Sommet Trump-Netanyahou : les déformations de Reuters et l’AFP

Benjamin Netanyahu et Donald Trump se sont rencontrés à la Maison Blanche pour la première fois depuis l’entrée en fonction du Président américain. Très attendu, ce sommet est couvert par la presse occidentale avec tant d’approximations que le visionnage de la conférence de presse est presque indispensable pour se faire une vraie idée de la dynamique enclenchée entre les deux chefs d’Etat.

 

 

Si vous préférez, pour économiser une petite demi-heure, lire quelques brèves ou articles dans vos journaux matinaux basés sur la dépêche de l’AFP qui a suivi la rencontre et celle de Reuters, malheur à vous… Non seulement l’ambiance détendue et amicale entre les deux leaders qui ont l’air de bien se connaître et se respecter ne peut pas être retranscrite, mais vous serez victimes de traductions peu scrupuleuses, voire sans scrupules.

S’il est exact que, comme les titres des dépêches l’indiquent, Donald Trump ne privilégie plus la solution à deux Etats, voici quelques-unes des informations inexactes, manquantes ou approximatives que vous aurez rencontrées.

 

L’AFP ne voit pas la haine

Selon l’AFP :

Appelant les deux parties au compromis, il [Donald Trump] a en particulier exhorté les Palestiniens à se débarrasser de leur « haine » supposée à l’égard des Israéliens.

L’AFP parle de « haine » supposée. Avec guillemets et adjectif. Une manière de dire que cette haine n’est qu’une invention du président américain et n’existe pas. Qu’à dit Donald Trump ?

 

Je pense que les Palestiniens doivent se débarrasser d’un peu de cette haine qu’on leur enseigne dès leur plus jeune âge. On leur enseigne une haine phénoménale. J’ai vu ce qu’on leur apprend. Et vous pouvez parler de flexibilité ici aussi, mais cela commence à un très jeune âge et cela commence dans la classe de l’école. Et il faut qu’ils reconnaissent, comme vous le savez, qu’ils vont devoir faire ça.

 

Les passages en gras sont soulignés par nous. Trump a vu ce que les journalistes savent aussi certainement : la haine enseignée aux enfants palestiniens n’est pas supposée mais bien réelle.

 

DES SOLDATS ISRAÉLIENS DÉTRUISENT LES OLIVIERS DES PALESTINIENS – ILLUSTRATION D’UN MANUEL SCOLAIRE

 

Une alliance arabo-israélo-américaine en devenir ?

Cela fait déjà un certain temps que, face aux ambitions hégémoniques de l’Iran chiite, les Etats sunnite du Golfe et l’Arabie saoudite se sont officieusement rapprochés d’Israël. Voilà une vérité qui dérange les médias qui veulent faire croire à une hostilité consubstantielle d’Israël envers les Arabes, alors ils n’en parlent pas. Pourtant l’échange suivant est très intéressant et annonce peut-être de grands changements. Netanyahu commence :

 

Sous votre autorité, je crois que nous pouvons renverser la vague de l’islam radical (…). M. le Président, pour faire reculer l’islam militant, nous pouvons saisir une opportunité historique parce que pour la première fois de ma vie et pour la première fois dans la vie de mon pays, les pays arabes de la région ne voient pas Israël comme un ennemi, mais comme un allié.

Plus loin, le Premier ministre ajoute :

 

Nous devons chercher de nouvelles voies, de nouvelles idées pour faire avancer la paix. Et je crois que la grande opportunité pour la paix vient d’une approche régionale impliquant nos nouveaux partenaires arabes dans la poursuite d’une paix plus large et d’une paix avec les Palestiniens. Et je me réjouis beaucoup de discuter cela en détail avec vous, M. le Président, parce que je pense que si nous travaillons ensemble, nous avons une chance.

La réaction de Donald Trump ?

Et nous avons discuté de cela et c’est quelque chose de très différent, qui n’a pas été discuté jusqu’ici. Et c’est en fait un bien plus grand deal – un deal bien plus important en quelque sorte. Cela impliquerait beaucoup, beaucoup de pays et couvrirait un territoire très grand. Alors je ne savais pas que vous alliez mentionner cela, mais c’est maintenant (spa) que vous l’ayez fait. Je pense que c’est quelque chose de formidable et je pense que nous avons une assez bonne collaboration de la part de gens avec qui, dans le passé, jamais nous n’aurions même pensé faire cela. Alors on verra ce que cela donnera. OK.

 

Trump et Netanyahu disent ouvertement qu’ils travaillent à un rapprochement avec les pays arabes voisins d’Israël. C’est un « scoop » qui n’intéresse pas (ou qui dérange) les agences de presse !

 

Le déplacement de l’ambassade à Jérusalem

On ne sait pas ce que fera Donald Trump. Mais voici comment l’AFP relate sa position :

Quant au sujet potentiellement explosif du transfert éventuel de l’ambassade américaine de Tel-Aviv vers Jérusalem, le président des États-Unis a une nouvelle fois temporisé: « Nous y réfléchissons très très sérieusement (…). Nous verrons ce qui se passe ».

 

Ce que dit Donald Trump, en entier sans les raccourcis de l’AFP ?

 

Quant au déménagement de l’ambassade à Jérusalem, j’adorerais voir cela arriver. Nous y réfléchissons très, très sérieusement. Nous y réfléchissons avec grand soin, croyez moi. Et nous verrons ce qui se passe. OK ?

Certes, rien n’est fait. Mais le président américain « adorerait » le déménagement et l’AFP appelle cela « temporiser ».

 

Les « colonies » : de la traduction approximative au téléphone arabe

On ne sait si Reuters a pris ses désirs pour des réalités ou si son traducteur manque juste de finesse, mais l’agence annonce que Donald Trump a

 

invité [Netanyahu] à faire preuve de modération dans sa politique de colonisation juive dans les territoires occupés par Israël.

« J’aimerais vous voir revenir un petit peu sur ces colonies », a-t-il dit lors d’une conférence de presse commune.

Or, en anglais dans le texte, voici ce qu’a dit Donald Trump :

As far as settlements, I’d like to see you hold back on settlements for a little bit. We’ll work something out but I would like to see a deal be made, I think a deal will be made.

 

« Hold back on », selon le dictionnaire Cambridge qui précise que c’est un terme de business qui correspond donc parfaitement au lexique de Trump, cela veut dire « to wait for a period of time before doing something. » Example : « We held back on the product release until the third quarter. » Ce qui donne en français : « attendre un certain temps avant de faire quelque chose – par exemple : nous avons attendu jusqu’au troisième trimestre pour lancer le produit ». Le dictionnaire Collins confirme, puisqu’il donne comme traductions « temporiser, attendre avant de faire quelque chose ».

Donald Trump demande donc à Netanyahu une modération très relative. Il lui suggère s’arrêter temporairement, le temps d’évaluer la situation, et pas du tout de revenir en arrière comme le fait croire Reuters. Cela donne :

 

Quant aux implantations, j’aimerais bien que vous temporisiez sur les implantations pendant un petit moment.

Et non, settlements ne se traduit pas par colonies mais par implantations, surtout dans le langage de Trump qui ne laisse nulle part entendre qu’il considère Israël comme un colonisateur. « Revenir sur les colonies » ou « attendre avant d’en construire plus » (le temps de travailler sur un deal, un accord), ce n’est pas tout à fait la même notion.

On passe carrément de la traduction approximative au téléphone arabe quand Reuters avance :

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, s’est dit en accord avec les propos de Donald Trump sur les colonies de peuplement. Dans un communiqué émis à Ramallah (Cisjordanie), il invite Israël à répondre à cet appel et à celui de la communauté internationale « en cessant toutes ses activités de colonies, y compris à Jérusalem-Est ». 

Si ça, c’est être d’accord avec les propos de Donald Trump, Reuters pourrait tout aussi bien affirmer que la Terre est plate. Elle trouverait bien quelqu’un pour le croire !

 Conditions sans explications

Reuters dit que Netanyahu

s’est dit mercredi disposé à aborder le dossier « en substance » et non par le biais « d’annonces » et a rappelé les deux conditions posées par Israël à tout accord de paix : « Premièrement, les Palestiniens doivent reconnaître l’Etat juif (…) Deuxièmement, Israël doit conserver le contrôle total de tout le secteur situé à l’ouest du Jourdain ».

 

Premièrement, le Premier ministre israélien ne parlait pas “d’annonces” mais de “labels” – plutôt traduisible par “termes”. Il répondait en effet à un journaliste qui lui demandait s’il était venu ici ce soir pour dire au Président qu’il renonçait à la solution des deux Etats.

Netanyahu répond donc que les termes (solution à deux Etats) comptent moins que les conditions à remplir. Mais voici le reste de sa réponse, éludé par Reuters :

 

Il y a deux pré-requis à la paix que j’ai posés deux – il y a plusieurs années et ils n’ont pas changé.

D’abord, les Palestiniens doivent reconnaître l’Etat juif. Il doivent arrêter d’appeler à la destruction d’Israël, il doivent arrêter d’éduquer leur peuple pour la destruction d’Israël.

Deuxièmement, dans tout accord de paix, Israël doit garder le contrôle sécuritaire total sur tout le secteur situé à l’ouest du Jourdain parce que sinon, nous savons ce qu’il arrivera. Parce qu’autrement, nous aurons un autre Etat terroriste islamique radical dans les zones palestinienne qui fera voler en éclats la paix, voler en éclats le Moyen-Orient.

 

Nous avons mis en gras les passages supprimés par Reuters : ce sont précisément ceux par lesquels Israël justifie sa position. Sans ces explications, l’impression des lecteurs est qu’Israël veut simplement s’accaparer le contrôle de toute la région parce que tout doit être juif. En réalité, Netanyahu parle d’un contrôle sur le plan sécuritaire – qui n’est pas antinomique avec une administration civile palestinienne comme elle existe déjà pour les habitants de toutes les grandes villes contrôlées par l’Autorité palestinienne. Il s’agit pour Israël de critères de survie : les collines de Judée-Samarie / Cisjordanie surplombent la plaine côtière où vivent la majorité des Israéliens; si elles venaient à être contrôlées par des gens éduqués dans la haine du peuple juif et lui refusant le droit à son état, Israël pourrait devenir indéfendable.

 

Pour finir : un rappel historique de Benjamin Netanyahu qui va à l’encontre de ce que martèlent tous les jours les médias

 

Le Premier ministre explique :

 

Maintenant malheureusement, les Palestiniens rejettent avec violence les deux pré-requis de la paix. D’abord ils continuent à appeler à la destruction d’Israël dans leurs écoles, dans leurs mosquées, dans leurs manuels scolaires. Vous devez le lire pour le croire. Ils nient même, M. le Président, notre lien historique à notre terre natale. Et je suppose que vous devez vous demander pourquoi – pourquoi les Juifs s’appellent Juifs ?

Eh bien les Chinois sont appelés Chinois parce qu’ils viennent de Chine. Les Japonais sont appelés Japonais parce qu’ils viennent du Japon. Et les Juifs sont appelés Juifs parce qu’ils viennent de Judée. C’est notre foyer ancestral. Les Juifs ne sont pas des colonisateurs étrangers en Judée.

 

On n’aurait pas mieux dit et il faut faire connaître cette évidence que la presse occulte systématiquement.

infoequitable.org

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

3 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
ixiane

SUPER !! cela rassure de lire quelques vérités !!
Il faut leur répéter que le PAYS des HEBREUX a été appelé « PALESTINE » pour effacer toute judaïté au PAYS — JUDEE cela faisait trop juif !!! Et bien sûr notre ONU préfère parler de Cisjordanie pour nous montrer que la JORDANIE a envahi la JUDEE , elle oublie de dire qu’elle même , cette ONU malfaisante, n’a jamais accepté cette occupation jordanienne !!!! pourquoi garde t-elle ce nom  » CISJORDANIE  » ?? réponse : pour pouvoir virer les juifs de leur JUDEE ancestrale !!!

Bensoussan

Ne serait il pas plus judicieux et incontestable de s appeler desormais Hébreux et non Juifs ce mots tellement chargé des connotations les plus horribles et néfastes …..?
Hébreux comme Moise, David, Jesus….du Royaume d’Israël de Judee et Samarie dont Jérusalem etait la capitale….

Francisko

Hebreux, ça vient de « Ivrit »,  » l’autre coté » ou le passage ( version plus psychanalytique ) , ça se refere au périple d’Abraham quittant la maison de son père…

Juif, ça vient de Juda, les  » Yehudim  » , c’est le royaume du Sud ( 2 tribus sur les douze ) , après la scission d’après Salomon, ça se refere plutot au périple de Moïse.

Le royaume d’Israel a disparu une bonne centaine d’années avant le royaume de Juda, sous les coups de butoir assyrien, la disparition du royaume de Juda etant le fait des Babyloniens. C’est aussi une autre différence.