Donald Trump se comporte en lèche-bottes et solde l’OTAN à Poutine

Le Donald peut bien parler fort et jouer au dur, il se mettrait à genoux devant la Russie s’il trahissait l’Alliance Atlantique. Et c’est pourtant bien ce qu’il en en train de faire.

Il n’y a pas si longtemps, j’étais assis avec le Ministre des affaires étrangères d’un pays européen membre de l’OTAN et je pensais qu’après une longue discussion concernant la Russie, l’Ukraine, Daesh, et la crise des réfugiés, je pouvais me permettre d’aborder le sujet de la candidature de Donald J. Trump. Juste à ce moment précis, un nuage bouffi d’orange s’est mis à migrer sur un écran de télévision surplombant avec un bandeau du sigle de CNN en-dessous (« Trump : La Femme de Cruz est Attirante », ou quelque chose du genre), provoquant le fait que le diplomate s’est penché en arrière sur sa chaise, a lancé ses mains au ciel et s’est exprimé tout naturellement : « C’est la fin de l’Occident! ». 

Cet argument du déclin et de la chute spenglerienne [Oswald Spengler est un philosophe allemand qui a écrit sur : « Le Déclin de l’Occident », publié en 1918, mais écrit avant la Première Guerre] nous a toujours accompagné, tout comme chaque génération successive ressentira toujours une nostalgie abstraite pour la gloire passée de l’ère de ses parents ou grands-parents. Il n’y a rien de tel qu’un Âge d’Or ou de Bronze, ou une « Fin de l’Histoire », parce que les choses ne sont jamais aussi bonnes ou mauvaises qu’elles ne l’étaient auparavant. Son propre point de vue est seulement altéré par le confort d’une prise de recul et le besoin scolaire de classer les longues périodes des temps de transformation. Et pourtant…

Il y a quelque chose concernant Trump, lorsqu’il  s’exprime pour le New York Times, dans l’article de David Sanger and Maggie Haberman à propos des silos nucléaires américains  » tellement rouillés qu’ils ne savent même pas si ces roquettes ne vont pas s’échapper », qui nous fait ressentir que l’Occident a peut-être vraiment dépassé sa date de péremption.

Ce n’est pas que le monde touche à sa fin, nécessairement, bien que ça pourrait bien arriver, avec ou sans l’assistance d’un promoteur immobilier et magnat narcissique de Manhattan posant le doigt sur le bouton. C’est que tout ce que les citoyens des démocraties libérales ont pris pour argent comptant depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale pourrait bien être  irrévocablement bouleversé.

Lorsqu’on l’interroge sur la suspension, le limogeage ou l’arrestation de plus de 50.000 personnes par le Président truc Recep Tayyip Erdogan, à la suite du coup d’Etat avorté de la semaine dernière, Trump déclare qu’il admire la ténacité du président turc à s’accrocher au pouvoir par n’importe quel moyen à sa disposition et qu’il ne s’inquiète guère plus que cela de qui sera piétiné en chemin.

L’Amérique n’est pas en position de juger des droits de l’homme ou de faire des procès, nous explique Trump : « Regardons juste ce qui se passe dans notre pays. Comment pouvons-nous faire la leçon à quiconque, quand des gens tirent sur nos policiers de sang-froid? Comment donner des leçons quand on voit des émeutes et les horreurs qui se déroulent dans notre propre pays? ».

Je m’attendais à ce que ce genre d’équivalence morale jusqu’auboutiste nourrisse le compte Twitter de l’Ayatollah Khamenei, les conférences de presse annuelles de Vladimir Poutine et les claviers du plus jeune des contributeurs freelance du journal Voici. Mais que dire d’un futur probable Commandant en Chef qui fait un geste de main masturbatoire, quand on lui pose la question de la désintégration politique et sociale d’un néanmoins allié (Erdogan) dans l’OTAN?

En plus de cela, Trump semble croire que la plus ancienne alliance militaire au monde n’est guère plus importante que de savoir si on a réglé sa facture en tant qu’Etat-membre. Pour un homme qui a passé sa vie à déclarer des faillites, à jouer au plus malin avec ses contractants et mettre des tas de gens au chômage, Trump est certainement obsédé par la « note à payer ».  Il semble penser que les Etats-Unis sont le bouclier de tous les autres alliés, mais que s’ils ne paient pas leur mensualité, on peut laisser leur maison être pillée ou cambriolée…

Les Etats-Unis se lanceront-ils à la défense des Etats Baltes s’ils sont envahis ou attaqués par la Russie? Lui demande Haberman. « Ont-ils rempli leurs obligations envers nous? » Répond Trump. « S’ils remplissent leurs obligations envers nous, la réponse est oui! ».

Sans spécifier ce que sont ces obligations, Trump évite de dire à partir de quand la réponse pourrait être « Non » ou « peut-être que oui, peut-être que non, en tant que Président, il approuverait la résolution de l’Article V pour venir à la rescousse de l’Estonie, de la Lettonie ou de la Lituanie, si « les petits hommes verts » ou les parachutistes ou Spetsnaz leur tombaient dessus.

Mais on peut aussi raisonnablement assurer qu’il pourrait bien ne rien faire du tout, si on s’en tient à ce qu’une de ces pom-pom’s Girls du GOP, à l’esprit confus, pressenti un temps comme éventuel Vice-Président, Newt Gingrich vient juste de déclarer sur CBS : « L’Estonie est dans les faubourgs de St Petersbourg… Je ne suis pas sûr que je risquerais une guerre nucléaire pour ça ». 

Est-ce que le Maine est dans les faubourgs du Québec? Il se pourrait qu’il le soit bientôt, ceci dépendant du fait de qui l’emportera le 8 Novembre. Toujours est-il qu’on ne peut pas minimiser ce qui est en train de se passer actuellement : un parti politique (les Républicains) qui autrefois faisait presque exclusivement campagne autour de la projection de la puissance des Etats-Unis et sur sa sécurité nationale vient juste de donner quitus à un adversaire revanchard qu’il peut semer le chaos à ses frontières et qu’il ne serza confronté à aucune répercussion sérieuse.

J’ai passé beaucoup de temps dans les Pays Baltes récemment, en particulier en Estonie où, avant les commentaires sans précédent de Trump, on observait déjà énormément d’inquiétude que les Américains ne soient pas prêts à mourir pour Narva,” une refrain populaire qu’on entendait de la part de l’école réaliste de l’appareil de politique étrangère à Washington, dans les mois qui ont suivi la conquête par Poutine de la Crimée (Narva est une ville frontalière estonienne où l’ethnie russe est prédominante, même si ses habitants n’ont aucune envie de se laisser envahir ou annexer par le voisin de la porte à côté). 

Est-ce que les Américains iraient mourir pour Narva? Quelle question aussi moche que stupide! Les Estoniens sont déjà aller mourir pour New York!

En ayant seulement rejoint l’OTAN trois ans après le 11 Septembre 2001 et n’ayant pas eu un seul mort à cause d’Al Qaïda, l’Estonie a, néanmoins, déployé un groupe de combat de 150 hommes en Afghanistan. Cela ne résonne pas comme représentant un chiffre important, mais il s’agit d’un pays d’un million de personnes.

Comme le Président Toomas Hendrik Ilves, né dans le New Jersey et ancien ambassadeur estonien aux Etats-Unis, me l’a dit ajourd’hui : « Nous avons subi, par habitant, l’un des taux de pertes les plus élevés en Afghanistan, avec une compagnie au beau milieu de la province d’Helmand, le fief des Taliban. J’ai rendu visite à nos gars, à bord d’un hélicoptère volant à basse altitude pour échapper aux tirs des Taliban. Les Brits et les Américains ont pensé que le président estonien était cinglé ». 

L’Estonie fait aussi partie d’un groupe de cinq Etats-membres sur 28 dans l’OTAN à dépenser réellement 2% de son PIB en moyens, comme il est stipulé dans les lignes directrices, loin d’être une exigence à toute épreuve. (Non, elle ne verse pas cet argent dans les coffres de l’Amérique, comme Trump semble penser qu’elle devrait le faire). « L’engagement de l’Estonie, quant à nos obligations vis-à-vis de l’OTAN, est sans nul  doute possible et les engagements des autres à son égard devraient être équivalents », m’a écrit par e-mail la Ministre des Affaires étrangères Marina Kaljurand, en réponse à l’interview de Trump dans le Times

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Marina Kaljurand, Ministre estonienne des Affaires étrangères.

La Lettonie et la Lituanie ont des contingents identiques de troupes présentes en Afghanistan, dans l’effort commun, et se tiennent à leurs obligations. Mais, ouais, le (possible futur) Président Trump peut simplement les mentionner comme une collection d’agences de recrutement et leur souhaiter bonne chance si les choses s’enveniment et tournent mal. J’entends qu’ils sont juste assez compétents (utiles) pour participer aux guerres de l’Amérique.

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Michael Weiss est rédacteur-en-chef du Daily Beast et co-auteur du Best-Seller du New York Times sur Daesh ISIS: Inside the Army of Terror. Il est aussi rédacteur de The Interpreter, une traduction en ligne et un journal d’analyse consacré à toutes les affaires Russes et Ukrainiennes.

BALTIC-LESS WONDER

07.21.16 7:25 PM ET

thedailybeast.com

[PS : les propos de l’auteur n’engagent que lui. Néanmoins son texte traduit l’attitude largement isolationniste qui s’est emparée de l’Amérique, depuis l’élection, entre autres de Barack Obma, à la suite des aventures militaires de GW Bush en Afghanistan et en Irak. Il semble que plus un seul candidat, serait-il « Républicain » au sens de Bush ou de Reagan, n’ait plus envie de mouiller sa chemise pour aucun de ses alliés… Nous ne sommes pas encore engagés dans une politique étrangère au stade de l’exécutif, mais simplement dans la prospective de décisions futures.. ]

Adaptation : Marc Brzustowski 

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jcg

Le journaleux qui ecrit dans ce torchon est un adepte de la secte hussein obama !

jcg

Eurabia ne merite pas l aide americaine .Si aujourd hui l invasion des muzzs plait a hussein obama ,pourquoi voulez vous que Trump s il est elu ,bouge le petit doigt si Poutine decide que son pays redevient la grande Russie !
L eurabia doit payer pour ses crimes contre les Juifs et ses actions criminelles contre l etat Juif !

aval31

La seule solution est la création d’une Europe démocratique à savoir Tchéquie, Slovaquie, pays baltes, Hongrie Pologne et Ukraine (éventuellement Angleterre) aidée techniquement en secret par Israel en opposition à la fois à l’Eurabia de l’ouest et au conglomérat mafieux russe.

Cette Europe doit être agressive dominatrice et s’emparer éventuellement de l’Europe de l’ouest islamisée.

Disons simplement que c’est le retour des chevaliers ailés du grand duché pour sauver l’Europe de l’invasion turque* mais cette fois ci se sera une invasion de l’est démocratique venant libérer les peuples de l’ouest de leur oppresseurs génocidaires d’eurabia.

*Les croissants existent pour commémorer cette action(c’est évidement le croissant islamique qui est mangé).

pas2koirire

Le President Trump???
Cet article est une trumperie je ne souviens pas que les elections americaines
aient deja eu lieu avec la victoire de Trump meme si elle est souhaitable vu ce que l on entend de l’autre cote