Bouffi par l’alcool et le remords, le « polémiste » -c’est le moins que l’on dira- Siné emporté par ses fantômes? 

 

En , peu de temps après la fusillade de la rue des Rosiers et dans le contexte de l’intervention de l’armée israélienne au Liban de , Siné est invité par Jean-Yves Lafesse à une discussion sur les ondes de la radio libre Radio Carbone 14, au cours de laquelle il déclare : « Je suis antisémite depuis qu’Israël bombarde. Je suis antisémite et je n’ai plus peur de l’avouer. Je vais faire dorénavant des croix gammées sur tous les murs… Rue des Rosiers, contre Rosenberg-Goldenberg, je suis pour… On en a plein le cul. Je veux que chaque Juif vive dans la peur, sauf s’il est pro-palestinien… Qu’ils meurent ! Ils me font chier… Ça fait deux mille ans qu’ils nous font chier… ces enfoirés… Il faut les euthanasier… Soi-disant les Juifs qui ont un folklore à la con, à la Chagall de merde… Y a qu’une race au monde… Tu sais que ça se reproduit entre eux, les Juifs… C’est quand même fou… Ce sont des cons congénitaux. » À la suite de ces propos – tenus manifestement en état d’ébriété, et dont Siné ne contestera pas l’exactitude –, la LICRA dépose plainte pour antisémitisme. Siné publie une lettre d’excuses, et la LICRA accepte de retirer sa plainte. Mais l’action en justice est maintenue par d’autres parties civiles, et Siné est condamné, le 12 février 1985, pour « provocation à la discrimination, la haine ou la violence raciale ».

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La lettre d’excuses de Siné et la réponse de Jouanneau seront amplement citées lors de la polémique suscitée par l’éviction de Siné de Charlie Hebdo. Siné affirmera notamment que la non-publication de sa lettre d’excuses par la LICRA avait causé le départ de Me Jouanneau de cette organisation. Une version démentie par Me Jouanneau dans une réponse publiée le 5 septembre 2008 par Libération, où il précise qu’il a quitté la LICRA dix ans plus tard et pour des motifs qui n’avaient rien à voir avec l’affaire Siné. L’avocat ajoute, à cette occasion : « J’ai cru à votre sincérité du moment, aujourd’hui, je m’interroge… Car le tollé provoqué par votre sortie sur Jean Sarkozy, qui ne semble pas, cette fois, provenir des effluves du whisky consommé en abondance, révèle, quoi qu’on en dise, à tout le moins un arrière goût de ce fameux « antisémitisme à la française » qui ressurgit malheureusement sous votre plume. Pour reprendre l’expression d’Edwy Plenel qui fait le point sur Mediapart dans son papier intitulé « la Vérité des faits contre la folie des opinions » il relèverait seulement du « subliminal » et non de « l’explicite ». Je ne vous tiens toujours pas pour un « antisémite » et je doute que l’on puisse vous en convaincre ; mais pourtant, je ne signerai pas la pétition de soutien qui circule en votre faveur. […] On ne peut sans doute pas vous taxer « d’antisémitisme » au regard de votre passé et de la place que vous avez occupée dans la presse de ce pays. Pas plus qu’on ne pouvait le faire des magistrats français qui en 1952 ont pourtant relaxé un journaliste d’Aspects de la France, qui « préconisait une saine méfiance envers les juifs, au nom d’un antisémitisme à la française, qualifié de « mesuré et raisonnable » simplement, parce qu’il n’était pas établi qu’il ait eu l’intention d’exciter ses lecteurs à un sentiment passionné tel que la haine envers les juifs« . »

Cet épisode sera plus tard repris comme « preuve » dans la polémique opposant partisans de la thèse d’un Siné antisémite et défenseurs de Siné, bien que plusieurs proches du dessinateur aient affirmé qu’il n’y a pas, malgré les propos, d’antisémitisme chez le dessinateur, mais seulement de la provocation. Le dessinateur Charb déclarera notamment : « Si un avion d’Africains s’était écrasé la veille, il aurait dit : « Bien fait pour leur gueule » sur Carbone 14. Son truc, c’est de choquer ou d’être du côté de l’opprimé. Pour Europalestine, je lui avais déconseillé, mais il me disait : « Mais si, ça va faire chier ! » »

Texte de Desproges

Dans une chronique humoristique pour l’émission le Tribunal des flagrants délires sur France Inter, Pierre Desproges, dans le rôle du procureur, déclarait à propos de Siné (dans le rôle de l’accusé) : « ce morne quinquagénaire gorgé de vin rouge et boursouflé d’idées reçues, présente à nos yeux blasés […] la particularité singulière, bonjour les pléonasmes, d’être le seul gauchiste d’extrême droite de France. Xénophobe même avec les étrangers, rebonjour, masquant tant bien que mal un antisémitisme de garçon de bain poujadiste sous le masque ambigu de l’antisionisme pro-palestinien […]. » Desproges et Siné travaillaient ensemble pour l’hebdomadaire Charlie Hebdo et s’étaient prêtés à ce sketch au second degré. Ces propos ont été cependant repris dans la presse sans que la nature parodique de l’émission soit précisée, laissant entendre que Desproges tenait réellement Siné pour antisémite.

Polémique entre intellectuels

Ce débat a déclenché à travers les médias une polémique entre intellectuels français sur le thème de l’antisémitisme. Ainsi, Bernard-Henri Lévy analyse l’affaire Siné, sous le titre « De quoi Siné est-il le nom ? » dans le quotidien le Monde du 21 juillet et la situe dans un contexte politique plus large, affirmant que l’antisarkozysme peut être aujourd’hui un véhicule autorisant certains à des dérives antisémites.

Laurent Joffrin, directeur du journal Libération et ami de Philippe Val, prend part à cette polémique en apportant son soutien à Philippe Val dans un article publié dans les pages Rebonds du quotidien le 25 juillet 2008. Toutefois, si le directeur dénonce les propos de Siné qu’il juge antisémites, son article déclenche de nombreuses réactions critiques chez les internautes en raison de l’utilisation non fortuite du terme « race » pour désigner les juifs, à tel point qu’il modifie la version électronique de son éditorial. En outre, cet article colporte plusieurs inexactitudes, dénoncées comme mensonges par Acrimed, par exemple l’accusation selon laquelle Siné n’aurait pas tenté de dissiper le malentendu.Laurent Joffrin persistera en publiant un nouvel article dans les pages « Rebonds », le 28 juillet 2008, sous le titre « Siné, suite… », également accusé d’« omissions et insinuations » par Acrimed.

La veille, l’historienne Esther Benbassa affirme, dans une tribune intitulée « Siné, nous aurais-tu tous rendus fous ? » : « Ce qu’a écrit Siné n’est pas tout à fait net. Qualifier Siné d’antisémite l’est aussi peu. On accuse aujourd’hui avec de plus en plus de légèreté d’antisémitisme ceux avec qui on n’est pas d’accord. Surtout lorsqu’il s’agit du conflit israélo-palestinien. À force de brandir à tout bout de champ cet épouvantail, on ne sait plus qui est vraiment antisémite et qui ne l’est pas. Un brouillage qui au lieu d’éradiquer le mal l’entretient, en occultant les vrais antisémites. Qui donc est à l’abri ? Qui peut prétendre aujourd’hui qu’il ne sera pas un jour taxé d’antisémitisme ? Tout glissement de langage peut charger d’infamie celui qui l’a commis. Est-ce qu’on dira de Laurent Joffrin, directeur de Libération, qu’il est antisémite parce qu’il utilise le mot de « race » en parlant des Juifs dans son article publié le 25 juillet dans son journal, pour défendre Philippe Val ? »

Extrait de : l’Affaire Siné 

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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Ratfucker

Benbassa se pose en arbitre des élégances bobo keffié, fustigeant les méchants antisémites nostalgiques de Vichy, et glorifiant les gentils antisionistes, modèle Hessel – en oubliant bien sûr les principaux vecteurs de l’antisémitisme contemporain en babouches et niqab, exonérés d’office. Ce genre d’esthètes de bazar florissait sous la botte nazie: Irène Nemirovski, Hanna Arendt, et la sinistre cohorte des Judenrat.

Shimon

Donc dire ça sur une radio écoutée par de nombreux auditeurs dont des jeunes en 1982, ce ne serait pas antisémite, et pas un appel à recommencer à assasSiné des Juifs ? : « Je suis antisémite depuis qu’Israël bombarde. Je suis antisémite et je n’ai plus peur de l’avouer. Je vais faire dorénavant des croix gammées sur tous les murs… Rue des Rosiers, contre Rosenberg-Goldenberg, je suis pour… On en a plein le cul. Je veux que chaque Juif vive dans la peur, sauf s’il est pro-palestinien… Qu’ils meurent ! Ils me font chier… Ça fait deux mille ans qu’ils nous font chier… ces enfoirés… Il faut les euthanasier… Soi-disant les Juifs qui ont un folklore à la con, à la Chagall de merde… Y a qu’une race au monde… Tu sais que ça se reproduit entre eux, les Juifs… ».
D’ailleurs pas un mot dans les médias en France. Normal. Les journalistes français. HONTE.

jean

un triste connard

Myriam

L’alcool deshiniberait à ce qu’il paraît : il a dit ce qu’il pensait au fond de lui-même ! Il va rendre des comptes au grand Patron…..

Pierre

Exit un salaud.