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FIGAROVOX/TRIBUNE- Avec un second tour qui oppose Emmanuel Macron à Marine Le Pen, c’est une crise politique durable et profonde qui menace la France, explique Louis Manaranche, agrégé d’histoire.

Louis Manaranche est agrégé d’histoire et président du laboratoire d’idées Fonder demain. Il est l’auteur de Retrouver l’histoire (éd. du Cerf)


Commenter encore une fois la surprise que représente l’affrontement d’un «nouveau venu» en politique et de la candidate du Front national lasse déjà.

Voilà maintenant 15 ans que l’on analyse la montée des aspirations populistes et quelques mois voire quelques années que l’on construit avec génie une alternative ni à droite, ni à gauche, ni au centre, lisse et rassurante.

À droite, on pouvait au mieux espérer de la résilience du candidat que, par sa stature rassurante et sa hauteur de vues, il arrache une victoire à la Pyrrhus. Chacun sentait confusément que tant les «affaires» et leur pénible traitement médiatique que le sentiment que l’on nous promettait «du sang et des larmes» en matière économique et sociale, aux apparentes antipodes du séguinisme fondateur, avaient éteint toute réelle dynamique.

On était loin d’une campagne comme celle de 2007 où les trois droites légitimiste, orléaniste et bonapartiste étaient rassemblées et créatrices, par l’énergie et la rhétorique sarkozystes, d’un élan qui devait séduire au-delà des chapelles habituelles.

L’heure est au bilan mais espérons qu’il demeurera une loyauté et une fidélité, osons même une once d’esprit chevaleresque, qui inspire de la bienveillance les uns envers les autres. Toute attribution simpliste et exclusive de la défaite est, par nature, fausse.

Derrière ce second tour finalement très attendu, il y a toutefois une nouveauté décisive. Le désir de sortie du «système», c’est-à-dire de la représentation collective, parfois un peu fantasmée, de l’assemblage de la doxa médiatique et des structures de gouvernement et de gouvernance qui la pérennisent, a trouvé une expression concurrente à celle du FN.

Il s’agit de la fameuse «France insoumise» de Jean-Luc Mélenchon qui a su sortir de son positionnement d’extrême gauche vindicative pour représenter l’espoir d’un renouveau de l’action politique et d’une primauté de celle-ci sur l’infrastructure économique, pour parler en marxiste. Il a dès lors rallié à son panache rouge ceux qui ne croient pas à la gouvernance libérale heureuse et au libre-marché globalisé mais qui, par héritage et conviction, ne veulent pas y associer un discours anti-immigration et identitaire.

Nous avons ainsi 40% des électeurs qui ont porté leurs suffrages sur deux candidats qui proposent une recomposition radicale de nos institutions et de nos mœurs politiques. On pourrait y rajouter le score non-négligeable d’un candidat comme Nicolas Dupont-Aignan qui participe de la même dynamique à sa manière. Pourtant, c’est un candidat qui représente la quintessence de ce même système dénoncé qui devrait l’emporter sans trop de peine au deuxième tour.

La crise politique n’est donc pas derrière mais devant nous. Emmanuel Macron promet plus de libre circulation des biens et des personnes, plus de libéralisme économique, plus de progressisme sociétal, plus de gouvernance et moins de gouvernement, mais sans cliver, en nous réconciliant autour d’une mystique de la modernité épanouie.

L’opposition la plus audible électoralement sera structurée autour de réponses caricaturales et clivantes, prétendant redonner à la politique ses lettres de noblesse et au peuple sa souveraineté par la tabula rasa, au risque de la guerre civile larvée.

Comment ces deux France peuvent-elles former une nation sereine? Pire, comment faire entendre une autre voix alors que l’on est sans cesse sommé de choisir entre deux options radicalement insatisfaisantes? Comment, à partir de cette division profonde, refaire un peuple de France, un peuple «prompt» comme l’écrivait Charles Péguy, à faire face aux crises immenses de notre époque, mais en même temps juste et capable à l’école de Montesquieu d’ordonner ses passions? La droite ne se reconstituera qu’en gardant cette question sans cesse à l’esprit. Elle ouvre mille possibles…

Source : FigaroVox

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4 Commentaires
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richard malka

Il faudra un coup d’état militaire en France
De gaulle en était un d’ailleurs, jusqu’à qu’il ne patoge dans la politicardie foireuse.

Danielle

C’est la faute à qui ?
A tous ceux et celles qui ont pensé à leur avancement personnel et pas à la France !
Maintenant on paye cher cet égoïsme .
J’aurai bien aimé lire les explications d’un historien qui nous explique comment en est-on arrivé là !
Mais pour le moment personne ne s’avance !

Tamara

Au secours!!!!!!!!!!

derunes

Hé oui les Français ne savent plus quoi faire ! au lieu de lire les projets de chaque candidat ,ils se déchirent sur le passé !!! la question est simple ! pouvons continuer à vivre ensemble dans un tel climat de haine ,de peur constante d’attentats ,d’être ridiculiser par nos politiques en abandonnant nos valeurs et notre culture judéo chrétienne en acceptant que s’affichent dans notre espace européen d’autres cultures qui ne nous correspondent pas ? Il faut une règle sur: LA TENUE EUROPEENNE et L’EXIGER, et arrêter de se  »VOILER LA FACE  ». TOUTES AUTRES TENUES DANS L’ESPACE PUBLIC EUROPEEN DOIVENT ETRE SANCTIONNEES !LES POLITIQUES SONT VRAIMENT AVEUGLES VOLONTAIREMENT DE CE QUI SE PASSE ACTUELLEMENT ! ILS S’EN FOUTENT ROYALEMENT ! Il n’y aura JAMAIS d’EUROPE SANS L’UNIFICATION DE TOUS LES PAYS FISCALES ET SOCIALES !