Alors que François Fillon demande au Parquet national financier de se dessaisir de l’enquête, Aurane Reihanian remarque que la justice est aujourd’hui instrumentalisée par le pouvoir politique et n’est plus rendue au nom du peuple français.


Aurane Reihanian est doctorant en Droit et président du think tank «Le LaB LR».


A l’heure où l’affaire dite du «PenelopeGate» bat son plein, la défiance des citoyens à l’égard de la justice n’a jamais été aussi importante. Toutes les études d’opinion révèlent que 75% des français considèrent que leur système judiciaire fonctionne mal.

La temporalité et la célérité de l’enquête ne font nul doute sur les velléités de ses auteurs à porter un coup fatal à la campagne présidentielle de François Fillon. L’ancien chef du gouvernement aura été condamné sans procès au pilori médiatique.

Or, certains juges font preuve d’un zèle inhabituel pour traiter les dossiers de certains responsables publiques laissant trop souvent à la porte du tribunal médiatique la présomption d’innocence. La procureure chargée de l’enquête, Eliane Houlette, est coutumière de ce type de tentative de coup de force judiciaire. Elle avait dès son arrivée au parquet financier, fait de Nicolas Sarkozy sa priorité. Ces procédés révèlent un comportement tyrannique voilé sous l’étendard de principes fixant le cadre d’une position éthique, nec le plus ultra de la modernité

La réalité est que le pouvoir judiciaire joue aujourd’hui un rôle de censeur des conduites collectives et individuelles en se fondant sur des considérations d’opportunité non juridiquement définies. La conception gaullienne de la justice comme simple autorité, telle qu’elle figure dans la Constitution de 1958, est dépassée.

Déguisés en justiciers moralisateurs, ces juges considèrent qu’une vérité suprême transcende la loi, produit contingent du compromis politique. Cette aspiration germe dès leur entrée à l’Ecole Nationale de la Magistrature (ENM) où ils y cultivent un esprit de caste. Cette institution issue du modèle bureaucratique reste ancrée dans ses propres idéaux. Cette jumelle de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) dont les fils de la grande bourgeoisie parisienne et de la haute fonction publique garnissent les bancs, demeure déconnectée de la société civile et des autres professions du droit.

Cette situation est d’autant plus préoccupante lorsqu’elle se conjugue au poids idéologique du militantisme politique des juges dans l’exercice de leur fonction et dans lequel est empêtré le Conseil Supérieur de la Magistrature. Déjà en 1971, René Pleven alors Garde des Sceaux, dénonçait «un gouvernement des juges n’ayant pourtant pas reçu mandat du suffrage universel». Ce même Syndicat de la magistrature s’était également fait remarquer en accrochant dans son quartier général ce fameux «mur des cons» sur lequel figuraient de nombreuses personnalités politiques dont Nicolas Sarkozy. La légitimité et l’impartialité du juge que Balzac désignait comme «l’homme le plus puissant du monde» se réduisent alors comme peau chagrin, signe d’une lente décomposition de notre justice.

Mais l’affaire du PenelopeGate met également en perspective un dysfonctionnement démocratique de notre système judiciaire. Certes le parquet reçoit quelques gouttes de l’huile sainte du suffrage universel à travers le ministre de la Justice mais reste tout de même sous l’autorité hiérarchique réelle et effective du Garde des Sceaux. A titre illustratif, la procureure Eliane Houlette fut nommée par Christiane Taubira. Dès lors, plane sur la justice française une suspicion permanente sur sa subordination au pouvoir politique en place.

Or, le manque de confiance des Français envers leur propre justice est mortifère. Il remet en cause les fondements de notre démocratie et de notre Etat de droit.

Sauf à se résoudre à l’avènement d’une technocratie juridictionnelle chaque citoyen est en droit d’idéaliser la justice. La magistrature aspire désormais à une légitimité originelle: celle du peuple français au nom duquel elle rend la justice.

  • Par Aurane Reihanian est doctorant en Droit et président du think tank «Le LaB LR».
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marman68

la gauche est un partit malhonnête, car elle sait très bien que ce qu’a fait Fillon est légal, et personne n’a réagit

marman68

Si Fillon est condamné alors, il faut que cette caisse qui est à la disposition de chaque député soit supprimé purement et simplement , car dans cette caisse tous les députés peuvent prendre de l’argent comme bon leurs semblent, sans avoir à ce justifier, cette caisse à été créé pour ça, alors, si Fillon est condamné par ce qu’il c’est servi de cet argent, alors il faut supprimé cette caisse pour qu’aucun députés ne puissent prendre de cet argent, dans cette caisse qui a été créé je vous le rappel par le gouvernement de gauche au début des années 80 par François Mittérand pour être plus exact, car tout les député qu’ils soient de gauche ou de droite ont légalement le droit de ce servir dans cette caisse. et ce sont déjà légalement servi ,alors dans ce cas là pour resté juste il faut aussi condamné énormément de députés qui ce sont déjà servi dans cette caisse, et ça à droite comme à gauche

MOSES

Le « peuple » ne tire ses informations que de ce que les journalistes lui disent à travers les media.
Quand on dit qu’il « perd confiance » dans Fillon, c’est parce que les media ont tout fait pour cela, y compris reproduire les informations biaisées : présentation de salaires cumulés pour impressionner alors qu’ils portent sur plus de 15 ans, présentation sous forme de « révélations », alors que rien n’était caché , tout était parfaitement officiel et déclaré; etc… Et ne pas arrêter d’en parler pendant 3 semaines. Tout cela relève de l’intoxication généralisée.
Finalement tout ça pour quoi faire? Favoriser l’extrême gauche ou l’extrême droite?On n’ose le croire. Alors favoriser le « jeune » Macron qui n’a aucun programme clair? Si on veut que la France continue comme elle est, avoir un Hollande bis, alors OK.
Si l’on veut que la France change et retrouve une place honorable économiquement et politiquement, il n’y a qu’un choix possible: c’est FILLON!

Danielle

C’est incroyable comment en peu de temps , on lynche Fillon une fois élu de son parti !
A quand le ménage auprès de tous les hommes politiques ?
Les journalistes sont forts, ils obéissent à qui ? ils font la pluie et le beau temps.
La guerre civile n’arrivera qu’avec les journalistes, c’est une vraie pierre à feu !

DANY83270

l’Extême droite est contre les Juifs ? vous oubliez sans doute que le parti des nazis était
« National Socialiste » ! Quant à Fillon, je dirais que lorsque qu’on brigue la Présidence de la République, on se doit d’être irréprochable; il est normal que les journalistes d’investigation s’intéressent à son cas; les hommes politiques ne sont pas au-dessus des lois, ils ont des comptes à rendre à la justice comme tout le monde ; la République c’est l’égalité entre les citoyens.

Taparura

Depuis quelque temps JFORUM flirte avec l’extrême droite. Ce n’est pas bon signe pour nos valeurs juives. Pourquoi ne pas donner des extraits du Canard Enchainé, journal le plus sérieux de France qui a toujours débusqué l’escroquerie. Fillon est un imbécile et s’offusque de l’attaque sur ses privilèges parce qu’il se croit encore sous l’ancien régime, avant 1789.
Merci de choisir la prochaine fois des références de qualité

Marc

C’est sans doute un effet d’optique parce que vous flirtez avec l’extrême-gauche, vous ne croyez pas?

trender

Curieux, car dans le même temps en page recto citant l’affaire Fillon du « Canard Enchainé  » on trouvait les magouilles de : Cazeneuve, Le Drian, Royal, !!!! avec des montants aussi énormes et là « silence radio », des medias…
Les français comme les américains ne sont pas dupes et il est a craindre un retour de bâton (tel celui infligé par Trump à Soros, Clinton et Obama , dont rien ne dit qu’ils ne vont pas finir eux aussi par être jugés !!! ) en direction de ces « socialistes » aux mains blanches et aux juges