifs du Maroc présents en Algérie sont partis pour ne pas être pris au piège. La guerre de 1914-18 n’était pas notre guerre, nous n’avions donc pas à y faire tuer 3000 des nôtres, pour les intérêts de nations étrangères. Si les Askénazim de Pologne, Russie, Allemagne, Autriche-Hongrie, etc., voulaient s’entretuer en combattant pour des nations étrangères, c’était leur choix, mais cela n’avait-pas à être le nôtre. Comme le rappelait Moshe Hess en 1860: col Israël arevim ze-la-ze. Après 1945, des centaines de milliers de Juifs vivaient dans des camps de personnes déplacées et refusaient catégoriquement de vivre en Europe avec laquelle ils voulaient « débrancher la prise électrique ». A l’inverse les Juifs de France et d’Algérie restaient vivre en France et en Algérie demandant encore plus de persécutions à la mode vichyste. En quoi en 1945 la France de Thorez le déserteur et du minable De Gaulle, était-elle différente de celle de vichy?
@ Merci Asher pour toutes ces informations .
Un article de Messieurs Chemla et Sitbon qui s’étaient intéressés à l’histoire des Juifs tunisiens et qui refléte votre analyse .
http://www.chemla.org/lhistoire-des-juifs-de-tunisie/
Correction :
» Un article inspiré du livre de Robert Attal et Claude Sitbon » .
Scusi .
Merci Asher pour toutes ces précisions toujours aussi intéressantes et enrichissantes .
Moi qui ai passé durant mon enfance et tous les étés dans cette région , je rajouterai simplement ceci :
Dommage que Carthage fut détruite .
Que de richesses nous aurions découverts .
Peut être une présence Juive ?
En face des Thermes d’Antonin se trouvent le Palais beylical et plus loin le Palais du Président .
Et sur les hauteurs de Carthage se trouve la Cathédrale-Saint Louis construite en 1884 en l’honneur de Louis IX à l’endroit où il mourut de la peste .
Carthage est magnifique , pour moi c’est qu’il y a de plus beau et de plus lumineux en Tunisie .
Insuffisant pour un Juif .
@Bonaparte
Fondamentalement, Juif désigne, au départ un membre de la Tribu de Juda, puis un membre du royaume de Judée. Il y avait dans l’Antiquité des communautés « judaïsantes » mais qui n’étaient pas Juives au sens strict. C’est peut-être le cas de tribus berbères qui avaient adopté, mais incomplètement, certaines pratiques Juives, mais n’étaient pas Juives, comme de nombreux courants au Moyen-Orient. On n’a trouvé, à ce jour, aucune inscription, aucune ostraca, aucun texte, aucun signe de non-consommation de porc, ni la moindre preuve archéologique d’une présence Juive à Carthage, à fortiori vers -800. Ensuite, la construction du 1er temple de Jérusalem n’est pas le fait de Salomon. Si après -586 des Juifs de Judée étaient partis pour Djerba avec un fragment de ce temple, ils n’auraient plus fait partie de la Nation Juive telle que l’ont définie les sages en exil à Babylone, et n’auraient plus reconnu l’unicité du Temple de Jérusalem. Mme Hadas-Lebel qui connait bien ces questions et de plus est d’origine tunisienne, soutient que les premiers Juifs au Maghreb arrivent à l’époque romaine. De toutes manières, avant Yavné et le Judaïsme Rabbinique, on ne peut pas parler de Judaïsme, et peut-être même pas de synagogues, au Maghreb, donc je ne vois pas comment la Griba de Djerba pourrait-être reliée au Judaïsme Rabbinique si elle lui était antérieure? Je n’ai pas de grandes connaissances sur l’Histoire des Juifs de Tunisie, mais je pense qu’il y a eu de nombreux mythes construits.
Très discutable de parler de diasporas Juives, autre que la Babylonie après la chute de Jérusalem de -586. La réforme de Josias avait déjà imposé l’unicité du Dieu, Yawhé, et l’unicité du temple, celui de Jérusalem, donc une présence Juive, d’origine Judéenne, à Carthage ou Djerba, avant ou après -586, serait bien douteuse. La Nation Juive a été reprécisée durant l’Exil Babylonien, donc n’en faisaient pas partie, ni ceux restés en Judée après la chute de Jérusalem, ni de prétendues diasporas d’AFN, d’autant que le second temple a été inauguré par la célébration de Pessah en -516. Même la colonie d’Eléphantine en Egypte était exclue de la Nation Juive puisqu’elle avait son propre temple. Maintenant à l’époque héllénistique, un Ptolémée Soter a déporté 100.000 Juifs de Judée en Egypte, Alexandrie puis la Cyrénaïque, mais dans tous les cas on ne retrouve aucune trace de Juifs au Maghreb avant la fin de l’époque romaine, 4ième siècle. Ensuite , il est probable que suite aux persécutions Almohades, le Maghreb Central ait été judenrein, totalement vide de Juifs, aux 12ième et 13ième siècles, et donc après 1391, Ribach, Rachbatz et Ankaoua, aurient refondé le Judaïsme Algérien à partir de zéro. Donc, la notion de Juifs indigènes, Toshavim, distingués des Mégorashim, exilés, est discutable. En 1830, les Français découvrent dans la Régence d’Alger, au plus 18.000 Juifs, vivant exclusivement dans les grandes villes, et qui n’ont probablement aucun lien avec les Juifs présents au Maghreb au 4ième siècle. Ce sont des Séfarades, ayant des liens avec Livourne, les Balkans, la Méditerranée orientale, le Portugal, Biarritz, la Hollande, L’Angleterre et ses colonies, l’Europe Centrale et de l’Ouest, les Amériques du Nord et du Sud, etc.. et très peu avec la France ou l’Espagne. La France antisémite des « Lumières » ne les intéresse pas. En 1870, on leur a imposé une nationalité française dont ils ne voulaient-pas, avec les conséquences en 1914-18 où 3000 d’entre-eux périront pour une cause qui ne les concernait-pas. Moins de mille Juifs du Maghreb ont émigré en Palestine de 1880 à 1948 et en 1962, 120.000 Juifs d’Algérie, paumés et manipulés par 130 ans de colonisation française, sont entrés dans la métropole colonisatrice.
Et les Zouaves d’Afrique Noire, cela les concernait, eux qui n’étaient pas Français.
Sinon, globalement il y a des imprécisions sur vos références historiques.
Que Salomon ait existé ou non (c’est encore discuté mais la première possibilité est de plus en plus en plus assurée par l’archéologie en Israël), les textes nous disent qu’il y avait une forte entente entre le roi de Juda, Salomon, et celui de Tyr, une des deux plus puissantes cité-Etat phénicienne, Hiram. Il y avait des échanges et c’est Hiram qui a procuré les architectes et maçons, et surtout le bois de cèdre, pour construire le Temple. Cela ce situait environ 150 ans avant la colonisation de la Tunisie d’aujourd’hui et la fondation de Carthage par Tyr. Il n’y a rien d’invraissemblable à suggérer que les Judéo-Israélites (le Royaume des Israélites du Nord a disparu en 722 av. JC, conquis par les Assyriens) se soient en partie réfugiés dans un « Nouveau Monde » découvert par leur allié. Une autre chose est d’en trouver des preuves archéologiques qui résoudrait la question autrement que par les textes.
Il y a une erreur dans l’article: « Des mosaïques représentant des chandeliers à 7 branches (symbole du judaïsme) ont également été découvertes dans une villa (lors de travaux de voirie) à 110 km au sud de Tunis. Selon les archéologues, ces vestiges constituent une preuve supplémentaire d’une présence juive dans la région de Cap Bon entre le IVe et le Ve siècle avant J.-C. »
Ce type de mosaïques datent de l’époque Romano-Byzantine (comme en Israël aussi d’ailleurs), et donc datent « entre le IVe et le Ve siècle APRES J.-C. [Quand on parle d’avant JC, ont dit « entre le Ve et le IVe siècles »]. [Je suis retraité de l’Autorité Autonome des Antiquités d’Israël. Pendant mes études, j’ai enseigné dans le cadre des 2 premières années du Deug des Etudes sur le Judaïsme, créé à Paris I Panthéon-Sorbonne par le regretté Prof. Mélèze-Modrzejezski. Mireille Hadass Lebel enseignait l’Histoire et moi-même l’Archéologie de l’Epoque du Deuxième Temple] Bien cordialement.
Je ne réponds pas sur la question des mobilisations forcées de gens d’Afrique Noire en 14-18 parce que ce serait du faux débat.
L’historicité de Salomon n’est pas mise en doute actuellement, mais on n’a aucune trace objective d’un royaume unifié panisraélite uni d’autant que le texte biblique concernant Salomon continue à mentionner Israël et Juda. De toutes manières on n’a toujours aucune trace d’un royaume Juif allant de l’Euphrate à l’Egypte, et même certains voient le royaume de Salomon en déclin par rapport à celui de David.Ensuite on ne retrouve aucune trace des monuments attribués à Salomon bien qu’il n’y ait aucune raison de douter qu’il ait construit à Jérusalem un temple pour Yahweh, et bien inférieur à la description biblique. Mais surtout l’existence d’un commerce maritime effectué en accord avec le roi de Tyr n’est guère plausible, à fortiori pour un royaume ancré sur les hautes terres, le premier port Judéen attesté par les archéologues étant daté du 8ième siècle. B.C.E.
Maintenant, je ne crois pas du tout à l’existence d’une diaspora Juive à Carthage vers -800, ni même -586. Des études ont été réalisées concernant la colonie « Juive » d’Eléphantine à partir de centaines de papyrus et ostraca en araméen. Ils vénéraient certes Yahweh, mais avaient aussi d’autres divinités syncrétiques. Le chapitre de Jérémie 44 est très clair et précise; Melechet-Ha-shamayim, la Reine des cieux. Les « Juifs » d’Eléphantine ont construits différents temples locaux pour ces dieux, à la différence des déportés à Babylone. Les déportés « contraints » à Babylone n’étaient pas les supposés émigrés « volontaires » en Tunisie. Dans tous les cas, après le retour de l’Exil Babylonien, les émigrés volontaires de Tunisie seraient rapidement revenus à Jérusalem. Curieusement, il n’y a pas la moindre preuve d’une présence Juive à Carthage, ni des textes hébreux, ni même dans des textes non-Juifs( Romains ou Phéniciens) pas le moindre vestige archéologique, etc.. pas le moindre vestige de monument, ni ostraca, ni funéraire, … La position de Mme Hadas-Lebel qui affirme l’absence de Juifs en AFN avant l’époque romaine ne fait que le confirmer. A cela, j’ajoute qu’il y a de fortes probabilités qu’après les persécutions almohades, l’AFN soit restée vide de Juifs pendant au moins un siècle, ce qui signifie qu’après le 13ième sicècle les Juifs d’AFN n’ont pas de lien direct avec ceux de l’époque romaine. Avancer des titres ne donnera pas plus de force à ses arguments, ce qui compte ce sont les faits et la logique.
« Le décret Crémieux accorde la nationalité française aux juifs d’Algérie en 1870. »
L’effet grossissant habituel dès que les Juifs sont évoqués aura occulté les autres décrets relatifs aux autres minorités d’Algérie, dépendance alors qualifiée de « département français », minorités qui profiterent, elles aussi, peu ou prou.
Tous les Juifs algeriens ne sont d’ailleurs pas partis.
Syndrome de Stockholm…
Encore 2,voire 3 générations pour qu’ils se bougent de cette léthargie, affection qui touche de nombreuses communautés juives au milieu des Nations_aujourd’hui encore_où elles pensent se sentir à l’aise.
Le Message demeure actuel :
» Vous serez un peuple de prêtres _mamle’het Cohanim_ à travers les Nations »
Une sorte de Missionariat sans recherche de conversion au judaïsme, et professant l’observance du Monothéisme et l’obéissance aux 7 lois noa’hides, _de Noë_ partout dans le Monde.
Certes, ce nomadisme spirituel séduisit l’esprit mercantile, puisque, nomade, nous y vendions les sciences et les produits, en chemin. Mais quand cela prend la place de la première cause,…
On notera qu’à chaque fois que les Juifs ont relégué cette mission au secondaire, les ennuis ont commencé…
Tel est la finalité de la Diaspora.