PS : ce que n’analyse pas du tout ce texte dithyrambique du nouveau pouvoir, c’est que les postures annoncées pourraient se trouver en porte-à-faux avec l’actuelle politique américaine de l’allié Donald Trump, en complète contradiction avec les aspirations et hantises des Sunnites du Golfe, où la France a des bases maritimes et aériennes, et en opposition aux intérêts d’Israël, mais aussi actuellement, de la Jordanie, des Kurdes et d’autres face à l’Iran et au Hezbollah. Une demi-réflexion ne peut pas servir de substitut à une stratégie et à une vision d’ensemble. Dire : on peut s’appuyer sur les Russes et Bachar c’est être resté bloqué à septembre 2015. Depuis, la situation est évolutive et volatile en bien des théâtres d’opérations. Macron, pour être dans le vent, n’est toujours pas à la page… Védrine est considéré, ici, comme un inspirateur. Peut-on oublier que Védrine -qui a « eu la peau » de Jospin, à la sortie de l’Université palestinienne de Bir Zeit, en 2000, dénonçant le Hezbollah- était en poste au moment de l’éclatement de la Seconde Intifada et qu’il a influé sur la politique étrangère « extrémiste » de Chirac (qui ne tarissait pas d’éloge pour lui) à l’encontre d’Israël, à l’époque?

Syrie : Poutine, Bachar el-Assad, Daech… le virage diplomatique à 180° d’Emmanuel Macron

Dans un entretien accordé à huit journaux européens, Emmanuel Macron expose les grandes lignes de ce que sera sa diplomatie : rapprochement avec la Russie, lutte contre l’Etat islamique comme objectif principal, nécessité de « la stabilité de la Syrie ». Autant de positions qui détonnent avec les hésitations d’un François Hollande.

C’est bien plus qu’un entretien, c’est une véritable feuille de route qui fait table rase du passé. Emmanuel Macron, tout juste installé dans son fauteuil de président de la République, a décidé de ne pas perdre de temps sur le dossier syrien. Dans un entretien donné à huit quotidiens européens dont Le Figaro et Le Temps, publié ce jeudi 22 juin, le chef de l’Etat s’exprime longuement sur ses aspirations européennes, la diplomatie française et la place de la France dans un monde redevenu multipolaire. Et d’y assumer un véritable tournant diplomatique sous le signe de la « realpolitik » en ce qui concerne la crise politique et militaire qui secoue le Moyen-Orient.

Sur l’analyse d’abord, Emmanuel Macron pose un constat clair et précis (et nécessaire) sur les raisons qui ont vu la Russie devenir incontournable en Syrie. « Les Etats-Unis ont fixé des lignes rouges mais ont fait le choix in fine de ne pas intervenir. Qu’est-ce qui a affaibli la France ? De définir politiquement une ligne rouge et de ne pas en tirer les conséquences. Et qu’est-ce qui a du coup libéré Vladimir Poutine sur d’autres théâtres d’opérations ? Le fait d’avoir constaté qu’il avait face à lui des gens qui avaient des lignes rouges mais ne les faisaient pas respecter », explique le chef de l’Etat. Ce qui le conduit, une fois ce constat posé, à penser une stratégie diplomatique et politique dégagée des erreurs du passé pour être la plus utile aux intérêts français.

Emmanuel Macron défend un rapprochement avec la Russie

« Je respecte Vladimir Poutine. J’ai eu avec lui un échange constructif. Nous avons de vrais désaccords, sur l’Ukraine en particulier, mais il a vu aussi ma position »,poursuit le président, rappelant ainsi que la Russie est un partenaire de la France tout en actant les désaccords existants. De quoi faire rougir un François Hollande ou un Jean-Marc Ayrault qui en appelaient en permanence à des « sanctions » contre le géant Russe. Puis, Emmanuel Macron lâche : « Il y a la Syrie. Sur ce sujet, ma conviction profonde, c’est qu’il faut une feuille de route diplomatique et politique. On ne réglera pas la question uniquement avec un dispositif militaire. C’est l’erreur que nous avons collectivement commise. Le vrai aggiornamento que j’ai fait à ce sujet, c’est que je n’ai pas énoncé que la destitution de Bachar el-Assad était un préalable à tout. Car personne ne m’a présenté son successeur légitime ! » Une déclaration qui tranche radicalement avec la position qui a longtemps servi de boussole au ministère des Affaires étrangères. Pour rappel, en 2012, Laurent Fabius, alors le patron du Quai d’Orsay, tonnait contre un « M. Bachar el-Assad (qui) ne mériterait pas d’être sur la Terre », estimant que « le régime syrien devait être abattu et rapidement« .

« Le vrai aggiornamento que j’ai fait à ce sujet, c’est que je n’ai pas énoncé que la destitution de Bachar el-Assad était un préalable à tout », rappelle Emmanuel Macron.

Interrogé fin 2012 sur TV5 Monde sur la position de la France par rapport au groupe djihadiste Front Al Nosra (aujourd’hui rebaptisé Front Fatah al-Cham), Laurent Fabius répétait le « souhait » de la France de voir « Monsieur Bachar » tomber. Une ligne de conduite que Jean-Marc Ayrault, son successeur, poursuivra à son tour avant que François Hollande, après les attentats du 13 novembre, décide d’amorcer un rapprochement avec la Russie et le régime de Bachar el-Assad pour lutter efficacement contre l’EI.

Mais revenons à l’entretien, Emmanuel Macron, affirme ainsi les objectifs de la France en Syrie. « Un : la lutte absolue contre tous les groupes terroristes. Ce sont eux, nos ennemis. C’est dans cette région qu’ont été fomentés des attentats terroristes et que se nourrit l’un des foyers du terrorisme islamiste. Nous avons besoin de la coopération de tous pour les éradiquer, en particulier de la Russie », rappelant ainsi un certain… Jean-Luc Mélenchon lors de la campagne présidentielle.

Nous avons besoin de la coopération de tous pour éradiquer [les groupes terroristes], en particulier de la Russie

Emmanuel Macron

La stabilité de la Syrie plutôt que le départ de Bachar el-Assad

Puis, le chef des armées défend la nécessité de « la stabilité de la Syrie, car je ne veux pas d’un Etat failli. Avec moi, ce sera la fin d’une forme de néoconservatisme importée en France depuis dix ans. La démocratie ne se fait pas depuis l’extérieur à l’insu des peuples. La France n’a pas participé à la guerre en Irak et elle a eu raison. Et elle a eu tort de faire la guerre de cette manière en Libye. Quel fut le résultat de ces interventions ? Des Etats faillis dans lesquels prospèrent les groupes terroristes. Je ne veux pas de cela en Syrie. » Une position qui pourrait être inspirée par l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine selon le chercheur Frédéric Pichon et le grand reporter Georges Malbrunot.

XIV- On croit entendre Hubert Védrine qui conseille parfois le jeune président qui pourrait avoir remis notre diplomatie sur les rails.

Et qui rapproche de facto les objectifs de la France de ceux de Vladimir Poutine : empêcher que l’Etat syrien de s’effondre. D’ailleurs plus loin, Emmanuel Macron analyse très justement les raisons du soutien de la Russie à Bachar el-Assad : « Je ne crois pas que [Vladimir Poutine] ait une amitié indéfectible à l’égard de Bachar el-Assad. Il a deux obsessions : combattre le terrorisme et éviter l’Etat failli. C’est pour cela que sur la Syrie des convergences apparaissent. Longtemps nous avons été bloqués sur la personne de Bachar el-Assad. Mais Bachar, ce n’est pas notre ennemi, c’est l’ennemi du peuple syrien (…) Que peut-on faire ? Réussir à travailler ensemble sur la Syrie pour lutter contre le terrorisme et déboucher sur une vraie sortie de crise. »

Un entretien étonnant et détonnant qui a le mérite de tirer les leçons des errances diplomatiques françaises sur le dossier syrien. Et qui laisse entrevoir la possibilité pour la France de revenir sur le devant de la scène internationale. Affaire à suivre.

Par Bruno Rieth

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Paul06

Vedrine est une ordure antisioniste. Si Macron l’écoute avec « attention », le pire est à redouter.

madeleine

Védrine, Fabius, Ayrault : tous ont sévi au Quai d’Orsay suivant la même ligne antisémite qu’évoquait déjà l’écrivain Romain Gary, nommé Consul par de Gaulle il y a 75 ans !
Le Consul Romain Gary décrivait alors le Quai d’Orsay comme « abritant un panier de crabes et de serpents venimeux antisémites »
Vous remarquerez que ce sont ces serpents justement qui sévissent pendant des décennies entières. Un Védrine crachait déjà son venin avant Mitterrand et il continue avec le tout nouveau Macron, tant il est vrai que leur fidélité à la Bête immonde est éternelle. Hélas.

AZLIN

quelle drôle de nouveauté! retour vers le passé, on écoute et on chante les vieilles rengaines antisionistes pardon antisémites des bobos gauchistes

Aaron le rachid

Sauf que : rien n’est gratuit dans ce monde, la position russe vis à vis de Bachar est : qu’il a reçu en échange UN PORT EN Méditerranée et peut-être une base en Syrie
je serai d’accord avec cet échange s’il sert à bloquer les velléités d’un Erdogan plus dictateur que jamais
si la cible est Erdogan (et pas la Turquie, en tant que pays) alors j’applaudirai

Danielle

Mais l’erreur de Bachar El Assad a été d’ignorer son peuple, il aurait fait les réformes qui s’imposaient il n’aurait jamais eu le chaos, la guerre, le sang, et la mort dans son pays et les migrants..
Non seulement il ne connait rien à la diplomatie politicienne , mais il ne doit pas aimer son pays, rien que ses intérêts personnels comptent.
Bien sûr qu’Israël préfère que la Syrie se redresse, nous avons une frontière commune.

Jg

Attention danger ! Si la france prend encore des initiatives sur les conflits au moyen orient ,ce sera contre l etat Juif !!
Une fois de plus , les risques sont enormes entre les iraniens ,les francais et leurs voisins europeens !