Michel Polnareff est avant tout un excellent musicien. Son personnage singulier, son talent inné pour la composition et la provocation tout fait de lui une vedette symbole de la fin des trente glorieuses. Il s’arrête ce mardi au Dôme de Marseille pour un concert-mémoire. Né le 3 juillet 1944, fils d’un compositeur résistant juif Léo Poll, de son vrai nom Leib Polnareff né à Odessa qui travaillait pour Piaf et Mouloudji, il reçoit le premier prix de piano du Conservatoire de Paris à 11 an

Pacifiste sur les bords, un peu anar à la périphérie, dans son premier titre « La Poupée qui fait non » sorti en 1966 il exprime un style musical en rupture, utilisant des harmonies inédites dans le monde de la variété d’alors.
Il récidive avec un chef d’œuvre « L’Amour avec toi », interdit d’antenne radio avant 22 heures.
La période est faste, les tubes s’enchaînent : « Love me, please love me », « On ira tous au paradis » ou encore « Je suis un homme ».
En 1971, pianiste de Johnny Hallyday, il arbore, pour la première fois, le look qui restera le sien : lunettes noires sur cheveux blonds décolorés, le tout avec des pantalons moulants.
Il compose alors pour le cinéma. On lui doit la très belle bande originale du film « La Folie des grandeurs ». A son retour de tournée en 1973, Polnareff découvre que son associé l’a escroqué.
Il embarque à bord du paquebot « Le France » dont c’est l’un des derniers voyages en direction des Etats-Unis. Il est porté en triomphe par les employés du bateau qui sont menacés de perdre leur emploi. Il écrit une lettre-pamphlet sur la précarisation des emplois des marins français face à la mondialisation qui arrive.

Un artiste secret

Sa carrière américaine est une réussite. Mais en 1977, il a le mal du pays. Il l’exprime dans le titre « Lettre à la France ». Son style évolue comme sa personnalité musicale, laissant apparaître un riche potentiel d’inventions mélodiques.
Par exemple en 1981, son album « Bulles » fait un carton et soulève l’enthousiasme des professionnels par la finesse des timbres et la subtilité de l’orchestration. Sa musique est au programme du Bac musique lorsqu’il est créé par le ministère Lang. C’est la vraie consécration.
En 1988, il enregistre « Good­bye Marylou ». Il vit alors à l’hôtel le Royal Monceau.
Quasiment aveugle, puis opéré en 1994, il retrouve la vue. En dépit de quelques collaborations prestigieuses, sa vie est plus calme jusqu’en 2007. Il revient alors à Bercy, avec une tournée de soixante dates, et un immense concert au Champ-de-Mars. Sa tournée actuelle est un peu un bilan sur sa vie d’artiste. Il s’y livre avec gentillesse et une pointe de coquetterie. Il évoque entre deux chansons ses regrets et ses peines. Il retrouve ses fans.
Jamais un artiste n’aura suscité autant de mystère, d’interrogations et d’admiration.
Et pourtant, cet homme, ses lunettes et sa silhouette sont rentrés dans l’histoire de la chanson comme personne d’autre auparavant. Actuellement encore c’est le seul artiste de variété capable de jouer du piano avec une maîtrise d’artiste classique.
A cela s’ajoute une solide connaissance de la musique contemporaine et des courants américains. Son concert de Marseille devrait passionner ses fans et les amateurs de bonne variété. Artiste avant-gardiste, secret, surprenant, original, Michel Polnareff a su cultiver le mystère autour de sa personne, pour sans cesse surprendre ses admirateurs.

J-F. P.


Michel Polnareff le 15/11 à 20h30 au Dôme de Marseille 48 avenue Saint Just /ce concert est le report de celui initialement programmé les 5/11. Les billets restent valables et le remboursement est possible jusqu’au 31/12/16.

La Marseillaise

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