Retour à la case-départ du KGB? Alors que la démocratie ne cesse de régresser, la Russie de Poutine revient sur des traces qui lui sont familières

 

Le même jour que celui de la consolidation du contrôle de son parti, Russie Unie, sur le gouvernement et le parlement russe, la Duma, le Président Vladimir Poutine fait le geste de recréer effectivement l’ancien KGB soviétique, en fusionnant la sécurité intérieure de Moscou, l’espionnage international et les services de contre-espionnage en une seule et même entité [et sous un seul contrôle : le sien].

Selon un reportage de Kommersant, le 19 septembre, le plan de Poutine ferait fusionner le Service de Sécurité Fédérale (FSB), le Service des Renseignements à l’Etranger (le SVR) et le Service des Gardes Fédéraux (FSO), dans une nouvelle Sécurité duy Ministère d’Etat (MGB). Il ne reste que les renseignements militaires (le GRU) qui demeure distinct et séparé de cette assimilation en un seul et même nouveau Ministère.

'Iin just a couple weeks Vladimir Putin will turn 64, the same age that Leonid Brezhnev was in 1970 as the Soviet Union was about to enter a decade of economic stagnation, intensified political repression, and escalated foreign aggression.' /AFP/Getty Images

« Dans moins de quelques semaines, Vladimir Poutine aura 64 ans, le même âge que Leonid Brejnev en 1970 quand l’Union Soviétique était sur le point de connaître une décennie de stagnation écomnomique, d’intensification de la répression politique et une escalade d’agressions contre le monde extérieur » /AFP/Getty Images

L’un des services prédécesseurs du KGB, qui fonctionnait en tant que police secrète meurtrière de Joseph Staline entre 1946 et 1953, était aussi connue sous le sigle de MGB.

Ce reportage de Kommersant est paru le 19 septembre, le même jour que l’annonce des résultats du jour d’élections, la veille.

Le Parti Russie Unifiée s’est assuré plus des trois-quarts des sièges dans la nouvelle DUMA d’Etat (343 sièges sur 450). La très faible participation (47, 8%) à ces élections a été, de surcroît, entachée d’allégations massives de fraude électorale.

« Eh ho, par la même occasion, dans moins de quelques semaines, Vladimir Poutine aura 64 ans, le même âge que Leonid Brejnev en 1970 quand l’Union Soviétique était sur le point de connaître une décennie de stagnation écomnomique, d’intensification de la répression politique et une escalade d’agressions contre le monde extérieur » ” a commenté Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL)le 22 Septembre.

 

kgb

 

Gennady Gudkov, un ancien Colonel du KGB et actuellement homme politique dans l’opposition, avait mis en garde, lors d’une interview, avec le service Russe de Radio Free Europe, du fait que le régime du Kremlin était en train de passer d’un régime « autoritaire à un régime totalitaire ».

« Ce simulacre de démocratie et de pluralisme contrôlé qui a marqué l’essentiel de l’ère Poutine est, désormais révolu. Des règles monolithiques, les purges parmi les élites et l’escalade de la répression sont en marche », déclarait ce commentaire de Brian Whitmore.

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Poutine- Zolotov, inséparables. 

Il faut ajouter à cela la récente création d’une force de la Garde Nationale, forte de 400.000 hommes, « qui n’obéit qu’à Poutine lui-même et qui est dirigée par son ancien garde du corps uber(ultra)-loyal Viktor Zolotov » et « le chef du Kremlin dispose désormais de sa propre garde prétorienne personnelle qui est en mesure d’abattre toute dissidence au sein de la société », dans un développement parallèle à cette consolidation des services de renseignements tenant dans une seule main. 

« Le KGB, doit-on se rappeler, n’était pas un service de sécurité traditionnel, au sens occidental du terme -qui correspondrait à une agence chargée de protéger les intérêts du pays et de ses citoyens. Sa mission fonamentale était de protéger le régime », rappelle Andrei Soldatov, co-auteur du livre : The New Nobility: The Resurrection Of The Russian Security State And The Enduring Legacy Of The KGB [ la nouvelle Noblesse : la Résurrection de la Sécurité d’Etat Russe et l’Héritage Durable du KGB], dans Foreign Policy

« La mission principale a toujours été de protéger les intérêts de quiconque réside actuellement au Kremlin. Avec ce nouveau service secret, nous assistons au retour d’une forme – qui est en fabrication déjà depuis fort longtemps ».

Par la rédaction du WorldTribune  25 Septembre 2016

background-brief.com

En définitive, le principal problème dans le processus de la mise en oeuvre des services secrets russes, c’est que Poutine et ses alliés proches entendent trop souvent ce qu’ils veulent entendre plutôt que ce qu’ils devraient nécessairement entendre. C’est, jusqu’à un point devenu considérable, à cause d’une culture bureaucratique qui ne récompense jamais les porteurs de mauvaises nouvelles et qui conduit à une déconnexion dangereuse entre les décideurs et le monde réel.

Plus rares sont les sources d’information, plus énorme devient cette déconnexion et la création d’un MGB conférera à cette agence un quasi-monopole des renseignements sur lesquels Poutine fondra ses décisions. C’est, en réalité, une des raisons pour lesquelles,dans les années précédentes, il optait pour ne pas recréer un KGB : mais qu’est-ce que nous apprend le fait que, désormais, il considère que c’est un moindre mal?

ecfr.eu 

Adaptation : Marc Brzustowski

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