La communauté Internationale et la France feraient mieux de se focaliser sur l’unité palestinienne, et non contre Israël, pour relancer la Paix 

Un Tribunal Palestinien de Ramallah vient de suspendre, au début de ce mois, les élections locales qui étaient prévues pour se tenir à la fois dans la Bande cisjordanienne dse Judée-Samarie et dans la Bande de Gaza, le 8 octobre. Cela marque la onzième année sans la moindre élection dans aucun des deux territoires palestiniens. Tant que l’Occident continuera [de feindre] d’ignorer cette stagnation politique, toutes les perspectives d’avenir en vue d’un Etat Palestinien viable n’en deviendront que de plus en plus éloignées.

La faille a commencé de se creuser juste après la toute dernière fois que des Palestiniens aient jamais organisé des élections en 2006. la faction islamiste violente du Hamas avait alors largement remporté ces élections, déclenchant alors l’alerte dans toute la communauté internationale. La crainte était que l’Autorité Palestinienne, un gouvernement par intérim soutenu internationalement, tomberait sous le cobntrôle d’un groupe terroriste. Cela aurait lourdement compliqué le financement international, c’est le moins qu’on puisse dire. 

Aussi, quand  le groupe Fatah dirigeant la Bande a refusé de s’engager dans le partage du pouvoir avec le Hamas, la Communauté Internationale a soutenu ce blocage. Mais cela a inexorablement mené à la guerre civile palestinienne de 2007, au cours de laquelle le Hamas a arraché le contrôle de la Bande de Gaza. 

Aujourd’hui,  la Bande cisjordanienne et la Bande de Gaza sont deux entités irrémédiablement séparées. En dépit des probables aspirations partagées de leurs habitants à un Etat Palestinien unifié, ces deux territoires s’avèrent plus éloignés l’un de l’autre que jamais chaque jour. Ayant des groupes dirigeants, des économies,des bureaucraties et des patrons financiers distincts, il est de plus en plus difficile d’envisager la moindre réconciliation.

Certains observateurs soulignent les deux visions idéologiques rivales du Hamas islamiste et du Fatah encore considéré comme laïc, comme la seule vraie question et la seule pomme de discorde. Si c’était bien le cas en 2006, cela n’en est devenu que plus compliqué, voire insoluble actuellement. En effet, la guerre intestine entre les deux factions concerne moins l’idéologie, ces temps-ci qu’une lutte machiavélique pour la prise de contrôle. Leur incapacité à tenir des élections ensemble n’est qu’une manifestation extérieure de leur incapacité à risquer de perdre les territoires qu’ils contrôlent.

Mahmoud Abbas, le chef du Fatah, est à présent entré dans la onzième année de son mandat de quatre ans en tant que Président de l’Autorité Palestinienne. Il refuse de nommer un successeur ou même un Vice-Président. De façon remarquable, même le Calife de l’organisation terroriste Etat Islamique, Abu Bakr al-Baghdadi a des projets plus clairs qu’Abbas quant à sa propre succession. En bref, le leader âgé étouffe toute vie politique dans la Bande cisjordanienne de Judée-Samarie. Les concurrents, politiques sont destitués avec brutalité, la liberté de la presse s’est flétrie et les allégations de corruption, népotisme, favoritisme font des remous. L conséquence, c’est un  gouvernement autocratique et fragile perçu comme un outil de confiscation du pouvoir par Abbas, plutôt qu’un Etat au stade embryonnaire en train de naître. 

A l’autre bout de la division palestinienne, les choses ne vont guère mieux. Le gouvernement Hamasa été le premier élu en tant qu’alternative à la corruption du Fatah. Mais les dirigeants de Gaza dirigent le territoire comme un syndicat de la pègre. Le groupe islamiste continue de préparer de nouveaux conflits contre Israël plutôt que de s’occuper des problèmes économiques des gens qu’il est censé gouverner. L’aide humanitaire qui afflue à travers ce territoire notoirement surpeuplé et frappé par la pauvreté, est chapardé par le Hamas.

Un rapport affirme que le Hamas a volé 95 % du ciment destiné aux civils, même si la population a un besoin désespéré de rebâtir ses maisons et d’autres édifices détruits par la guerre de 2014 contre Israël que le Hamas a déclenché. La structure-même des cercles dirigeants du Hamas est tout aussi sclérosée que celle de la Bande cisjordanienne. Après de récentes élections internes tenues secrètes, Le Premier Ministre de facto de Gaza est à présent sur le point de devenir le dirigeant extérieur du groupe. Le peuple de Gaza n’a pas un mot à dire sur qui décide de son sort ni comment.

Plutôt que de répondre à ces défaillances,la communauté internationale continue de se focaliser sur l’obsession de ramener Israéliens et Palestiniens à la table de « négociations ». Quoique admirable, la quête de diplomatie qui promeut deux Etats pour deux peuples devient de plus en plus impossible à imaginer. Les Palestiniens ont déjà deux Etats, à eux seuls. Aussi ce dont on aurait le plus besoin, d’abord et avant tout, c’est d’un plan visant à s’attaquer à la stagnation politique palestinienne qui n’a fait qu’empirer au cours de cette décennie de négligence internationale crasse.

Un plan pour la succession politique et la revigoration est cruciale pour l’Autorité Palestinienne dans la bande cisjordanienne. Indépendamment de la façon dont les choses se déroulent avec Israël, le gouvernement intérimaire est la seule structure en mesure de faire fonctionner un futur « Etat ». Plus il perd en légitimité à domicile et à l’étranger, plus difficile ce sera d’envisager une solution viable à deux Etats.

Un plan visant à séparer le Hamas de la Bande de Gaza est une tâche encore plus ardue. Mais aussi longtemps que le Hamas y demeurera au pouvoir, plus les chances d’un gouvernement unifié et politiquement reconnu sont effectivement nulles.

Un nouveau Premier Ministre britannique vient récemment d’entrer en fonction. Un nouveau Président américain assumera son poste en janvier prochain. Les dirigeants français et allemands seront aussi élus l’an prochain. Avoir de nouveaux dirigeants signifie une nouvelle mentalité. Ce sera(it) crucial pour les Palestiniens, qui n’ont pas connu de nouveaux dirigeants en plus de dix ans.

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Jonathan Schanzer
20 Septembre 2016 – Newsweek

Jonathan Schanzer est Vice-Président de l’Institut Politique de la Fondation pour la Défense de la Démocratie basé à Washington D.C, auteur de Hamas vs Fatah: The Struggle for Palestine et ancien analyste du financement du terrorisme au Département américain du Trésor. Sur Twitter @JSchanzer

– Source : defenddemocracy.org

 

Adaptation : Marc Brzustowski

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