Le 14 mai 2017 à l'Elysée (Paris VIIIe). François Hollande et Emmanuel Macron se saluent. (AFP/PATRICK KOVARIK.)
Réflexions sur  une cérémonie d’investiture

J’insiste bien sur le terme cérémonie, même au pluriel, et ne vise nullement l’investiture en soi, per se, pour parler comme les philosophes.

Ce matin, dimanche 14 mai, je me suis astreint à suivre cette cérémonie diffusée à la télévision depuis au moins 8 heures. Je ne pouvais pas y échapper car toutes les grandes chaînes s’étaient donné le mot et toutes avaient accueilli un quarteron de journalistes, plus ou moins inspirés (et plutôt moins que plus) qui faisaient du remplissage pour occuper l’antenne.

Les inévitables responsables de l’information étaient là et y allaient de leur couplet. Là où l’attente devint insupportable, ce fut durant l’entretien des deux présidents, l’ancien ne se résolvant pas du tout à la fin de son mandat, par peur du vide sidéral qui l’attendait. Après tout, il y a une justice immanente. Souvenons-nous de cet adage de la Mishna : bamidda shé ha adam modéd modedim lo

Qu’on  ne se trompe pas sur la sévérité du propos, mais permettons à un philosophe de rendre ses lecteurs attentifs à des contradictions de plus en plus criantes entre ce qu’on dit, ce qu’on offre et ce que l’on fait.

Emmanuel Macron, auquel on souhaite un bon quinquennat pour lui-même et pour la France, a clamé haut et fort son désir de changement, sa volonté de faire table rase du passé. Il s’est même donné pour objectif de laminer ensemble, droite et gauche, afin de libérer la vie politique et économique de ce pays.

Et que voyons nous au cours de cette même journée ? Des cérémonies d’un autre âge, une foule de politiciens, de hauts fonctionnaires et d’apparatchiks âgés, devenus incontournables. On voit aussi une foule de soldats en grande tenue, la garde républicaine sabre au clair, une cérémonie pompeuse, solennelle, surannée et de surcroît coûtant assez cher. Dans quel but ? Pour faire vivre l’ancien système que l’on prétend combattre…

Ce sont des contradictions dont le nouveau président devra se défaire.

Je l’ai entendu dire qu’il ne variera pas concernant les mesures qu’il a promis de prendre. Nous allons voir. Mais restons encore sur cette cérémonie d’investiture où les journalistes et les figurants de toutes sortes s’en sont donné à cœur joie pour rien. Absolument pour rien.

Au fond, une cérémonie intimiste entre les deux présidents, le nouvel arrivant et le partant, enfermés dans simple bureau en présence du président du conseil constitutionnel. Le discours du nouveau président serait alors transmis en direct sur les ondes et à la télévision.

On en est loin, très loin. Avez vous remarqué la cour de l’Elysée, pleine de monde, regorgeant de soldats, de journalistes, de télévisions, de radios, bref les médias du monde entier pour un non événement. Et ce n’est pas fini, il faut remonter la plus belle avenue du monde, la redescendre (dans un véhicule militaire !), s’arrêter pour serrer quelques mains, revenir au palais présidentiel car il faut tout de même se restaurer, repartir vers 17 heures à la mairie de Paris. Et c’est reparti pour des serrages de main, des saluts, etc…

Franchement, en cette période d’économies, d’état d’urgence et d’agitations sociales de toutes sortes, ne serait il pas temps de cesser de confondre grandeur et boursouflure ? Ne serait il pas temps de cesser toutes ces manifestations qui ne servent à rien ? Combien coûte cette représentation ? Des centaines de milliers d’Euros, voire plus. Et dès demain lorsque les salariés vont peupler les rues de France, on leur refusera les quelques dizaines d’Euros d’augmentations qu’ils réclament à cor et à cri.

Ces attitudes passéistes tranchent avec la volonté affirmée du nouveau président de changer tout cela. Le monde entier se moque de nous, en raison de cette inimitable façon que nous avons de nous prendre au sérieux, de croire que la France est le nombril du monde et que nous sommes les meilleurs.

Cela fait belle lurette que nous sommes une grande puissance de taille moyenne (Heny Kissinger), rien de plus. Or, ces cérémonies  font penser à une royauté, un peu comme Louis XIV à Versailles. Or, nous n‘en sommes plus là. IL est donc temps de le comprendre et d’amorcer un changement salutaire en direction de plus de sobriété : plus de passages de troupes en revue, plus de défilés, plus de remontée ni de descente en véhicule civil ou militaire…

On a un nouveau président. Très bien. Tout le monde le sait. Nul besoin d’en rajouter.

Maurice-Ruben HAYOUN

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Le professeur Maurice-Ruben Hayoun, né en 1951 à Agadir, est un philosophe, spécialisé dans la philosophie juive, la philosophie allemande et judéo-allemande de Moïse Mendelssohn à Gershom Scholem, un exégète et un historien français. il est également Professeur à  l’université de Genève

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6 Commentaires
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madeleine

Le Louis XIV du pauvre a choisi le Château de Versailles pour accueillir Poutine, en grandes pompes, sur le perron du Château. Il ne lui manquait que la perruque et l’épée ! cela rappelle son arrivée au Louvre, à pas lents pour mieux jouir de son effet, accompagné de la 9è symphonie de Beethoven…. « Le ridicule ne tue pas », dit-on ou « les c. çà osent tout, c’est même à cela qu’on les reconnaît » . Ce type est un manipulateur né, un mythomane. Le diable, paraît-il, se glisse dans la peau d’un charismatique, tout en sourires, regard bleu intense mais sûr de sa séduction et de l’effet qu’il produit. Mais derrière le sourire enjôleur….. Ce type est un dictateur, un malade mental. Les Français vont souffrir.

Renart

Moi j’ai trouvé le discours beau et bien senti et vraiment la cérémonie pas si fastueuse, surtout si on la compare avec une « inauguration » américaine, que les gens attendent pendant des mois. Ici nous avons une passation des pouvoirs une semaine après l’élection, un Premier Ministre le lendemain et un gouvernement le surlendemain…Il n’y a eu ni champagne qui coulait à flots ni caviar à gogo, ni feu d’artifice. Il y a eu quelques symboles, heureusement, il en faut ce jour-là. Arrivera-t-on enfin un jour à cesser de jouer en permanence le nain Grincheux de Blanche-Neige? Soyons enfin à l’unisson d’un président jeune et ouvert sur le monde. Il veut travailler, il est énergique. Souhaitons lui bonne chance!

madeleine

Que vous êtes naïf ! avec des gens comme vous, les êtres diaboliques ont encore de beaux jours devant eux….

szmuk

tout a fait d’accord cette passassion est outranciere et certainement extremement couteuse pour un pays qui a 2200 milliards de dette

Disraeli

Attendons de voir ce qu’il fera du défilé extrêmement coûteux du 14 juillet en termes d’aménagements, de déplacements et mobilisation de matériels et troupes..
Peut-être se décidera-t-il à le supprimer puisqu’on n’y voit pas les énarques.

Jg

Fantasia chez les ploucs !