Le scénario rappelle celui des séries américaines à succès, où le chronomètre joue contre les justiciers de la ville. Dans le rôle du poseur de bombe, Faisal Shahzad, cet Américain de 30 ans d’origine pakistanaise qui a avoué aux enquêteurs être à l’origine de l’attentat manqué à Times Square , en plein coeur de New York. Un acte qui, pour certains experts américains, témoigne d’une nouvelle phase dans la lutte contre le terrorisme. Les autorités sont confrontées à un terroriste « home grown », issu du pays et, semble-t-il, parfaitement intégré. Un citoyen si bien adapté au territoire américain et à ses lois en vigueur qu’il a bien failli échapper à l’arrestation du FBI, lundi soir, alors que son vol allait quitter l’aéroport J. F. Kennedy. C’était peu avant minuit.

Un raté qui aurait pu coûter cher à l’enquête sur la tentative d’attentat, comme le dénonçait, mardi, le maire de New York, Michael Bloomberg . La sénatrice républicaine du Maine, Susan M. Collins, lui a aussitôt emboîté le pas : « Une question-clé pour moi est de savoir pourquoi le suspect a été autorisé à embarquer. Il y a un fossé troublant entre le moment où ils (le FBI, ndlr) ont eu le nom, et celui où ils l’ont stoppé dans l’avion », relève-t-elle. La presse américaine s’interroge donc mercredi sur les circonstances qui auraient permis au principal suspect de passer entre les mailles des fédéraux. Comment Faisal Shahzad a-t-il pu embarquer sur le vol 202 de la compagnie Emirates, alors que quelques heures plus tôt, les autorités américaines l’avaient inscrit sur la liste noire des personnes interdites de vols ? Un enchaînement d’erreurs lui aurait permis de se réfugier à Islamabad, au Pakistan, via Dubaï, a indiqué Boutros Boutros, vice-président et responsable de la communication d’Emirates.

Évaporé pendant quelques heures

Révélées par le New York Times mercredi, des défaillances majeures émergent du dossier. « On a eu de la chance », soupirait, mardi, Michael Bloomberg. Et pour cause, lundi dans la journée, un vent de panique a soufflé au sein du FBI, lorsque les agents en filature ont totalement perdu la trace de Faisal Shahzad, dans la tranquille banlieue du Connecticut. Pour rester à couvert et ne pas éveiller les soupçons de Shahzad, les agents en poste auraient allégé leur surveillance, affirme, mercredi, la chaîne CNN . Résultat, durant quelques heures, le suspect demeurait introuvable… Le ministre de la Justice Eric Holder pare aux accusations de négligence en prenant la défense des fédéraux. « J’étais présent jour et nuit, je connaissais parfaitement la filature en cours. Jamais je n’ai envisagé la possibilité de le perdre. » Faisal Shahzad s’était pourtant bien évaporé des jumelles du FBI.

Alors, comment les autorités ont-elles eu finalement connaissance de son embarquement immédiat et pû filer en urgence de Manhattan à J. F. Kennedy ? Mystère. Plus tôt dans la journée, après avoir eu confirmation de l’identité du suspect, les autorités auraient immédiatement envoyé, par message électronique, à toutes les compagnies aériennes la nouvelle liste des interdits de vols, avec le nom de Faisal inscrit en haute priorité. Mais – deuxième grossière défaillance du système de traque mis en place – la compagnie Emirates n’a jamais pris connaissance de cette alerte, indique le NYT . Dans ces conditions, ni la compagnie ni les policiers n’ont eu l’opportunité de recouper les informations, et de voir que Faisal Shahzad avait retiré son billet en liquide quelques heures avant l’embarquement du vol 202. Un problème de « mise à jour des informations » d’Emirates, rapporte CNN.

« Notre politique de sécurité ne peut pas être la politique de la chance », dénonce un représentant républicain, peu avant une réunion, mercredi, à Washington, sur la sécurité intérieure. Héritier de l’Amérique de « l’après-11-Septembre », Barack Obama avait promis d’être intransigeant dans la lutte contre le terrorisme. L’affaire Faisal Shahzad rappelle pourtant celle du Nigérian arrêté in extremis sur le du vol Amsterdam-Détroit, le 25 décembre dernier. Le président américain fustigeait les défaillances de la sécurité aérienne américaine, « qui avait les moyens de déjouer cet attentat », avait-il alors affirmé.

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