Le pragmatisme de Trump confronté à la réalité palestinienne

Lors du sommet de Riyad du 20 mai 2017, le Président Trump a posé les jalons d’une prochaine conférence de paix à Washington, réunissant les parties arabe et israélienne, en vue d’une normalisation de leurs relations diplomatiques. Par ailleurs, et pour éviter de retarder les négociations israélo palestiniennes, il a décidé de différer de 6 mois, le transfert de l’ambassade des Etats-Unis de Tel Aviv à Jérusalem. Cette décision a naturellement déplu au Premier Ministre israélien Benjamin Netannyahou qui a néanmoins accepté de s’en tenir au calendrier proposé, si elle doit déboucher sur des relations apaisées entre les parties.

Pour le Président Trump, le rapprochement entre les Etats du Golfe et Israël doit s’opérer, tant sur le terrain diplomatique qu’économique. Il a donc suggéré la mise en place d’un réseau téléphonique et de communications, et de lignes aériennes directes entre les Etats arabes et Israël. Par ailleurs, il estime que les chefs d’entreprises israéliens doivent pourvoir se rendre dans les capitales arabes. En outre si les parties signent des accords d’armement et sécuritaires, elles doivent pouvoir  organiser des manœuvres militaires conjointes. Enfin, il considère l’ouverture d’ambassades et de représentations commerciales indispensable au succès de l’ère nouvelle.

En contrepartie de la normalisation des relations entre les pays arabes et Israël, il a promis aux parties arabes d’assurer leur protection contre les mouvements islamistes qui tentent de les déstabiliser. Un accord a déjà été passé avec l’Arabie Saoudite portant sur la fourniture d’armes et de divers investissements pour un montant de 460 milliards de dollars qui seront réglés au moyen des revenus tirés du pétrole.

S’agissant des relations entre Israël et les palestiniens, Donald Trump refuse d’anticiper l’issue des négociations. Aussi, n’évoque-t-il pas de solution à deux Etats ou le retrait des implantations juives en Cisjordanie. En revanche, il privilégie la systématisation des relations économiques et la favorisation d’échanges commerciaux.

Il est toutefois resté très ferme avec le Président de l’Autorité palestinienne : lors de sa rencontre avec Mahmoud Abbas (le 23 mai 2017 à Bethléem), le Président américain lui a reproché de poursuivre l’incitation au terrorisme, et de ne pas faire évoluer les palestiniens dans une culture de la paix. Il lui a également reproché de présenter Israël dans les manuels scolaires palestiniens comme un « ennemi occupant », et de laisser croire à la jeunesse que les palestiniens disséminés dans le moyen Orient disposent d’un droit au retour en Israël. Enfin, il a sévèrement critiqué les noms de terroristes palestiniens données aux rues, aux écoles et aux places palestiniennes, de nature à cultiver l’esprit du martyr et à glorifier les terroristes palestiniens emprisonnés en Israël.

Ainsi, Trump exige des palestiniens qu’ils cessent de cultiver leur rancoeurs et leurs rancunes, à l’origine d’actes barbares contre les juifs afin qu’ils les considèrent comme des partenaires, dans leurs relations futures.

Aussi, a-t-il martelé au Président Abbas qu’il devait reconnaître Israël en tant qu’Etat juif, retourner à la table des négociations sans conditions préalables et arrêter les incitations au terrorisme et les dotations accordées aux familles des prisonniers enfermés dans les geôles israéliennes.

Dans le sens des palestiniens, il souhaiterait un transfert progressif à l’Autorité palestinienne, des prérogatives exclusives israéliennes en zone C de Cisjordanie, (soit 60 % du territoire) qui empêchent toute construction palestinienne sur cette zone, et conduit à leur démolition, le cas échéant. Pour Trump, les palestiniens devraient pouvoir s’établir en zone C sans avoir à solliciter d’autorisations aux autorités israéliennes.
Il a également écouté la revendication palestinienne visant à l’ouverture d’un passage de la ville jordanienne de karameh (ancien repaire des terroristes Fedayins de Yasser Arafat) sur le fleuve du Jourdain, pour permettre la circulation des familles palestiniennes de Jordanie vers la Cisjordanie.

Cette nouvelle dynamique impulsée a eu un effet immédiat sur le réchauffement des relations israélo palestiniennes : le Premier Ministre palestinien de l’Autorité palestinienne, Rami al Hamdallah, a rencontré le ministre israélien des finances Moshe Kahlon, ce qui ne s’était pas produit depuis 17 ans.

De même, et pour aider Israël à patienter, s’agissant du transfert de l’ambassade de Tel Aviv vers Jérusalem, le Président américain a nommé un ambassadeur juif religieux, David Friedman, favorable aux thèses de la droite israélienne, notamment pour ce qu’il en est de l’augmentation des implantations juives en Cisjordanie.

Le président Donald Trump est toutefois bien conscient du problème que pose le Hamas dans la Bande de Gaza. Lors du le sommet saoudien du 21 mai 2017, il a qualifié le Hamas de « groupe terroriste » et s’est inquiété de son rapprochement  de l’Iran.

En effet, l’élection d’Ismaël Haniyeh à la tête du bureau politique du Hamas à Gaza en mai 2017, a été chaleureusement accueillie par Téhéran : le 8 mai 2017, le général Qasem Soleimani, commandant de la Force Qods du Corps de la Garde révolutionnaire islamique a salué la nouvelle alliance « dans l’axe de résistance sous la conduite de l’Iran ». Le 10 mai 2017, le Ministre de Affaires Etrangères iranien Mohamed Javad Zarif a rappelé le soutien indéfectible de l’Iran à « la résistance palestinienne ». le 29 mai 2017, le responsable de l’Assemblée consultative islamique iranienne, Ali Larijani, a rappelé que « la lutte du peuple palestinien » était une priorité absolue (sic), accordant toute sa confiance au Hamas pour la mener. Pour le représentant du Hamas en Iran, Khaled Kaddoumi, le Hamas ouvre un nouveau chapitre avec l’Iran.  Déjà, le 30 avril 2017, le Ministre adjoint des Affaires étrangères iranien avait qualifié « les actions de l’autorité palestinienne contre Gaza » de « crimes commis sous les ordres des Etats Unis et d’Israël ».

L’Iran entend donc poursuivre son soutien financier et militaire au Hamas, et finaliser la division des palestiniens et des musulmans dans la région avec d’un côté, les pays du Golfe, l’Égypte, la Jordanie et l’Autorité de Ramallah, de l’autre l’Iran, le Hezbollah et le Hamas. (L’Arabie saoudite, les Émirats Arabes Unis et l’Égypte accusent toutefois le Qatar de soutenir le terrorisme, en donnant notamment refuge aux dirigeant du Hamas).

Malgré sa bonne volonté, le Président américain devrait donc rapidement se heurter au manque de maturité politique des palestiniens et à l’absence de conscience contemporaine, du mal absolu que représente l’idéologie islamiste.

Par ©Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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