Chers Amis,
Cela va être la troisième parasha du deuxième livre du pentateuque que nous lirons ce prochain shabbath et l’actualité rattrape l’histoire nous avons commencé avec des listes de noms et un « nouveau roi », et une rédemption qui n’en finit pas d’arriver car, nous ne crions pas assez fort, nous ne nous aimons pas assez fort entre frères, nous avons cessé de clamer trop tôt après les horreurs perpétrées sur nos frères et nos soeurs.
Nous devons absolument nous rappeler que si nous avons été délivrés c’est que la clameur fut si forte qu’elle fit trembler tout l’univers et nous aussi nous devrions nous parfaire dans nos actions quotidiennes et demander très fort la guéoula.
Cordialement, Dr Caroline Elisheva Rebouh PhD.

PARASHAT BO: LES MULTITUDES ENNEMIES

Les trois dernières plaies se déroulent sous nos yeux : les sauterelles, les ténèbres et la mort des premiers nés. Après que la grêle soit passée et ait incendié l’Egypte par la quantité, la force et la violence de cette plaie, il ne restait plus rien à manger mais, la nature reprenant ses droits, des bourgeons apparurent de ci de là et il restait quelques jeunes rameaux qui avaient pu échapper. Aussi, le vent du sud, vent chaud provenant du désert charria des nuées de sauterelles qui, de leurs mandibules assassines et destructrices s’acharnèrent sur les tendres feuilles et fleurs qui auraient pu porter la promesse de quelque nourriture ainsi que sur les champs de blé et de sarrasin que la grêle n’avait pas pour mission de détruire.

Les ténèbres n’étaient pas seulement un manque de lumière. Par « ténèbres » entendez une substance compacte comme de la ouate très compacte ne permettant à aucun Égyptien de bouger du lieu où il se trouvait et dans la position dans laquelle il se trouvait lorsque cette plaie commença sur l’intégralité du territoire égyptien.
La finalité de cette plaie comportait plusieurs facettes que nous allons évoquer ici : d’une part, chez les descendants de Jacob et de ses douze enfants se trouvaient beaucoup de gens « déjudaïsés » qui comme cela se passera beaucoup plus tard en Judée ou ailleurs, sous d’autres latitudes: les juifs succombèrent en cédant à l’imitation de civilisations étrangères, les bené Israël tombèrent dans l’imitation égyptienne et ne voulurent pas céder et partir d’Egypte pour se retrouver libérés de l’esclavage, et pour se retrouver sur la Terre Promise à Abraham, Isaac et Jacob et donc, ces gens-là trouvèrent la mort en ces temps de ténèbres et ils furent ainsi ensevelis dans cette terre qu’ils ne voulaient pas quitter et ce fait demeura inconnu des égyptiens qui, « paralysés » par ces ténèbres ne purent noter tous ces enterrements pendant 3 jours…
Le deuxième côté fut que ces ténèbres, permirent aux Juifs de se rendre en mission de reconnaissance: en effet, durant 430 ans les enfants de Jacob et toute leur descendance furent soumis, en tant qu’esclaves, à construire l’Egypte sans que personne ne songeât jamais à leur allouer un salaire. En conséquence, pendant la plaie des ténèbres, ils rendirent visite à leurs voisins qui les asservissaient et, lorsque le temps de partir arriva, ils demandèrent leur dû à leurs voisins. Que les voisins pensèrent récupérer leurs biens un jour est une autre affaire.
Nous l’avons déjà dit, les Égyptiens déifiaient tout ce qui se présentait: des hannetons, des ibis ou bien d’autres insectes ou animaux y compris des dieux mi-homme mi-animal tel le dieu thot, dieu de la science et greffier des autres dieux. Il était représenté comme un homme à tête d’ibis. Parmi les différentes divinités se trouvait l’agneau. Le devoir de sacrifier aux yeux de tous les Égyptiens un agneau qui était une divinité était une sorte d’application du « procès » fait, en quelque sorte, à l’idolâtrie égyptienne et était une façon de leur montrer que leur divinité n’avait aucune importance, et que le D. d’Israël est le Tout Puissant.
De même qu’il a été question de la première des plaies dans Vaéra  (le SANG), ici , il est encore question de sang: c’est dans le sang que naît un enfant et qu’il reçoit le don de la vie et c’est avec le sang de la MILA (circoncision) que l’enfant appartient à l’alliance avec D. C’est parce que les hartoumim (sorciers) qui avaient ordonné à Pharaon de se baigner chaque jour dans un bain de sang pour éradiquer la lèpre dont était affligé le roi d’Egypte que celui-ci ordonna de tuer les bébés mâles juifs pour se soigner…. Ce fut aussi pour éviter de voir surgir le sauveur des enfants d’Israël et faire de deux pierres un seul coup.

Une question préoccupait les Égyptiens à chaque plaie : pourquoi les Juifs n’étaient-ils pas frappés par ces plaies? Une autre question se posa également : pourquoi ordinairement les plaies duraient 7 jours sauf les trois dernières car les sauterelles saccagèrent les champs six jours durant, les ténèbres furent d’une durée de deux fois trois jours soit six jours ?

Pour ce qui est des sauterelles, ces insectes dévorèrent les champs et envahirent les habitations durant six jours. Le septième, elles n’entrèrent pas dans les demeures. Quant à la plaie des ténèbres, comme indiqué plus haut, elle se divisa en deux fois trois jours comme dit plus haut.
Il faut savoir qu’au cours des trois premiers jours, les ténèbres n’empêchèrent pas les Egyptiens de se mouvoir, ce n’est que dans la seconde période de trois jours que les ténèbres se différencièrent des premières : elles n’étaient pas un manque de lumière mais une sorte de matière compacte qui les obligeait à rester assis ou couchés ou debout mais sans pouvoir bouger du tout ni changer de position.
La réponse à la question est que parmi les Juifs qui devaient sortir et être libérés de l’esclavage imposé par les Egyptiens se trouvaient de nombreuses personnes qui refusaient de partir et qui étaient considérés comme des impies.
Pendant les trois premiers jours de ténèbres, ces juifs-là moururent et ils furent enterrés pendant la période où les ténèbres rendues compactes empêchèrent les Egyptiens de s’apercevoir du nombre important d’ensevelissements à effectuer.

Cependant, en nous penchant sur d’autres textes exégétiques, nous allons pouvoir comprendre le sens caché de ces trois dernières plaies et le fait qu’elles apparaissent séparément des sept autres.
Dans l’ensemble des 10 plaies, nous remarquons que la seule et unique plaie précédée du mot « maka » (plaie) est la dixième qui est désignée ainsi « makat bekhoroth » les Sages se sont posé de nombreuses questions dont voici les réponses :
Nous avons vu que les sauterelles «oeuvrèrent» 6 jours durant mais pas le jour du shabbat et que les ténèbres étaient de deux genres différents puis, que les plaies touchaient tous les Egyptiens mais pas les Juifs.
Le Rav Zalman Sorotzkine écrivit dans son commentaire sur la Torah, que, lors de la havdala de la sortie de shabbat, nous faisons allusion à ces trois plaies car nous disons « hamavdil beyn kodesh lehol » comme l’ont fait les sauterelles lors de la huitième plaie, puis nous bénissons « hamavdil beyn or lehoshekh » ce qui est en rapport avec la neuvième plaie (les ténèbres) et enfin « hamavdil beyn israël laâmim » qui nous a distingués des autres peuples en nous épargnant tous les « maux » infligés aux Egyptiens et notamment la mort des premiers nés.

Les explications concernant les ténèbres ont été données plus haut ; cependant que nous aurons beaucoup d’enseignements à retirer des quelques mots contenus dans le verset où D. enjoint Moïse de retourner voir le Pharaon et de l’avertir de la façon suivante :

כה אמר ה’ : בני בכורי ישראל (…) שלח את בני ויעבדני…
Mon fils aîné renvoie pour qu’il Me serve…….
Le complément de ce membre de phrase semblerait se trouver dans la menace contenue en ces mots :
והנה אנוכי הורג את בנך בכורך
Je tuerai Moi-même ton fils aîné…..

Rashi se pose la question de savoir pourquoi D. menace-t-IL Pharaon directement de tuer les aînés de son peuple et son fils aîné lui-même.

En fait, D. a décidé de juger l’Egypte et les Égyptiens et les idoles de ce pays. Quelles en sont les raisons ?
Cette dixième plaie est si importante qu’elle n’est pas seulement celle des premiers nés mais « la plaie » des premiers nés. Les Égyptiens qui rendaient un culte à tout ce qui pouvait exister avaient un culte préférentiel dans tout ce qui était « premier » ainsi le Nil était une idole car il s’agissait du premier des quatre fleuves du Gan Eden, puis, ils rendaient un culte à l’agneau/bélier qui était le premier des douze signes astrologiques etc… C’est la raison pour laquelle HaShem a demandé à ce que le sacrifice pascal soit un agneau/bélier, que la sortie d’Egypte a eu lieu le 14 Nissan. Les premiers nés étaient fêtés, célébrés, c’est pour cela qu’ils ont été tués.
De toutes les plaies d’Egypte, seuls les faits suivants sont rappelés au cours des prières quotidiennes: la mort des premiers nés d’Egypte, la sortie d’Egypte et la déchirure de la Mer Rouge.
Le Midrash nous fait découvrir un fait : lorsqu’Eve conçut, elle mit au monde des jumeaux qui étaient Abel et Caïn. Celui-ci sortit du ventre maternel le premier mais, comme le fait remarquer Rashi, il y a un « premier  de conception » et un « premier de sortie » c’est-à-dire que le premier à sortir est le deuxième à avoir été conçu tandis que le premier à avoir été conçu est le deuxième à sortir à l’air du monde. Abel ayant été assassiné, son âme s’est vue réincarnée en Seth. Or, poursuit le Midrash, Caïn était l’ancêtre de l’Egypte et considéré comme le premier né. L’autre célèbre paire de jumeaux de la Torah est Jacob et Esaü. Esaü qui fut le deuxième à être conçu est le premier à sortir mais, Jacob voulut l’empêcher de sortir le premier en l’attrapant par le talon. En rachetant son droit d’aînesse à Esaü, Jacob rétablit la vérité historique car, Abel a été « l’ancêtre » d’Israël/Jacob et rétablit son droit à être l’aîné véritablement et de manière complète. C’est la raison pour laquelle D insiste en avertissant Pharaon : Mon fils aîné Israël !
Par ailleurs, les Sages du Talmud soutiennent l’interprétation selon laquelle la création du monde se fit au moyen de 10 Paroles divines et que ces dix paroles concordent avec les 10 plaies d’Egypte précédant la sortie du pays d’esclavage. Ces différentes opinions se trouvent dans les traités de Rosh Hashana mais également de Meguilah . Cependant les avis divergent légèrement : les uns pensant que la première parole fut consacrée à la création de la lumière, tandis que dans le traité de Meguilah, les Sages optent pour le premier mot de la Torah: « bereshit » car, il ne peut y avoir de parole s’il n’y a rien avant. En conséquence, les 10 paroles commencent de bereshit et, suivant la méthode de commentaire de « ath basdh gar dak » la dernière des plaies correspond à la première des paroles de création et la neuvième plaie à la deuxième parole de création et ainsi de suite.

Une autre question se fait jour: pourquoi HaShem a-t-IL ordonné aux enfants de Jacob de sacrifier un agneau/bélier et d’en prendre le sang pour en badigeonner les linteaux des portes de leurs demeures ?

En effet, Dans la Haggada de Pessah nous lirons que D. dit qu’IL a tout fait par Lui-même, en conséquence, IL savait mieux que quiconque qui habitait et où ! Le « kli yakar » nous fait part de son opinion : HaShem nous fait part de Sa décision de faire des jugements et de régler tous les problèmes concernant toute cette période de souffrances infligée aux descendants d’Abraham, d’Isaac et de Jacob auxquels IL avait promis que leurs descendants sortiraient de cet esclavage avec d’immenses biens.

Néanmoins, « le gros œuvre » a été fait par des « anges destructeurs » qui, eux ne pouvaient faire la différence entre les Juifs et les non-Juifs c’est donc la raison pour laquelle il était absolument interdit aux Juifs de se trouver hors de leurs maisons dont les linteaux étaient teintés du sang des agneaux.

Caroline Elishéva REBOUH

בא Bô: « Ce mois-ci » ou l’art de sacraliser le temps

Et Dieu dit à Moïse et à Aharon en terre d’Egypte afin qu’ils l’explicitent: « Ce mois ci (hah’odech hazé) pour vous sera en tête des mois (roch h’odachim), il sera premier (richon) des mois de l’année (h’odché hachana) (Ex, 12, 2). »

Pour les plus grands commentateurs de la Tradition juive, ce verset constitue en réalité la première de toutes les mitsvot spécifiquement prescrites aux Bnei Israël au moment où ils sont eux mêmes constitués en tant que peuple et afin que cette dimension reçoive tout son sens.

Celui-ci peut à son tour être perçu et explicité clairement si l’on ne perd pas de vue que cette collectivité humaine tente de sortir d’un long, d’un très long esclavage qui lui fait perdre le sens des deux coordonnées principales de la conscience humaine: l’espace et le temps.

L’espace se réduit pour les esclaves aux champs de corvée où ils façonnent à la chaîne des briques, avec de la boue et de la paille.

Quant au temps, il se dévide dans une suite de jours sans autre destin que leur infinie répétition.

De cette double atrophie, spatiale et temporelle, résulte le kitsour rouah’, l’étrécissement à presque rien de leur champ de conscience.

A quoi il faut ajouter le bépharekh, l’atrophie de leur parole qui ne trouve à s’exercer que pour l’exécution sans délais d’ordres qui se veulent sans réplique, sous la menace des gourdins.

C’est à la restructuration de ce champ de conscience, pour ne pas dire à sa structuration tout court, qu’est dévolue cette première prescription dont il faut s’attacher à comprendre la formulation et l’intention.

Il n’est guère aisé de définir ce qu’est le temps en soi.

Il s’agit ici du temps à la fois psychologique, celui d’êtres appelés à la liberté individuellement vécue, et du temps historique, celui d’un peuple appelé à assumer collectivement une vocation au sein de l’humanité.

Ce temps là se comprend selon trois modalité particulières mais qui s’intègrent les unes aux autres: le temps quotidien, celui des jours nommés yamim; le temps mensuel, celui que scandent les mois (h’odachim), et le temps annuel, celui de la chana. A quoi se rapportent-ils?

Le temps quotidien est celui de cette conscience minimale qui permet aux esclaves de simplement survivre.

Comme on l’a vu, ce temps- là est devenu celui des répétitions stériles, du piétinement bourbeux.

Aussi importe t-il de lui conférer une autre dimension, qui l’ouvrira à une autre perspective: le mois, en hébreu h’odech.

Vocable particulièrement significatif par lui même et au regard du contexte actuellement éclairé.

Par lui même puisque ce vocable est construit sur la racine H’DCh qui désigne le renouvellement, l’innovation, donc la reprise de la Création, par suite l’exact inverse de la répétition sans aucune progression sensible.

Ce temps nouveau doit faire l’objet d’une première perception active, d’une première prise de conscience, immédiate, événementielle, rendue par la formule ce « mois-ci (hah’odech hazé) ».

Et c’est en tant que tel qu’il deviendra non pas le premier mois, au sens ordinal, mais littéralement « la tête des mois »roch h’odachim, comme sera institué, dans une dimension supplémentaire de la durée, une tête de l’année: roch hachana.

De sorte que l’on passe d’un temps qui est surtout un non-temps, celui de l’asservissement des sens et de l’esprit, d’un temps pour ainsi parler décapité, à un temps où se relient le passé, le présent et l’avenir; la mémoire, la décision et le projet.

Et c’est une fois ce premier étayage réussi que s’instituera le temps proprement calendaire, celui de la succession ordinale des mois, lesquels de ce fait même formeront une autre dimension encore de la temporalité, celui de l’année, de la chana.

15 Bo

Ce dernier vocable est construit sur la racine ChN qui désigne maintenant le changement; non pas la modification mécanique mais celle qui intègre la dimension préalable du h’odech, de l’innovation, mais démultipliée selon les douze visages du peuple, suivant les douze facettes d’une Création scandée par des saison diversifiées, celles de la pluie d’hiver (guéchem) ou de la rosée printanière (tal).

On comprend mieux pourquoi le verset précité précise que ces prescriptions sont données en terre d’Egypte, autrement dit sur cette terre qui était devenue pour les descendants de Jacob celle de la dissolution des esprits, de la lobotomisation spirituelle.

Toutes les mitsvot qui s’ensuivent, et particulièrement celles qui concernent l’agneau pascal seront comprises selon cette perspective, à partir d’un temps qui se remembre et de corps jusque là pulvérisés, qui se rejoignent en plein clarté de l’esprit, sachant que l’Histoire est également redevenue printanière.

Raphaël Draï zatsal

 

 

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Liri, Daniela, Naama et Karina lors de la première rencontre avec leurs parents

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