L’un des terroristes de Londres était dans le documentaire TV « Les djihadistes de la porte à côté »

Khuram Butt — l’un des trois terroristes — est apparu en plein milieu de l’émission, l’an dernier ; des voisins, alarmés par son fanatisme, l’ont signalé aux autorités.

 

Khuram Shazad Butt, 27, l’un des suspects principaux dans les attentats du Pont de Londres, le 3 juin 2017 qui ont tué 7 personnes, apparaissait en tant que prosélyte dangereux dans un documentaire TV :’Jihadis Next Door’ (Les djihadistes « du palier d’en face- ou de la porte à côté »), l’an dernier en Grande-Bretagne. (Photo du haut : NIEUWS DAG/Screenshot)

LONDRES  — Khuram Shazad Butt, désigné lundi comme l’un des trois terroristes de Londres, était connu des services de renseignements du MI5 britannique et il illustrait même un documentaire sur le sujet, intitulé : « Les djihadistes de la porte à côté », diffusé l’an dernier.

Les voisins ont identifié Butt dans la séquence d’un film documentaire, lundi, illustrant une scène dans laquelle on le voit participer à une séance de prière provocatrice à Regents Park, près de la plus grande Mosquée de Londres, aidant à déployer un drapeau noir recouvert de lettres blanches en arabe, identique à celui utilisé par l’Etat Islamique, qui a revendiqué sa responsabilité dans cet attentat.

On aperçoit aussi Butt dans le film, s’étendant sur la pelouse et hochant de la tête en écoutant un prêche dans lequel le prédicateur dit à ceux rassemblés : «  Ce n’est pas la vraie vie, mes chers frères. C’est un temps éphémère pour nous ».

Butt a travaillé dans le métro londonien durant six mois, l’an dernier en tant qu’assistant stagiaire au service clientèle, ont déclaré les Transports de Londres à la BBC. Les médias britanniques disent qu’il a aussi travaillé dans la chaîne de restauration raide, fast-food KFC et qu’il était un fan passionné de Football.

La police britannique a identifié ce Pakistanais né Britannique âgé de 27 ans comme l’un des trois assaillants, disant qu’il était connu des autorités, bien qu’elles n’aient pas disposé de preuves certifiées qu’il puisse préparer un attentat meurtrier. Ils ont identifé un second terroriste qui n’avait pas élevé de soupçons, avant le déchaînement terroriste de samedi, où sept personnes ont été assassinées.

Alors que les détails émergent concernant Butt, cependant, ils ne font que déclencher des avalanches de questions pour savoir si’l n’était vraiment pas possible de l’arrêter plus tôt.

Ses opinions extrémistes ont provoqué les plaintes de nombreuses personnes qui sont allées voir les autorités. Parmi eux, on trouve un adolescent qui fréquentait la même salle de gym que Butt et qui a déclaré avoir été approché pour l’inciter à rejoindre l’Etat Islamique, ainsi qu’une femme qui a dit à la police qu’elle craignait qu’il ne radicalise des enfants, selon le Times.

Mohammed Shafiq, Chef du Think tank de la Fondation Ramadhan, a déclaré avoir été agressé verbalement par Butt dès 2013 à l’extérieur du Parlement Britannique.

Il dit que Butt l’a traité de « traitre » en arabe et l’a accusé d’être une marionnette du gouvernement.

Shafiq a déclaré que Butt était à l’époque, adepte du prêcheur radical Anjem Choudary, l’ancien dirigeant d’un groupe désormais interdit : al-Muhajiroun.

Khuram Shazad Butt (gauche) et Rachid Redouane (droite), deux des trois terroristes. (Metropolitan Police)

Caday a été condamné à cinq ans et demi de prison, en septembre, pour encouragement au soutien apporté aux djihadistes de Daesh.

Parmi les radicalisés par Muhajiroun, on trouve les terroristes-suicide qui ont tué 52 personnes dans le système de transport de Londres, en jullet 2005 et les hommes qui ont assassiné et mutilé le soldat Lee Ridby, au beau milieu de la capitale et en plein jour, en 2013.

 « Je ne suis absolument pas surpris que Khuram Butt ait commis un attentat terroriste et il y a de sérieuses questions à se poser quant à la façon de travailler des autorités », a conclu Shafiq.

Une voisine, Erica Gasparri, a contacté la police, il y a environ 18 mois. Cette mère de 3 enfants, âgée de 42 ans travaillait dans une école locale quand elle remarqué que Butt, connu sous le pseudo d’Abu Mohamed, rencontrait des enfants du coin et qu’il essayait de les entraînés dans son radicalisme.

 « C’était répréhensible ce qu’il faisait, Il n’arrêtait pas de parler de l’Etat Islamique. J’étais très en colère ».

Salaudeen Jailabdeen, qui vivait près de chez Butt, a déclaré que le terroriste avait été, une fois, expulsé d’une mosquée locale pour avoir interrompu un imam. Un autre voisin, Michael Mimbo, dit avoir vu le Van utilisé dans l’attaque près de son domicile, samedi, mais qu’il n’a pas vu précisément qui était au volant. Il dit que le véhicule a été aperçu prenant la mauvaise direction dans la rue à sens unique et qu’o l’a vu un peu plus tard accélérer, suivi de près par une petite voiture rouge.

Policiers armés près du Borough Market à Londres, le 4 juin 2017. (AFP/Odd ANDERSEN)

 « Il était d’ordinaire plutôt amical, mais soudain… il n’agissait pas normalement. Il n’était pas agressif, il avait l’habitude de bavarder, mais plus tard, c’était tout juste « salut et « bye » déclare Salaudeen, 40 ans, instructeur d’auto-école.

Rachid Redouane, utilisant alternativement le surnom d’Elkhdar, prétendait être Marocain et Libyen. Il utilisait deux dates de naissance différentes qui lui donnaient soit 25 soit 30 ans, selon les autorités.

Le dernier assaillant à avoir été identifié est un Italien d’origine marocaine. Youssef Zaghba, de père marocain et de mère italienne, était né à Fez, dans le nord du Maroc, en 1995. Scotland Yard a précisé que l’individu n’était pas connu des services de sécurités britannique. Mais, selon le Corriere della Serra, il l’était côté italien. Il avait notamment été bloqué en 2016 à l’aéroport de Bologne alors qu’il tentait de se rendre en Syrie. Il avait fait l’objet d’une enquête pour d’éventuelles activités liées au terrorisme international mais avait ensuite été remis en liberté, a précisé le quotidien italien. Les autorités l’avaient placé sur une liste de personnes «à risque» et avaient informé à la fois le Royaume-Uni et le Maroc de ses déplacements, ajoute le journal italien.

L’impact politique

Les élections législatives se tenant jeudi, l’attentat a eu de profondes répercussions sur le débat national, l’outsider Jeremy Corbyn exigeant la démission de Theresa May, qui a occupé les fonctions de Secrétaire de l’Intérieur durant six ans avant de devenir Première Ministre. Durant cette période, le nombre de policiers a chuté de 20.000 postes, ce qui constitue une véritable aubaine pour son adversaire, appelant à la « sortir » par la sanction électorale.

 « Nous en appelons à une restauration du nombre de policiers mobilisables et nous exigeons qu’elle s’en aille, à cause du préjudice causé aux effectifs de policiers ».

Theresa May au 10 Downing Street le 4 juin 2017. (AFP/Justin TALLIS)

May affirme au contraire, qu’elle a protégé les budgets de la police et augmenté le nombre de policiers armés et a répliqué au doigt pointé par Corbyn en montrant que son adversaire ne correspond pas au profil de l’emploi en temps de crise à surmonter et qu’il serait bien incapable de préserver la Grande-Bretagne en période de menaces élevées. « Nous avons accordé des pouvoirs supplémentaires à lapolice pour qu’elle puisse faire face aux terroristes, des moyens auxquels Corbyn s’est toujours dit opposé ».

Etant donnée la rapidité avec laquelle les attentats se sont terminés (8 minutes), il n’est pas évident que le fait d’avoir plus de policiers engagés dans la bataille aurait permis d’empêcher ces événements, mais des questions subsistent pour savoir si les enquêteurs disposaient des ressources suffisantes pour étudier sérieusement les diverses plaintes à propos notamment de Butt et si des occasions cruciales n’ont pas été manquées qui auraient permis de sauver des vies humaines.

C’était la troisième attaque en moins de 3 mois, où les suspects ont été, à un moment donné, sur l’écran-radar des services de police.

Dans le cadre du programme antiterroriste britannique, les habitants sont encouragés à alerter la police en cas d’activités suspectes. La police procède alors à des recoupements pour savoir si la personne a déjà fait l’objet de rapports pour des activités similaires. De là, un certain nombre de scénarios peuvent prendre forme. Le dossier peut être rejeté ou si la plainte paraît fondée, les responsables de la police peuvent ouvrir une enquête. Le test en grandeur réel survient quand on détermine si la personne a le potentiel pour devenir violent et ce que sont les ressources disponibles pour l’enquête. Surveiller un suspect 24 sur 24 peut exiger la présence de 20 agents des renseignements et de la sécurité.

Fonction des effectifs, il subsiste une vraie question pour savoir comment cette évaluation est réalisée. Etant données les dernières attaques, on a l’impression que les individus étaient sur l’écran-radar des services, mais que, malgré tout, ils ont conservé suffisamment de marge de manœuvre pour pouvoir nuire.

La police a mis échec 18 complots terroristes depuis 2013 et poursuit 500 enquêtes actives impliquant environ 3000 individus à tout moment, selon deux sources anonymes de la sécurité.

On considère que 20.000 individus gravitent autour de ce noyau dur, selon ces mêmes sources.

Le pays était resté en alerte « critique » à la suite de l’attentat de Manchester, le 22 mai, reflétant l’évaluation ne autre attaque du même type pouvait survenir, commis par des complices éventuels dotés de bombes similaires et encore en cavale.

May a déclaré que les trois attentats –dont celui contre le Parlement en mars – n’étaient pas connectées au sens opérationnel des événements, mais reliés entre eux par ce qu’elle désigne comme « l’idéologie perverse » de l’Islam extrémiste.

La plupart des stations de métro fermées après l’attaque ont été rouvertes et certains résidents enfermés à l’intérieur ont pu en réémerger pour la première fois depuis les violences.

Rassemblements et commémorations, discours officiels comme celui du Maire Sadiq Khan se poursuivent, sans qu’on sache s’ils traduisent des résolutions fermes, ou s’ils s’évanouiront une fois les événements passés, sous les amas de bouquets de fleurs, les nounours en peluche et les démonstrations compassionnelles, comme dans les cas précédents.

Par AGENCES 6 juin 2017, 3:12 am

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