Terrorisme : le loup solitaire, ça n’existe pas….

 

Le loup solitaire, ça n’existe pas… !

Cette paraphrase d’une chanson célèbre de Gilbert Bécaud serait sans doute plus agréable à fredonner si ce n’était dans le dramatique contexte des attentats terroristes islamiques qui ensanglantent, non seulement la France, mais le monde… Avec cette sempiternelle question qui sans cesse revient dans les médias et les bouches des politiques, qui revient comme une ritournelle à endormir ou à faire patienter l’opinion : « Ce terroriste était-il un loup solitaire ou pas ? »…On comprend que la police se pose cette question pour savoir s’il s’agit de démanteler un réseau, sachant qu’on n’est plus solitaire à partir de deux, mais deux terroristes constituent-ils déjà un réseau ? Faut-il alors faire partie d’une organisation terroriste pour n’être plus considéré comme un loup solitaire ? Faut-il avoir commis des meurtres individuels, comme celui d’une adolescente israélienne assassinée dans son sommeil, ou tuer à coup de camion bélier 84 personnes et plus… ? C’est que de plus en plus de terroristes islamistes sont en apparence des « solitaires ». Mais seulement en apparence : poursuivons.  Qui sont-ils ces solitaires, mais tout de même solidaires d’une cause terroriste islamiste ? Ils ne font pas partie d’une association terroriste, ne sont pas inscrits dans un club de tir contre les Juifs, les Chrétiens et les apostats, ne sont peut-être pas politisés, ne sont parfois pas religieux, mangent du porc, ne vont pas à la mosquée, seuls ou plutôt isolés mais pas solitaires,  discrets, aimables avec leur voisinage, rasés de près même… Bref, ils n’ont aucun des motifs qui pourraient les faire ressembler à des terroristes en puissance de le devenir…Et pourtant, bien que présentant toutes les caractéristiques de l’isolement idéologique, du solitaire, ils n’en deviennent pas moins solidaires des terroristes patentés de Daech et autres organisations terroriste islamiques. Pourquoi s’étonne-t-on encore de savoir si ces pseudos loups sont solitaires ? Parce qu’au fond, aujourd’hui, personne n’est plus solitaire, qui plus est, un loup recherche toujours son complément, sa meute, et dans le cas des humains, peu importe si elle est virtuelle ou réelle. Donc, quand  parfois quand  on est seul, on s’invente tout de même une présence, une influence…

Même un solitaire s’invente une présence

Robinson Crusoé sur son île déserte s’invente un code de loi, une morale pour ne pas être seul avec ses pulsions, jusqu’à rencontrer son Vendredi. Si bien qu’au siècle de l’ère communicationnelle, si des sujets sont parfois seuls, plutôt isolés d’ailleurs, ils ne sont jamais solitaires, puisque de toutes parts, ils sont sollicités pour le meilleur de leur épanouissement, comme pour le pire de leur anéantissement, et parfois ils en entraînent d’autres, des innocents dans le précipice de leur existence, comme le font les terroristes. C’est qu’à l’heure de la dictature des médias, des images, de Twitter, de Facebook, des chaines d’informations qui passent en boucle les mêmes images, les mêmes reportages à longueur de journée et même la nuit pour les insomniaques et les accros à l’info, et qui ne font que répéter de façon rituelle jusqu’à la morbidité, les sempiternelles mêmes nouvelles, avant qu’une autre information n’arrive qu’ils répèteront ensuite, jusqu’à la prochaine….Nous en sommes rassasiés. Cela donne le vertige. Certains peuvent en perdre la tête. Que n’a-t-on vu ces pauvres journalistes attendre devant un grillage que quelque chose se passe de l’action en cours sans que rien ne se passe, mais dont il faut meubler le vide par des discours qui parfois s’épuisent dans la platitude répétitive informationnelle. Que n’a-t-on vu des dizaines de fois ces mêmes tours jumelles s’effondrer jusqu’à provoquer chez certains sujets fragiles des effets de fascination, de la jouissance morbide. Il y a encore ceux qui sur Internet sont littéralement hypnotisés par les décapitations et autres exécutions commises par Daech…Ceux-là sont de futurs candidats au terrorisme actif. Personne donc n’est un solitaire, chacun peut s’accompagner d’images, les pires comme les plus heureuses. Cela peut même fonctionner dans les cas pathologiques, ce que nous apprend la clinique : pour faire court, l’obsessionnel, pour ne pas être seul se fabrique des rituels de vérification, des pulsions de contrainte, l’hystérique se construit des scénarios imaginaires, le psychotique rempli son vide existentiel d’hallucinations visuels, auditives… Le paranoïaque, pour ne pas être seul s’inventent des persécuteurs, le maniaque construit des univers sans fin, parle sans limite ni fatigue. La liste est longue ! Comme quoi, même l’imagination la plus incommodante qui soit peut venir combler le vide de celui qu’on dirait solitaire, loup solitaire même quand il s’agit de terrorisme et d’enquête, alors que personne, loup ou pas n’est au fond un solitaire…Aujourd’hui tout le monde peut se relier avec le meilleur de l’humanité comme avec le pire de la barbarie, se relier à des mots d’ordre, ceux de Daech  par exemple comme autant d’incitations, d’injonctions aux meurtres. Chacun peut ainsi s’alimenter des images les plus heureuses ou les plus terribles et s’y identifier, à partir du moment ou sa personnalité ou sa disponibilité, ou sa fragilité du moment suivent. L’acte terroriste n’est alors pas loin. Il provoque le pire de ce qu’un humain peut commettre en résonnance morbide avec le démon qu’il est à l’intérieur de lui-même, sa pulsion de mort, et avec d’autre démons qui, de l’extérieur, viennent l’envahir.

Par Jean-Marc ALCALAY

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