Munich marque le renforcement de la coopération militaire américano-russe en Syrie 

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A la fin de longues heures de débat à Munich, le Secrétaire d’Etat américain John Kerry a annoncé en début de matinée vendredi 12 février, que les Etats-Unis, la Russie et d’autres puissances s’étaient mis d’accord sur une « cessation des hostilités » dans la guerre civile en Syrie, qui doit prendre effet la semaine prochaine, avec un accès humanitaire à toutes les zones assiégées.

Le Ministre russe des affaires étrangères Sergei Lavrov a ajouté : « Le cessez-le-feu prendra effet vendredi prochain, le 19 février, mais a t-il insisté, les groupes « terroristes » continueront d’être pris pour cible. 

Ce sera probablement la toute première fois de sa carrière diplomatique que Kerry pourra aboutir à un document international qu’il aura lui-même initié comme des « paroles sur du papier », parce que, dit-il : « les preuves de cet engagement ne surviendront qu’avec son instauration sur le terrain ». Ce document a été signé par 17 nations, y compris par le Ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubayr pour l’opposition syrienne et le premier diplomate iranien Muhammed Javad Zarif, au nom du régime syrien d’Assad. 

Lavrov a listé les groupes terroristes qui continueront d’être pris pour cible, comme l’Etat Islamique- Daesh et le front Jabhat al Nusra, la succursale d’Al Qaïda en Syrie. Puisque les membres du Jabhat al Nusra sont incorporés dans de nombreux groupes rebelles a priori non-djihadistes, les analystes de Debkafile infèrent suffisamment de lacunes dans ce papier pour qu’il soit utilisé comme carte blanche par la Russie, l’Iran, la Syrie et le Hezbollah, de mener le combat contre tous les ennemis du régime Assad, bien après même que le cessez-le-feu ne devienne formellement « effectif »‘.

Le noeud de l’accord de Munich était, par conséquent, que les parties s’autorisent à nommer qui sont les terroristes. Cela a été formulé comme suit : « La détermination des cibles éligibles et des zones géographiques doit être confiée à une mission d’intervention formées de nations conduites par la Russie et les Etats-Unis ». 

Cela attribue la totalité de l’accord entre les mains conjointes des Etats-Unis et de a Russie. Lavrov a insisté sur le fait que « la principale chose consistera à bâtir des contacts directs, et pas seulement des procédures permettant d’éviter les incidents, mais aussi la pleine coopération entre nos armées ».

L’accord de Munich, par conséquent, a fourni le cadre permettant d’étendre la coordination américano-russe préexistante sur les vols des forces aériennes au-dessus de la Syrie, de façon à couvrir leur collaboration directe sur des aspects plus larges des opérations militaires dans ce pays déchiré par la guerre.

Lavrov a mentionné un changement « qualitatif » dans la politique militaire américaine vers la coopération avec la Russie, pour poursuivre le combat contre l’Etat Islamique, mais cela va clairement au-delà de ce point.

Les sources militaires de Debkafile révèlent que cette collaboration est en palce depuis décembre, quand les Président Barack Obama et Poutine ont conclu un pacte secret visant à travailler ensemble pour mettre un terme à la guerre syrienne.

Ce pacte implique une division des responsabilités militaires entre les deux puissances : les Américains prennent en charge les zones à l’Est de l’Euphrate, laissant aux Russes la responsabilité des territoires à l’ouest du fleuve. L’Accord de Munich donner à ce pacte son cadre formel.

Un simple coup d’œil à la carte présentée ci-dessus montre les spécificités de leur arrangement : 

L’armée russe prend le contrôle de tous les territoires du sud, du centre et de l’ouest de la Syrie, dont Damas, les villes de Dera’a au sud, Homs, Hama et Latakia, au centre, ainsi qu’Alep au nord. 

L’armée américaine prend le contrôle des villes kurdes d’Hassakeh et Qamishli, au nord, de la capitale de facto de Daesh à Raqqa et des régions frontalières entre la Syrie et l’Irak. Les secteurs de la frontière syro-turque sont divisés entre les Russes et les Américains. 

Par conséquent, derrière les grandiloquences diplomatiques, l’accord de Munich disant mettre fin aux hostilités en Syrie ne fait jamais qu’entériner la poursuite des hostilités, par la montée en puissance de l’intervention militaire américaine dans la guerre, à la fois par air et par terre, en étroite collaboration avec la Russie.

Pas plus Kerry que Lavrov n’ont fait la moindre référence à la crise massive des réfugiés, qui ne fait qu’augmenter avec le verrouillage de la frontière turco-syrienne, ce qui indique l’exclusion d’Ankara du cadre des délibérations de Munich et en tant que présumée grande puissance ayant le moindre droit de regard sur l’avenir de la Syrie.

 

DEBKAfile Reportage Spécial 12 Février 2016, 10:09 AM (IDT)

Adaptation : Marc Brzustowski

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Ixiane

Et la Turquie est contente ?

Shimon

Sauf que la, Hitler (Daech et Al qaida) est sous le talon.
C’est donc un compromis classique de rivalite de puissances.
La 3ieme guerre mondiale est un fantasme vide depuis la dissuasion nucleaire qui sanctuarise les puissances detentrices.

JeanD

De nouveaux accords de Munich, intéressant !!!

Ca me rappelle dans l’Histoire la préparation de la 2′ Guerre Mondiale :

Les accords de Munich furent signés entre l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l’Italie représentés respectivement par Adolf HITLER, Édouard Daladier, Neville Chamberlain et Benito MUSSOLINI (qui s’était commis en intermédiaire) à l’issue de la conférence de Munich, tenue du 29 au 30 septembre 1938.
Le président tchécoslovaque, Edvard Beneš, et le secrétaire général du parti communiste de l’Union soviétique, Joseph Staline, ne furent pas invités.

Cet accord fut conclu à Munich le 29 septembre 1938, on connaît la suite…
On parle de paix, mais tout le monde se préparaient à la guerre,
un peu comme maintenant…