Des bombardements ont eu lieu après qu’Ankara ait subi sa première perte militaire depuis son lancement de l’offensive sur deux fronts contre l’Etat Islamique et la milice kurde syrienne à l’intérieur de la Syrie, mercredi.

Au moins 20 civils ont été tués et 50 blessés dans les tirs de l’artillerie et ses frappes aériennes turques contre le village de Jeb-el-Kussa, mercredi, selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme. 

20 autres ont été tués et 25 blessés, beaucoup très grièvement, dans des frappes aériennes turques près de la ville d’Al-Amarneh.

Cet observatoire affirme aussi que 4 combattants kurdes ont été tués et 15 autres blessés dans les bombardements turcs sur ces deux zones.

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Des soldats turcs dans un tank en route pour la Syrie depuis la ville frontalière turque de Karkamis, le 27 août 2016

Des affrontements ont opposé des militaires turcs et des combattants kurdes ou soutenus par ces derniers dans le nord de la Syrie, où un premier soldat turc a été tué depuis le lancement d’une offensive d’envergure par Ankara.

Première perte annoncée côté turc, un soldat a été tué samedi dans une attaque à la roquette menée par des membres du Parti de l’Union démocratique (PYD), la principale milice kurde de Syrie, contre deux chars d’Ankara, selon l’agence de presse progouvernementale turque Anadolu. Trois autres soldats ont été blessés.

Des dizaines de blindés et des centaines d’hommes sont mobilisés dans le cadre de l’opération « Bouclier de l’Euphrate », qui a été initiée mercredi et vise à la fois le groupe jihadiste Etat islamique (EI) et les milices kurdes.

La Turquie considère le PYD et son aile militaire, les YPG (Unités de protection du peuple kurde), comme des organisations « terroristes », bien qu’elles soient épaulées en tant que forces combattant efficacement les jihadistes par les Etats-Unis, alliés d’Ankara.

Les blindés ont été attaqués dans la région de Jarablos, ville que des rebelles soutenus par la Turquie ont reprise mercredi à l’EI, a expliqué de son côté l’agence de presse Dogan.

Ces affrontements sont intervenus au lendemain de l’annonce par Washington et Moscou, qui soutiennent des camps opposés en Syrie, de progrès pour parvenir à un cessez-le-feu, tandis que les hostilités se poursuivaient dans ce pays, notamment à Alep (nord).

– ‘Nouvelle phase’ –

« Les chars turcs ont avancé aujourd’hui jusqu’aux abords de la localité d’al-Amarné dans la province d’Alep, au sud de la frontière, et des combats ont alors éclaté entre eux et des combattants appuyés par les forces kurdes », a dit à l’AFP le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

Un responsable de l’administration semi-autonome kurde en Syrie a confirmé à l’AFP ces accrochages.

Al-Amarné se situe à 8 km au sud de Jarablos, où les rebelles s’affairaient samedi à désamorcer les engins explosifs laissés par l’EI.

Toujours au sud de cette ville, l’armée turque a détruit samedi un poste de commandement de « groupes terroristes », a signalé Anadolu, sans préciser quels groupes étaient visés.

Mais des rebelles soutenant les Kurdes en Syrie ont affirmé avoir été pris pour cible par l’aviation turque.

« Des avions turcs ont bombardé nos positions ce matin dans le sud de Jarablos et dans le village de Til-Emarne où vivent des civils », a annoncé dans un communiqué le Conseil militaire de Jarablos, lié au Forces démocratiques syriennes (FDS) pro-Kurdes.

« Avec cette agression, une nouvelle phase du conflit va s’ouvrir dans la région », a-t-il ajouté.

Plus tôt samedi, l’armée turque avait envoyé six nouveaux blindés en Syrie, selon un photographe de l’AFP à Karkamis, à la frontière turque. Après trois jours d’opérations, elle dispose désormais de 50 chars et de 380 soldats dans ce pays, selon le quotidien Hürriyet.

– Roquettes sur l’aéroport de Diyarbakir –

Pour la Turquie, cette offensive vise entre autres à empêcher les Kurdes syriens de former une ceinture continue le long de sa frontière, alors qu’elle affronte déjà les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) sur son propre territoire.

Plusieurs roquettes se sont abattues samedi soir sur l’aéroport de Diyarbakir (sud-est) sans faire de victimes, a indiqué dans un communiqué le gouverneur de la province, Hüseyin Aksoy, pointant du doigt le PKK. Une « opération d’envergure » a été lancée pour arrêter les assaillants, a-t-il ajouté.

Cette attaque est survenue au lendemain d’un attentat revendiqué par le PKK dans lequel au moins 11 policiers avaient trouvé la mort à Cizre (sud-est).

Par ailleurs, en Syrie, le régime a repris samedi Daraya, une des premières villes à s’être soulevées contre Bachar al-Assad, après l’évacuation de la population de cet ex-fief rebelle situé près de Damas et soumis pendant quatre ans à un siège impitoyable.

Au même moment, des barils d’explosifs ont de nouveau été largués par les forces gouvernementales sur un quartier d’Alep aux mains des insurgés, faisant au moins 15 morts et plusieurs blessés parmi les civils, selon l’OSDH.

fr.news.yahoo.com

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L’intervention turque, ultime tentative pour éviter un “Kurdistan syrien” (experts)

Beyrouth, 25 août 2016 (AFP) — L’intervention de la Turquie en Syrie, avec comme couverture des rebelles qui lui sont acquis, vise à éviter que son cauchemar ne devienne réalité: la création d’un “Kurdistan autonome syrien”, estiment des experts.

Cependant, Ankara va avoir du mal à freiner les ambitions territoriales kurdes à moins d’entrer directement en conflit avec eux, notamment pour les empêcher de s’emparer de la ville stratégique d’al-Bab, tenue actuellement par les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

“La question kurde est désormais en tête des priorités du (président Recep Tayyip) Erdogan en Syrie, car les factions kurdes liées au PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) se sont emparées de vastes territoires dans le nord”, résume Aron Lund, du Centre Carnegie Endowment for International Peace.

“Et la perspective d’un mini-Etat du PKK, financé par le pétrole et appuyé par les Etats-Unis, à sa frontière sud est un cauchemar pour Ankara”, ajoute-t-il.

Profitant de la guerre, les Kurdes de Syrie, qui représentent 15% de la population, ont auto-proclamé en mars une “région fédérale” composée de trois “cantons”. Ils contrôlent désormais 18% du pays, un territoire où vivent quelque deux millions de personnes, dont 60% de Kurdes.

Selon Aron Lund, c’est la prise de Minbej à l’EI fin juin, et surtout la volonté affichée des Kurdes d’avancer vers l’ouest et la ville de Jarablos qui a précipité l’intervention turque, car les Etats-Unis avaient promis à Ankara d’empêcher les Forces démocratiques kurdes (FDS, une coalition largement dominée par les Kurdes) de traverser l’Euphrate vers la province d’Alep.

La “Turquie a tous les droits d’intervenir” si les forces kurdes ne se retirent pas rapidement à l’est de l’Euphrate, plus loin de la frontière turque, a déclaré jeudi le ministre turc de la Défense Fikri Isik.

– Neutralité bienveillante d’Assad –

“Il est clair que la prise de Minbej par les FDS a profondément irrité Ankara et, depuis, la Turquie agit pour contrer cette avancée”, estime aussi Mutlu Civiroglu, expert des affaires kurdes basé à Washington.

“Les FDS se préparent à aller prendre al-Bab, une localité qui est cruciale pour relier les cantons de Kobané et d’Afrine. Ankara pense qu’empêcher les FDS d’atteindre Afrine est très important pour ses intérêts. C’est dans ce contexte qu’il faut voir son intrusion à Jarablos”, selon lui.

Kobané, au centre, et Afrine, à l’ouest, sont distants de 200 km. En prenant le 23 juin Minbej, les miliciens kurdes ont fait un pas important dans la concrétisation d’une large région autonome dans le nord de la Syrie qui passe désormais par la prise d’al Bab, sauf si les Turcs les en empêchent.

“Selon moi, les Kurdes vont persévérer dans leur rêve et ils ne vont pas se laisser faire”, assure M. Civiroglu.

Un porte-parole des Unités de protection du peuple kurde (YPG), Redur Xelil, affirme ainsi à l’AFP que “les YPG sont des Syriens et que, de ce fait, les Turcs ne peuvent pas imposer des restrictions aux mouvements des Syriens sur leur terre”.

Dans cette opération, les Turcs savent qu’ils peuvent compter sur une neutralité bienveillante du régime de Bachar al-Assad, malgré leurs autres désaccords sur la guerre.

“Le gouvernement turc s’est lancé dans l’opération de Jarablos en sachant qu’Assad se contenterait d’une condamnation symbolique, car les deux pays considèrent les Kurdes comme une menace”, relève M. Civiroglu. “C’est pourquoi ils pensent qu’une actions urgente est nécessaire pour bloquer les gains des Kurdes et les empêcher de créer leur fédération”.

Cependant, estime Fabrice Balanche, géographe français expert de la Syrie, “bloquer l’avancée des Kurdes ne va pas être facile. Pour l’instant la prise de Jarablos n’empêche pas la jonction des deux cantons kurdes, sauf si la Turquie envoie ses chars plus au sud, vers al-Bab”.

Mais cet expert “doute que la Russie laisse faire”. “Il y a probablement eu un accord Russie-Turquie pour une intervention de 15 km au maximum à l’intérieur de la Syrie, mais pas plus”, selon lui. Or al-Bab est située à une trentaine de kilomètres de la frontière.

“Les Kurdes pourront toujours connecter Afrine et Minbej par un petit corridor, lequel pourra être coupé quand bon semblera par Assad-Poutine si les Kurdes ne sont pas sages”, avertit M. Balanche.

afp

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Lucchini Patrice

Cette intervention turque est illégale, vise à permettre aux groupes islamistes de se reconstituer à l’abri du bouclier turc et bien entendu à éviter la jonction entre forces kurdes irakiens et syriens. Là encore, comme au Yémen, la « communauté internationale », l’ONU et les occidentaux choisissent la pire des solutions en laissant faire le sultan ottoman. Il n’y a que les Russes à avoir une politique à la fois pragmatique quant à leurs intérêts et intelligente et lucide en ce qui concerne les enjeux régionaux; Ce faisant ils sont qu’on le reconnaisse ou non du « bon » côté de la barrière.

JeanD

Il est temps d’inclure la Turquie comme pays,
soutenant clairement les mouvements islamistes extrémistes,
et donc, leur interdire d’intervenir en Syrie !!!

On sait bien, que la Turquie est la plaque tournante des islamistes, donc qu’ils ne vont pas combattre contre leurs « alliés »,
mais contre les Kurdes !!!

Je suis désolé, mais selon l’ONU, la Syrie est encore un pays souverain, donc la Turquie n’y a pas sa place…
Le viol d’un territoire souverain est une déclaration de guerre !!!

Faut-il les laisser faire un génocide contre les Kurdes,
les bras croisés ?! Et après dire, on savait pas…

Je doute que l’Armé Turque respecte les droits de l’homme,
vis à vis des civiles Kurdes…on nommera cela dommage collatéraux !