BRUXELLES, 9 juin 2010 (AFP)
L’Union européenne a rejeté mercredi les accusations du secrétaire américain à la Défense Robert Gates, qui a estimé que la réticence des Européens à intégrer la Turquie en leur sein était en partie responsable de la détérioration des relations entre Ankara et Israël.
« L’UE a de très bonnes relations tant avec la Turquie qu’Israël » et « les relations bilatérales entre ces deux pays ne sont pas liées avec celles que l’UE a avec chacun d’entre eux », a indiqué à l’AFP la porte-parole de la chef de la diplomatie de l’UE, Catherine Ashton, Maja Kocijancic.
Elle a ajouté que « les progrès dans les négociations d’adhésion dépendent des progrès des réformes en Turquie ».
Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a estimé mercredi à Londres que « détérioration des relations entre la Turquie et Israël pendant l’année écoulée ou presque est une source d’inquiétude ». « S’il y a quoi que ce soit de vrai dans la notion que la Turquie penche vers l’est, c’est largement, selon moi, parce qu’elle y a été poussée, poussée par certains en Europe qui refusent de donner à la Turquie le genre de lien organique avec l’Occident qu’elle recherche », a-t-il jugé.
Les négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE, ouvertes en 2005, piétinent, en raison de la lenteur de certaines réformes dans le pays mais aussi du refus de pays comme la France ou l’Allemagne de laisser Ankara rejoindre le bloc au bout du compte. Paris et Berlin privilégient à la place un partenariat privilégié.
Les relations entre la Turquie et Israël se sont sérieusement dégradées après un raid israélien le 31 mai contre un convoi maritime d’aide à Gaza, au cours duquel neuf Turcs ont été tués.
NDLR : Les états Unis en reconnaissant le génocide Arminien ont eux aussi participé au rejet des Turques, lesquels étaient sûrs qu’en entretenant de bonnes relations avec Israël et avec l’aide du lobby pro-israélien une telle déclaration ne pouvait avoir lieu.
La commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine a adopté jeudi 4 mars une résolution qualifiant de génocide les massacres d’Arméniens par les forces ottomanes au début du XXe siècle, en dépit des pressions de Barack Obama et d’Ankara.
Les autorités arméniennes se sont félicitées de ce vote, tandis qu’Ankara a rappelé son ambassadeur à Washington pour consultations, a annoncé le premier ministre, Recep TayyipErdogan. Le chef du gouvernement s’inquiète dans un communiqué des conséquences de cette décision sur les relations entre Ankara et Washington et sur le processus de réconciliation avec l’Arménie. La question arménienne a déjà envenimé par le passé les relations entre Ankara et Washington; la Turquie, membre de l’OTAN, est un relais essentiel pour les Etats-Unis dans les dossiers iranien, afghan et israélo-palestinien.
LE TERME DE « GÉNOCIDE » EN CAUSE
La résolution, qui parle ouvertement de »génocide arménien » conduit entre 1915 et 1923 par l’Empire ottoman, a été adoptée par vingt-trois voix contre vingt-deux. Le texte, qui n’a pas force de loi, appelle le président américain à « qualifier de façon précise l’extermination systématique et délibérée de 1 500 000 Arméniens, de génocide ». En d’autres termes, elle enjoint les autorités américaines à utiliser le terme de « génocide » à chaque fois qu’elles évoqueront le sujet. En avril dernier, Obama s’était abstenu de l’utiliser, lui préférant celui d' »atrocités ».
Soucieuse d’éviter une crise diplomatique avec la Turquie, l’administration américaine avait multiplié les efforts ces dernières heures pour que le Congrès abandonne l’idée de voter cette résolution. La secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, avait ainsi téléphoné mercredi au président de la commission pour lui expliquer qu’un tel vote « risquerait de mettre à mal le processus de normalisation des relations » entre la Turquie et l’Arménie, a fait savoir le porte-parole du Conseil de la sécurité nationale de la Maison Blanche. Barack Obama a lui-même appelé dans la même journée son homologue turc, Adbullah Gül, pour lui demander de ratifier rapidement un protocole de normalisation des relations signé l’année dernière entre les deux pays voisins, selon leNew York Times.
La Turquie reconnaît le massacre de chrétiens arméniens par les Ottomans mais nie qu’il ait fait plus de 1,5 million de morts et qu’il s’agisse d’un génocide, un terme utilisé par un grand nombre d’historiens occidentaux et de parlements étrangers.
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