Les camps contre Le Pen : outrance ou/et banalisation?

Commentaire : JForum conserve un respect infini pour le travail incomparable de la famille Klarsfeld et il ne s’agit pas, ici d’ajouter les excès de la polémique à une forme de contre-publicité qui vaut ce qu’elle vaut, mais se mesurera à son utilité et à son efficacité.

Peut-on, dans le même souffle, se revendiquer de l’unicité incommensurable de l’événement et, de l’autre, en faire un élément de langage comparatif dans une campagne politique? Faut-il assimiler le néo-Boulangisme de Le Pen, son populisme fort en gueule ou les retours du refoulé depuis les anti-Dreyfusards, à la grande marche aux flambeaux, en 1933 à Nuremberg, aux autodafés, à la Nuit de Cristal? Viktor Klemperer écrivait (LTI : Lingua Tertii Imperii, la Langue du IIIème Reich), depuis son Exil intérieur, la déstructuration du langage, de l’esprit et de la culture par la novlangue nazie. Comment ne pas voir que le comparatisme sauvage : « tout est dans tout », « tout se vaut », relève de ce même anéantissement des ressources historiques propres à notre culture? 

L’autre vrai problème vient du fait indéniable d’une connivence entre islamogauchisme et terrorisme, où une majorité silencieuse musulmane se tait face l’extrémisme islamonazi de ses franges dites « radicalisées ». Comme les Allemands d’hier, cette masse inerte est coresponsable de la montée aux extrêmes, des deux côtés du spectre politique… C’est précisément parce qu’on ne parvient plus à isoler pour l’analyser correctement la spécificité de notre époque qu’on semble en venir à des comparaisons ineptes. 

On doit à Serge Klarsfeld d’avoir veillé sur les souvenirs et fiches de police de nos proches recherchés, arrêtés, déportés, le plus souvent assassinés dès leur arrivée à Auschwitz-Birkenau. Les prises de risques non-calculés, lors des actions dangereuses exercées par Beate, en particulier, contre d’anciens Nazis et les pays qui les hébergeaient ont suscité toute notre admiration. 

Mais était-il « opportun » d’afficher les barbelés des camps pour faire la promotion de l’activisme Castor (faire barrage) à droite comme à gauche, et élire contre vents et marées Emmanuel Macron, qu’on se retrouve ou pas dans son bilan, son héritage, son itinéraire et ses nouveaux projets?

Le véritable danger est de jouer sur le terrain souhaité par Marine Le Pen elle-même et d’en arriver à des comparaisons qui choquent par leur invraisemblance, au point, après lui avoir abandonné la Marseillaise et le drapeau, toute référence à la Nation, de se laisser entraîner dans les ressacs de la Reductio ad Hitlerum. Ce jeu lui permet de poursuivre ses tentatives de dédiabolisation historique et de dénoncer l’hystérisation du discours d’en face.

Hystérisation réelle des deux côtés du spectre politique et qui concourt grandement à l’insignifiance et à la médiocrisation du discours politique français.

Hier, un éditorialiste d’Atlantico dénonçait le passage d’Emmanuel Macron, un Jour du Souvenir de la Déportation, au Mémorial de la Shoah. Un autre compare Xavier Bertrand à Himmler, quand ce n’est pas le fils de déporté qui hurle dans la poitrine de Finkielkraut à l’annonce de cette visite, finalement de bon aloi, si ce jour tombe au milieu du calendrier électoral et que :

•  ne pas y aller fait de vous un « négationniste »,
• alors que s’y rendre vous classe immanquablement parmi les vils « récupérateurs » politiques…

L’impudeur de ces prises de positions, au nom de nos parents et grands-parents, laisse en tout cas, sans voix (cordes vocales et vote de circonstance). Plus que jamais, en France, nous avons besoin d’un tiers-mouvement, ni « En Marche! », ni « FN », mais tout simplement « Raison Garder ».

Il faut considérer que c’est le tableau neurologique de la France, actuellement, de faire remonter son « passé qui ne passe pas » au bord des lèvres et de se vomir elle-même. Mais, même s’il devient de plus en plus difficile de la regarder dans la glace, le débat qui s’annonce, à condition qu’il soit sans concession et de la plus haute honnêteté, apportera quelques bonnes questions (comme disait Laurent Fabius), auxquelles il est nécessaire de répondre immédiatement, sur la sécurité, le terrorisme, le risque associé aux vagues migrantes, la dissolution d’antennes des Frères Musulmans sur notre territoire, comme l’UOIF, etc. Le FN est condamnable, chaque fois qu’il se laisse prendre la main dans le sac à commercer avec ses vieilles lunes et autres nostalgiques de la Gestapo, ces eunuques de la Croix Gammée comme Chatillon et ses sbires, impuissants à agir depuis 1945. L’autre volet de nos condamnations concernera l’antisionisme des aspirants Premier Ministre comme l’incompétent Dupont-Aignan parvenu tout en haut de l’affiche en moins de temps qu’il ne le faut pour effacer ses dettes de campagne. Mais ne perdons pas de vue que, depuis, l’événement-clé qui change la donne est l’Etat-ressource d’Israël, qui rend leurs aspirations les plus sombres totalement irréalisables : s’il prenait à la France de se métamorphoser en Allemagne de 33 à 45, gageons qu’elle terminerait en champ de ruines comme Berlin en 1945 : veut-on en prendre le pari? Comment ne pas voir, par ailleurs, que chaque fois que le Pen et Dupont-Aignan manifestent leur complaisance envers l’Iran ou le Hamas, ils boostent un peu plus l’islamisme « rampant », en France et dans le monde?

Il convient que les deux candidats prennent la mesure de ces défis et proposent avec rigueur les décisions qui s’imposent. La banalisation du Lepénisme en France, c’est fait, la faute à qui ? De grâce, ne sacrifions pas à la banalisation de la Shoah! Son enseignement reste un terrible sentier initiatique plein d’embûches, de précipices et de risques d’amnésie et d’effacement. Nous devons aux nôtres une vigilance éternelle de tous les instants!

Marc Brzustowski, ©Jforum

Pour faire barrage au FN, la famille Klarsfeld publie une affiche évoquant les camps de concentration

ELECTION 2017 – Ce vendredi, dans la perspective du second tour de la présidentielle, Serge, Beate et Arno Klarsfeld ont publié une photo d’un ciel obstrué de barbelés évoquant les camps de concentration nazis, barrée du slogan « Le FN en 2017 ? Non jamais. Contre le Pen – votez Macron ».

Ce vendredi, avant le second tour de la présidentielle, Serge, Beate et Arno Klarsfeld ont publié une photo d’un ciel obstrué de barbelés évoquant les camps de concentration nazis, barrée du slogan « Le FN en 2017 ? Non jamais. Contre le Pen – votez Macron ».

« Les paysages que l’extrême droite nous a légués en Europe », est-il ajouté sur cette page signée du couple Klarsfeld, de leur fils et leur Association des fils et filles de déportés juifs de France, où l’appel à voter Macron se détache sur un bandeau rouge. « Cette page a été faite pour rappeler que l’extrême droite au pouvoir a toujours été un Etat policier, et ce quel que soit le régime au XXe siècle » et « cette image fait penser à ce qu’est un régime policier », a expliqué à l’AFP Arno Klarsfeld.

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Libé d’aujourd’hui

07:44 – 28 Apr 2017

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Selon Arno Klarsfeld, si le l’extrême droite accède au pouvoir, elle « n’obtiendra pas de résultats économiques, donc pour tenir elle sera obligée de devenir un Etat policier », « c’est une évidence », estime-t-elle. « Marine Le Pen a refusé (de couper) le cordon ombilical » avec le FN historique en disant que la France n’était pas responsable » de la rafle du Vel d’Hiv de juifs sur ordre du pouvoir français en juillet 1942, poursuit-il.

« On voit que (son) entourage, c’est à dire ses amis intimes, sont des gens qui ont appartenu à des groupuscules comme le GUD ou d’autres, qui selon certains médias, ont des sympathies pro-extrémistes et même pro-nazies », a-t-il ajouté. M. Klarsfeld a expliqué que deux autres pages contre le vote d’extrême droite seront publiées avant le second tour.

Une tribune anti-FN déjà publiée début avril

Début avril, avant le premier tour, Serge et Beate Klarsfeld avaient déjà publié, avec les fils et filles de déportés juifs de France, une tribune pour mettre en garde contre le FN, un « parti xénophobe et irraisonnable ». Vendredi matin, le vice-président du Front national Louis Aliot a annoncé le remplacement à la tête du parti de Jean-François Jalkh, accusé de propos négationnistes – sur les chambres à gaz nazies – qu’il a démentis, par le maire d’Hénin-Beaumont Steeve Briois.

Vendredi après-midi, Emmanuel Macron est attendu à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), où l’armée allemande avait massacré 642 villageois, en majorité des femmes et enfants, en juin 1944.

Source lci.fr