La côte de Netanyahu continue de grimper dans l’opinion publique, un an après les élections de 2015.

 

Un an s’est maintenant écoulé depuis les dernières élections à la Knesset. Plusieurs sondages ont récemment été publiés qui interrogent l’opinion publique israélienne sur des questions, comme la popularité d’éventuels candidats pour le poste de Premier Ministre, les regrets quant aux élections de l’an dernier et les scrutins favorables à chaque parti si de nouvelles élections se déroulaient actuellement[1].

Un retour peut être utile sur la campagne électorale, aujourd’hui, largement oubliée, pour la 20ème Knesset, à la fois dans le but de reprendre de la perspective sur la situation politique actuelle, et aussi pour éclairer les changements significatifs dans la façon dont Netanyahu est perçu par l’opinion, au cours de l’année passée.

Les élections 2015 se sont achevées par la victoire du Likoud, sous la direction de Netanyahu, disposant alors de 30 sièges, face au principal parti d’opposition, l’Union Sioniste, obtenant 24 sièges. Or, on se souvient qu’à se fier aux sondages de sortie des urnes, ce triomphe du Likoud était loin d’être évident.

On avait appelé à des élections anticipées, après le limogeage de Yaïr Lapid et Tzipi Livni par Netanyahu, alors qu’ils étaient respectivement Ministre des Finances, pour le chef du Parti Yesh Atid et Ministre de la Justice, pour la dirigeante du parti Hatnuah, en début décembre 2014. Netanyahu affirmait que Lapid et Livni conspiraient à le renverser en tentant de former un gouvernement alternatif avec certains partis de l’opposition.[2].

Cela pouvait sembler n’être qu’une accusation assez gratuite. Pourtant, en février 2015, la Vice-Ministre de l’Intérieur, la Députée Faina Kirschenbaum d’Yisrael Beiteinu, soupçonnée de corruption majeure, a attesté qu’il y avait effectivement bien une conspiration. Elle a dévoilé qu’Avigdor Lieberman, Moshe Kahlon et Lapid avaient projeté de former un bloc centriste après les élections, avec Lieberman dans le fauteuil de Premier Ministre, et le Likoud était censé les rejoindre après la démission tant attendue de Netanyahu[3].  Ces révélations de Kirschenbaum ont renforcé l’idée que les affirmations faites par Netanyahu à propos de discussions de putsch contre lui n’était pas simplement qu’un montage pré-électoral. 

Le 5 décembre 2014, les deux premiers sondages étaient publiés. Ils apportaient un tableau tout-à-fait différent des résultats réels du 17 mars 2015. Selon les deux sondages, le Likoud pouvait s’attendre à obtenir 22 sièges et Habayit Hayehudi conduit par Naftali Bennett, 17 sièges. Le Parti travailliste venait en troisième position avec 13 siège aux deux sondages. Ces prises de pouls de l’opinion prédisaient que Yisraël Beitenu conduit par Lieberman obtiendrait entre 10 et 12 sièges, tout comme le nouveau parti de Kahlon. Yesh Atid, cependant, devait chuter de 19 à 9 sièges[4].

Cette campagne électorale s’est caractérisée par la réalisation d’un grand nombre de sondages. Au total, les résultats de ces enquêtes d’opinion étaient très éloignés du dénouement réel, une indication du grand nombre d’électeurs flottants (ou hésitants) au sein de la population.  La fidélité à un parti a chuté significativement au cours de ces dernières décennies, faisant des études en population un instrument très limité pour comprendre où on va[5].

Certaines différences les plus importantes entre les sondages initiaux et les résultats réels sont compréhensibles. L’instauration d’une liste conjointe entre le Parti Travailliste et Hatnuah était une manœuvre perspicace. Elle a apporté à cette liste conjointe, l’Union Sioniste, un coup de fouet significatif. Habayit Hayehudi a perdu beaucoup de sièges à cause de la brève tentative avortée de Bennett d’intégrer la vedette de football Eli Ohana, un non-religieux sur sa liste. Un revers supplémentaire pour d’autres personnalités candidates est la conséquence de la demande de Netanyahu aux électeurs de soutenir le Likoud, parce que disait-il beaucoup d’Arabes étaient sur le point de voter. Yisraël Beiteinu a été lourdement touché par le scandale de la corruption présumée qui impliquait Kirschenbaum, qui l’a en définitive privé de 5 sièges. 

Les sondages du 5 décembre démontraient une désaffection publique pour Netanyahu. 60% des sondés disaient qu’ils ne voulaient plus qu’il continue à occuper le poste de Premier Ministre et seulement 34% restaient en sa faveur. Dans l’éventualité d’un tête-à-tête entre Kahlon et Netanyahu, 46% préféraient Kahlon et 36% choisissaient Netanyahu. Dans une configuration identique entre Netanyahu et l’ancien Ministre de l’Intérieur Gideon Saar, 43% préféraient Saar et 38% étaient en faveur de Netanyahu.

Dans les bras-de-fer imaginaires entre les actuels dirigeants de partis, cependant, Netanyahu est perçu comme celui qui gagne à tous les coups. Contre le chef du Parti Travailliste, Itzakh Herzog, Netanyahu gagnerait d’1% ; contre Bennett, il l’emporterait de 12 points ; contre Lapid, de 17 points et contre Lieberman, Netanyahu gagnerait avec une avance de 28 points [6].

Les configurations statistiques actuelles montrent que Netanyahu s’en sortirait bien dans une confrontation directe contre n’importe lequel des autres hommes politiques. Dans une rivalité Netanyahu-Lapid, 47% préfèrent Netanyahu contre 36% à Lapid. Dans un lutte face à Bennett, Netanyahu gagnerait par 40% contre 29%. Le candidat extérieur au jeu politique à vouloir se présenter aux élections est l’ancien Chef d’Etat-Major Gaby Ashkenazi, que Netanyahu pourrait battre par 44% contre 30%[7].

Au moment de rédiger cet article, Herzog vient d’être désigné comme suspect, dans le cadre d’une enquête pour corruption, concernant des irrégularités au cours des primaires du Parti Travailliste en 2013[8].  Cependant, l’échec d’Herzog en tant que chef de l’opposition était déjà devenu visible avant même ce scandale, en comparaison avec les sondages du début de la campagne électorale, alors qu’il n’était qu’à 1% de Netanyahu et le scénario actuel où Netanyahu pourrait l’emporter haut la main par 56% contre 25%. Cela correspond aussi à d’autres sondages qui démontrent une défaite retentissante pour l’Union Sioniste, qui chuterait de 24 à 18, voire même 15 sièges[9].  Dans tous les cas, il resterait à la traîne derrière Yesh Atid.

Le Comité Central de Elections avait décidé qu’aussi bien Haneen Zoabi que Baruch Marzel devaient se voir interdire de  présenter leur candidature en 2015. Mais, une fois encore, la Cour Suprême, qui est, à présent, perçue comme excessivement libérale sur cette question, avait annulé cette décision.

Ainsi Zoabi, en particulier, a été en mesure de poursuivre sa campagne de provocations contre la démocratie israélienne pour voir jusqu’à quel point elle pouvait en saper les fondations. Depuis lors, elle a été suspendue de participation à des sessions de la Knesset et de l’ensemble de ses commissions pour quatre mois, en compagnie d’un autre député de Balad, Basel Ghattas, à cause de son identification avec les terroristes palestiniens. Un troisième Député de Balad,  Jamal Zahalka, a été suspendu pour deux mois. Ils ne seront pas pour autant interdit de candidature aux élections[10]. Balad et le parti communiste israélien ont aussi fait la démonstration de leur soutien aux terroristes du Hezbollah, en condamnant l’appel de l’Arabie Saoudite à désigner le Hezbollah comme une organisation terroriste, stipulant que la motion saoudienne servait les intérêts israéliens[11]

Une autre question mérite d’être mise en perspective, concernant l’atmosphère qui règne autour de ces élections : la déclaration faite par le Président Rivlin pour exiger des partis, lors d’une conférence qui s’est tenue à l’Institut des Etudes de Sécurité Nationale, qu’ils élèvent le débat et se concentrent sur des problèmes plus importants, en considérant certains débats de campagne comme fragmentés et de niveau souvent faible. Le Président ne pouvait alors pas se douter que le niveau de la campagne israélienne a été bien meilleur, si on la compare aux insultes que les candidats républicains américains se jettent à la figure, qui s’attardent sur la grandeur des mains et autres insinuations choquantes ou déplacées[12].

 

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Par Manfred Gerstenfeld

 

Le Dr. Manfred Gerstenfeld a présidé pendant 12 ans le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (2000-2012). Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.

Adaptation : Marc Brzustowski.

 


[2]  “Netanyahu calls for new elections, accuses Livni and Lapid of plotting “Putsch”, Haaretz, December 2, 2014.

[3] Ido Ben Porat and Elad Benari, “Kirschenbaum Exposes Plot to Unseat Netanyahu,” Israel National News, February 13, 2015.

[4] “Israel heads to elections: What do the polls say?,” Haaretz, December 2, 2014

[5] Manfred Gerstenfeld, “The Run-Up to the Election,” Shmuel Sandler, Manfred Gerstenfeld and Jonathan Rynhold, eds., Israel at the Polls 2006, Routledge 2008.  UK, US and Canada.

[6] http://www.jpost.com/Israel-Elections/Post-poll-60-percent-of-Israelis-dont-want-Netanyahu-anymore-383724

[7] http://www.jpost.com/Israel-News/Year-after-election-46-percent-of-Israelis-see-alternative-to-PM-448370

[8] http://www.timesofisrael.com/opposition-leader-isaac-herzog-named-as-suspect-in-corruption-probe/

[9] http://www.israelnationalnews.com/News/News.aspx/208924; http://www.jpost.com/Israel-News/Year-after-election-46-percent-of-Israelis-see-alternative-to-PM-448370

[10] www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-4763645,00.html

[11] www.timesofisrael.com/arab-party-slams-gulf-states-for-hezbollah-terror-listing/

[12] http://nymag.com/daily/intelligencer/2016/02/rubio-suggests-trump-has-small-genitals.html 

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JeanD

Dans la classe politique actuelle,
il est le seul cheval de course…
qui ai fait ses preuves,
et qui n’a pas commis trop de « boulettes » !
C’est un vrai champion…

Il surpasse tous ses compétiteurs…
il n’y a aucun doutes actuellement !!!

Honnêtement, je ne vois pas de relève…

Marie Esther

Vive Netanyahou quand on voit avec qui il est parfois obligé de gouverner, les traquenards de la Cour Suprême et des assocs comme B’selem, l’ indigence des discoirs de l’opposition et surtout les cris d’ orfraie de pratiquement tout le monde entier à l’ encontre d’Israël et de son gouvernement : je trouve que dans ces conditions il est excellent et le Likoud aussi

tor

Netanyahu a éliminé , aidé de sa femme, tous ceux qui pouvait lui faire de l’ombre.
Il manque d’envergure, endure la cour suprême et les ONG traitres à Israel, les arabes de Jérusalem, n’a pas frappé l’Iran que c’était le moment, s’est retiré de Gaza après que 67 de nos jeunes y soient morts pour rien, n’a pas conclu avec le Hezb en 2006 avec la perspective d’une guerre terrible maintenant, s’est prosterné devant le sultan d’Istamboul, refuse de reconnaître le génocide arménien pour faire plaisir au sultan, ne livre pas de Stinger ou équivalent aux kurdes,est tout prêt à faire condamner notre soldat qui , en tuant l’ordure blessée, à probablement sauvé des vies, aime trop les pince-fesses au champagne des occidentaux etc…etc…
Ça fait beaucoup trop longtemps qu’il est là, dégage !

JeanD

Ne vous plaignez pas avec Netanyahu,
ou on vous offre François HOLLANDE…
Et avec François au moins,
vous serez sûr du résultat, c’est un grand champion…
en plus de donner Jérusalem,
il donnerait aussi Tel Aviv !!!
Personne, ne veut l’inviter à diner ?!