Depuis l’attentat de janvier 2015, « Charlie Hebdo » et ses employés sont placés sous haute sécurité. Une situation qui coûte cher au journal.

C’est un numéro anniversaire un peu spécial. Trois ans après l’attentat dont il a été victime, le journal satirique Charlie Hebdopublie ce mercredi 3 janvier un numéro dans lequel les journalistes et dessinateurs racontent la vie de la rédaction, et de ses employés, depuis le 7 janvier 2015. Ce jour-là, un attentat a coûté la vie à 11 de ses collaborateurs.

C’est un dessin de Riss qui fait la Une de ce numéro, dans laquelle il ironise sur les conditions de sécurité qui entourent la rédaction. « Le calendrier de Daesh ? On a déjà donné », fait-il dire à un employé de Charlie Hebdo barricadé derrière une porte blindée. Si ce dessin prête à sourire, le contenu du numéro se veut plus sombre et plus inquiet.

Dans son édito, Riss évoque la sécurité du journal sur un ton bien moins ironique. « Comment un journal victime d’un incendie criminel, puis d’une attaque terroriste, peut poursuivre son activité dans des conditions de sécurité satisfaisantes ? (…) Les conditions de travail des membres du journal ne redeviendront sans doute jamais normales ».

Dans le même texte, Riss évoque des « équipements lourds et coûteux », qui, « tout compris, atteignent entre 1 et 1,5 millions d’euros par an, entièrement à la charge du journal« . Le dessinateur s’inquiète pour l’avenir de la rédaction et de ses employés : « Jusqu’à quand Charlie Hebdo pourra-t-il supporter une telle charge financière ? Nul ne le sait », écrit-il dans son édito. « Qu’arrivera-t-il à Charlie Hebdole jour où nos réserves seront épuisées, après avoir été dépensées pour la protection des locaux du journal ? »

Que se passera-t-il demain si nous n’avons plus ces moyens de riches ?

Fabrice Nicolino

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Dans un autre texte de ce numéro, le journaliste Fabrice Nicolino évoque des moments encore plus personnels, revenant sur son quotidien et celui de ses collègues, placés sous haute protection. « Je ne vais jamais à aucun événement public avec mon épouse, pour que son visage ne soit jamais associé au mien », témoigne un employé de la rédaction.

Expliquant ne pas mener une vie normale, Fabrice Nicolino demande à Emmanuel Macron de repenser la sécurité du journal et de ses employés : « Est-il juste que la République française ne garantisse pas réellement le droit de Charlie à réunir son équipe, à réaliser son travail hebdomadaire sous la protection efficace de policiers de la République ? », s’interroge-t-il.

À l’instar de Riss, Fabrice Nicolino s’inquiète pour son avenir, celui de ses collaborateurs et celui de la rédaction : « Dîtes, que se serait-il passé si notre Charlie n’avait pas eu assez d’argent pour payer ses propres policiers ? Et que se passera-t-il demain si nous n’avons plus ces moyens de riches ? ». La rédaction estime qu’un exemplaire vendu sur deux finance la sécurité du bâtiment et des journalistes.

Laure-Hélène de Vriendt Journaliste

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