Les missions secrètes d’Israël opèrent un changement
Israël a tiré les leçons de ses missions passées et devient plus dangereux encore pour ses ennemis

 

Aux premières heures de mercredi matin, les Forces aériennes d’Israël ont frappé en Syrie, selon des reportages venus du Liban et de Syrie. La cible était un convoi transportant des armes qui étaient censées être transférées clandestinement de Syrie vers le Hezbollah au Liban. On n’a pas mentionné de blessés lors de l’opération, cependant, si un convoi a effectivement été détruit, on peut être quasi-certain qu’il y en a eu et probablement des morts aussi. Les médias israéliens ont mentionné ces récits dans les brèves du matin et les médias arabes l’ont couvert avec une certaine nonchalance liée à l’habitude. Cela marquait la sixième fois depuis le dernier mois de décembre que les médias arabes faisait mention d’une nouvelle frappe israélienne en Syrie.

Trois jours auparavant, Daesh dans le Sinaï a affirmé que les Forces Aériennes israéliennes l’avait frappé, tuant sur le coyup cinq membres de l’organisation à Rafah, du côté égyptien. Une autre cellule de Daesh a alors tenté de répliquer par un tir de roquettes inefficace contre la région d’Eshkol dans le Sud d’Israël. Elle n’a pas eu honte de diffuser des photos sur lesquelles on les voit en train de placer des roquettes de 107 mm sur des sacs de sable de façon parfaitement amateur. C’était la cinquième fois depuis décembre que Daesh dans le Sinaï affirme que les forces aériennes israéliennes agissent contre la filiale du mouvement dans le Sinaï.

C’est le nouveau Moyen-Orient au milieu duquel Israël agit et frappe (ou est censé le faire, selon les reportages étrangers, bien sûr) partout où l’Etat Juif a besoin de faire progresser ses intérêts, que ce soit en Syrie hostile ou en Egypte, avec l’approbation du régime d’El-Sissi. L’effondrement des Etats de la région a simplement rendu les choses plus faciles pour Israël : larguer dix tonnes d’explosifs sur un pays tranquille et organisé attirerait l’attention,mais frapper un pays dans lequel des centaines de tonnes de bombes explosent chaque jour se fait à peine remarquer.

Bien avant que le Moyen-Orient n’ait commencé à partir en pièces détachées, le concept de bataille entre les guerres a été développé en Israël. Ce concept part du fait de la compréhension par Israël que de se lancer dans des guerres et de vastes opérations militaires entraîne avec soi des coûts important et même insoutenables : en vies humaines, sur le plan économique et dans le fait d’avoir des difficultés à maintenir sa légitimité internationale. Le concept du combat entre les guerres, qui a été développé depuis au moins une décennies et demie, part du principe qu’il y a énormément de choses qu’Israël peut faire sans  avoir besoin de déclencher une guerre.

Selon ce concept, les ennemis d’Israël doivent se sentir perpétuellement menacés. Il doivent être pris par surprise partout où on les trouve et contraints d’investir énormément de temps et d’énergie pour se défendre, ce qui leur laissera d’autant moins de temps pour planifier des attaques contre Israël. Le combat entre les guerres est destiné à entraver perpétuellement les capacités de l’ennemi, dans le but d’empêcher la survenue de la prochaine guerre. Et si une guerre devait finalement arriver -le combat entre les guerres est destiné à s’assurer que l’ennemi se trouvera dans la pire des situations pour lui, quand elle commencera.

Les attaques en Syrie, qu’on attribue à Israël, n’empêche pas complètement le Hezbollah d’acquérir des systèmes avancés d’armement, mais sans ces attaques, le Hezbollah disposerait de bien plus de moyens de défense navale et aérienne. Daesh dans le Sinaï ne sera pas plus vaincu uniquement par des frappes aériennes et pourtant ce groupe n’a presque jamais agi contre Israël au cours des deux dernières années. Et il n’est ici question que des opérations dont nous entendons parler.

Plus de 99% des activités de cette bataille entre les guerres n’arrive pas jusqu’aux oreilles du public ou des médias israéliens. La vaste majorité des opérations restent secrètes et même ceux qui en subissent l’impact  ne sont pas toujours au courant de qui les commet. Il n’y a qu’une faible fraction des opérations dont le public entend parler, quand Israël n’a pas d’autre choix que d’employer la force aérienne. Une frappe aérienne amène, la plupart du temps à en avouer (au moins du bout des lèvres) la responsabilité et on ne l’entreprend qu’en prenant le risque que cela contraindra l’autre camp à répliquer. Mais le reste du temps , les opérations demeurent anonymes.

Les services de renseignements civils

Il y a sept ans, la Police de Dubaï a révélé l’identité (apparente) de ceux qui ont perpétré l’élimination de l’agent de liaison du Hamas avec l’Iran, Mahmoud al-Mabhouh. Les passeports utilisés par les liquidateurs ont été exposés sur les écrans du monde entier et chaque pays pouvait découvrir où ces passeports avaient déjà été utilisés auparavant, où ils se trouvaient et qui leur avait rendu visite. La liquidation de Mabhouh a signalé au monde que les opérations qui marchaient très bien au XXème Siècle avaient à présent perdu toute pertinence et efficacité, à l’ère du monde technologique du XXIème Siècle.

Sept ans plus tard, il semble que les leçons de Dubaï ont été retenues. En décembre, l’ingénieur du Hamas en drone aériens et sous-marins, Mohammed al-Zoari a été éliminé dans la ville tunisienne de Sfax. La police a arrêté dix personnes – toutes ces personnes auraient collaboré avec les tueurs (Kidonim), mais à leur insu. Ils ont loué des voitures et acheté des téléphones portables pour le compte d’une « société de production européenne ».

Parmi les personnes appréhendées, on trouve une journaliste tuniso-hongroise embauchée par la compagnie de production, dans le but de faire un film documentaire avec et sur Zoari. Comme le lui ont ordonné ses « clients », elle a rencontré Zoari deux fois et a convenu d’une troisième rendez-vous,mais elle ne s’est pas montrée à la troisième rencontre. A sa place, deux liquidateurs sont arrivés sur place et ont tiré environ vingt balles sur Zoari. L’enquête de la police tunisienne a révélé les passeports utilisés par ces tueurs, mais aussi que ces passeports ne pouvaient être mis en relation avec aucune autre activité.

Employer des civils ou des « dupes » en jargon du renseignement,  permet aux services d’espionnage d’opérer dans le monde filmé et en réseau d’aujourd’hui. L’assassinat en Malaisie de Kim Jong-Nam,le demi-frère du dictateur nord-coréen Kim Jong-Un est parfait exemple d’un tel usage. « L’équipe » d’une émission de Télé a demandé à deux jeunes femmes, Vietnamienne et Indonésienne, de participer à des blagues filmées (en caméra cachée). On les a emmenées dans des centres commerciaux, où on les a entraînées sur des civils innocents. Une des femmes devait se tenir en face et attiré l’attention de la victime, alors que l’autre les surprendrait pas derrière et leur prendrait le visage entre ses mains.

Après avoir fait la preuve de leurs talents, les deux jeunes femmes ont été emmenées à l’Aéroport de Kuala Lumpur et on leur a alors demandé de faire leur farce à Kim Jung-Nam, qui se trouvait à un bureau d’envol. Cette fois, elles n’ont pas fait que prendre le visage de leur victime, mais lui ont aussi pulvérisé un jet de poison dans la figure. On ne sait toujours pas précisément si elles comprenaient ce qu’elles faisaient, puisque l’une d’entre elles, au moins, s’est précipitée pour se laver les mains après l’action. Jong-Nam est mort avant d’atteindre l’hôpital.

La Police malaisienne a arrêté les deux femmes et un autre suspect Nord-Coréen. Quatre autres membres de l’escouade ont été en mesure de fuir le pays. Trois autres n’ont pas eu assez de temps et se sont précipités pour demander refuge à l’Ambassade Nord-Coréenne, désignant ainsi le coupable. La planification de l’opération était brillante,bien que l’exécution ait connu moins de succès.

Israël a tiré les leçons d’il y a 20 ans à Amman et se méfie des opérations d’empoisonnement en public et dans les endroits surveillés. Les opérations israéliennes sont, dorénavant bien plus complexes et souvent elles combinent plusieurs disciplines : des renseignements humains, de la surveillance cybernétique, des renseignements technologiques et même la coopération avec d’autres pays. Un des choses les plus importantes dans ces opérations de « bataille entre les guerres » et que lorsqu’Israël attelle les meilleurs talents et ressources afin d’accomplir un mission et d’atteindre son but, rien ne peut l’arrêter.

Mais il est important de choisir minutieusement le but vers lequel nous dirigeons tous ces ressources. Le Chef d’Etat-Major de l’armée a annoncé, la semaine dernière qu’Israêl a déjà investi 2,5 milliards de shekels dans le développement d’une solution technologique contre la construction de tunnels par le Hamas sous Gaza. Aussi, avant de nous offrir la joie de la Catharsis constituée par le rapport du Contrôleur de l’Etat et de prendre le deuil de la façon dont nous avons échoué à gérer la question des tunnels, il vaut mieux arrêter et réfléchir pour savoir combien encore nous voulons vraiment investir sur cette question.

Voulons-nous vraiment engagé d’énormes parts du budget de la Défense pour traiter les tunnels? Sans sous-estimer la menace posée par ces tunnels, on ne doit pas faire comme s’il s’agissait de la totalité de nos problèmes. Nous sommes confrontés à de nombreux défis et menaces et notre capacité à les gérer souffrira si nous engouffrons tout notre argent dans les souterrains.

L’auteur est analysyte militaire  pour la 10ème chaîne d’actualité.

Par ALON BEN-DAVID
 25 février 2017 10:47
jpost.com
Adaptation : Marc Brzustowski

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VINCENT

Parfait,merci de l’info.