Les effets de la visite de Donald Trump au Proche-Orient commencent à se faire sentir, et d’autres changements sont à prévoir dans les semaines et mois à venir. Le président américain a présenté à ses interlocuteurs sa position sur les conflits en cours et fixé l’ordre des priorités de son administration.

La première est l’unification des forces sunnites opposées à l’islam radical en exigeant des pays musulmans un choix clair, car on le sait les Etats du Golfe ont longtemps pratiqué le double langage, condamnant le djihadisme d’un côté tout en le soutenant financièrement de l’autre.

Trump, contrairement à bon nombre de pays européens, dont la France, n’est pas dupe et il l’a fait savoir avec fermeté. L’Arabie saoudite a dû en conséquence opérer des changements dans sa politique extérieure en rompant ses relations avec le Qatar, mais aussi en politique intérieure avec la nomination d’un nouveau dauphin au roi Salman, son fils Mohammed Ibn Salman, à la place de son cousin, le sheikh Mohammed Ibn Zayed al Nayan.

Cette substitution n’est pas anodine, mais correspond à un choix politique et religieux crucial, notamment dans la stratégie de mise en place d’une coalition comprenant l’Egypte, le Yemen, les Emirats et Israël. Une autre raison explique ce changement, il s’agit des relations étroites qu’entretient le prince saoudien avec Vladimir Poutine.

Trump espère que, grâce à ce changement, la crise en Syrie pourra trouver une solution raisonnable, après la défaite annoncée de Daech dans un avenir proche.

L’existence d’une coalition ayant des intérêts communs permettra, selon l’équipe de Trump de faire progresser d’autres dossiers comme celui du conflit israélo-palestinien. On le sait Israël aide les forces sunnites en Syrie à combattre le régime d’Assad et le Hezbollah, et en soignant les blessés.

A ce jour Israël a pris en charge plus de 3000 blessés dans les hôpitaux de Haïfa et Safed, or ces milices sont des groupes soutenus par l’Arabie saoudite, et il existe aujourd’hui une unité de Tsahal sur le Golan chargée de la relation avec ces groupes.

Les conseillers du président américain ont conscience qu’il n’y a pas aujourd’hui de solution définitive du conflit entre Israël et les Palestiniens, mais ils espèrent convaincre Abou Mazen et Netanyahou de signer un accord temporaire permettant d’entériner une situation dans laquelle les Palestiniens obtiendraient une autonomie plus grande que celle dont ils disposent déjà aujourd’hui, équivalent à un Etat souverain démilitarisé sur plus de 70% de la Judée-Samarie et dans laquelle vivent plus de 80% des Palestiniens.

Israël de son côté n’aurait pas à démanteler d’implantations, même si dans un deuxième temps certains villages isolés ne pourraient se maintenir durablement.

Ce plan, dont on ne connaît que les grandes lignes, suppose que la situation interne chez les Palestiniens soit stabilisée, et en ce moment une lutte acharnée oppose le Hamas à l’Autorité palestinienne. Il nécessite aussi et surtout qu’Israël maintienne son contrôle sur le Jourdain et les axes routiers.

Beaucoup de questions restent en suspens, mais Trump a fait savoir aux Palestiniens que la stratégie consistant à vouloir obtenir le retrait sur les lignes du 5 juin 1967 par des pressions internationales risquait de les mener dans le mur.

En voulant tout ou rien, il s’expose à rester bredouille. Dans l’imbroglio géopolitique actuel, la cause palestinienne est devenue secondaire et risque de devenir marginale, voire caduque, pour reprendre le terme de l’inventeur du narratif palestinien moderne, Yasser Arafat.

Chronique de Michaël Bar-Zvi sur Radio J du 22 juin 2017

Kaf Het Sivan 5777

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires