Stefan Zweig, Adieu l’Europe – Bande Annonce par LePoint

Fuir la guerre ne l’aura pas épargné : Stefan Zweig se suicide en 1942. Maria Schrader retrace ses années d’exil dans un film empreint d’authenticité.

Les cigares que Stefan Zweig se plaisait à fumer, son jeu d’échecs, l’asthme de son épouse Lotte, les palmiers, et même son petit chien Plucky, adopté trois mois avant sa mort… Dans Stefan Zweig, adieu l’Europe, qui sort sur les écrans ce mercredi, le moindre détail est fait pour reconstituer le cadre dans lequel l’écrivain autrichien a vécu ses dernières années. Nous sommes à la fin des années 1930. Même à l’autre bout du monde, le nom de Stefan Zweig est connu de tous. Où qu’il passe, qu’il foule le sol des États-Unis ou la terre d’Amérique latine, des foules d’admirateurs et de journalistes tentent de l’approcher pour le presser de questions. Condamne-t-il l’Allemagne nazie ? Croit-il en une Europe en paix ?

En s’éloignant, il pensait échapper à la guerre, mais il la retrouve à chaque coin de rue. De New York à Petropolis, les figures du passé émaillent son chemin. Le spectateur croisera successivement le journaliste Ernst Feder, l’écrivain Thomas Mann ou encore Friderike Zweig, l’ex-femme de Stefan. Joseph Hader endosse le costume de l’écrivain viennois de manière remarquable. Et cela ne tient pas uniquement à sa moustache. Ses expressions se passent de mots. Il suffit de le voir se prendre la tête entre les mains lors d’une conférence ou tout simplement d’observer son visage agité pour y croire.

L’Europe omniprésente

Zweig, le véritable héros du film ? Cela reste à nuancer. Si l’Europe est matériellement absente, le spectre du Vieux Continent se niche au détour de chaque scène. Elle hante le regard diaphane de l’écrivain, s’impose dans les conversations. Derrière la jungle, ce sont les montagnes autrichiennes qui se dessinent en filigrane. Et à travers cet ensemble de cuivres maladroit, c’est la musique de Strauss que Zweig reconnaît.

Le film renforce le mythe de l’écrivain en exil. Le mot d’apatride y revient constamment. Le Brésil, une « terre d’avenir » ? Rien n’est moins sûr. Isolé de ses amis et rongé par la mélancolie, Stefan Zweig cède à ses idées noires. La déroute des Britanniques à Singapour et le bombardement d’un bateau marchand brésilien le conduisent au geste fatal. L’écrivain s’empoisonne en février 1942, emportant avec lui son épouse dans la tombe. L’adaptation de cet événement offre au spectateur une très belle scène de cinéma. Les corps des époux, la lettre d’adieu, la douleur des proches… tout se laisse deviner à travers le reflet d’un miroir. Après Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, nous voici donc plongés pour deux heures dans la vie d’un homme obsédé par le souvenir de sa patrie.

Publié le | Le Point.fr

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