L’Amérique et la Russie : vers un nouveau Partenariat ?

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Résumé : Pragmatique comme l’était Reagan, le Président Trump va se trouver confronter à trois questions urgentes en matière de Politique étrangère : 

  • Renégocier l’accord nucléaire iranien avec une option militaire israélo-aémricaine à la clé et l’acquiescement de la Russie
  • résoudre la catastrophe humanitaire en Syrie en partenariat avec le Président Poutine ; 
  • Procéder à un grand marchandage avec Poutine au sujet de l’Ukraine

A l’intérieur, le défi pour Trump sera de combler les amères divisions politiques et raciales. Etablir des commissions bipartisanes sur le Moyen-Orient et la Russie pourrait y contribuer. Comme pourrait y aider la désignation d’un non-partisan comme le Général David Petraeus en tant que Secrétaire d’Etat.

Dans l’élan des élections présidentielles américaines, les médias politiquement corrects, la campagne démocrate et même certains Républicains ont mis en garde de façon répétée contre la prétendue mise en danger des intérêts nationaux américains à cause de l’apparente affinité entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Mais à quel point cette menace est-elle réelle? Et en quoi la collaboration américano-russe ne pourrait-elle pas être favorable plutôt que préjudiciable, au statut international de Washington?

Ce n’est pas un scénario complètement farfelu. Lors de sa rencontre avec le Président George W. Bush, en juin 2001, Poutine, cherchant à obtenir le soutien américain dans sa guerre en Tchétchénie, avait averti d’un attentat imminent d’Al Qaïda contre les Etats-Unis, alors que le groupe terroriste faisait son nid avec les Talibans. Alors qu’il semble bien que cette mise en garde a été complètement ignorée, les deux Présidents ont développé un partenariat stratégique authentique, après les attentats du 11 Septembre, contre l’ennemi islamiste en Afghanistan. Parmi ses éléments essentiels, on trouve les arrangements offerts par la Russie en matière de droit de passage et de survol, ainsi que le soutien logistique aux forces américaines à travers l’Asie Centrale. Si Les Etats-Unis avaient décidé d’achever la guerre en Afghanistan, plutôt que d’ouvrir le fron,t en Irak, Poutine qui trouvait que Bush était un « homme digne… Quelqu’un avec lequel il pouvait faire affaire » aurait même pu chercher à devenir membre de l’OTAN, comme il s’était extasié à le suggérer dans une interview à la BBC.

Ainsi que les événements ont transpiré, cependant, avec l’intervention américaine en Irak, qui a créé un dangereux vide de pouvoir qui a, en définitive, été comblé par Daesh, et alors que l’OTAse lançait dans ce que Poutine a conçu comme une dangereuse expansion vers la frontière russe, il a commencé à évoquer une « nouvel encerclement » de la Russie. En août 2008, Poutine a envahi la Géorgie, ostensiblement, afin de protéger deux provinces séparatistes russophones, mais aussi afin de regagner la ligne côtière géorgienne (l’Abkhazie) qui était perdue depuis l’effondrement de l’Union Soviétique.

Puis, malgré le soutien du Président Obama à la « réinitialisation » des relations américano-russe de la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton, les relations ont rapidement tourné au vinaigre. Comme l’a présenté l’ancien Secrétaire à la Défense Robert Gates, qui s’est opposé à l’intervention de 2011, « Les Russes ont fermement cru qu’on les trompait sur la Libye », par l’expansion de l’intervention de l’OTAN, qui passait  la simple protection des populations civiles au renversement du régime Kadhafi, avec la perte attenante de nombreux contrats économiques et militaires pour la Russie. « A la suite de quoi, ils allaient alors bloquer toute résolution future de même acabit, dont celles concernant  Président Bachar Al Assad en Syrie ».

« Si la Libye se désagrège et qu’Al Qaïda y prend racine », avait averti le Premier Ministre russe Dmitry Medvedev, « Les extrémistes atterriront dans le nord du Caucase ». Après l’assassinat de Kadhafi et la désintégration de la Libye en un amalgame sans fin de milices islamistes rivales, dotées des armes du régime tombé, livrées à l’exportation tous azimuts vers les groupes terroristes à l’étranger et des foules de migrants utilisant ce pays comme tremplin pour la traversée vers l’Europe, Poutine était déterminé à assurer la survie du régime Assad. A part pour consolider l’allié régional privilégié de la Russie vis-à-vis des Etats-Unis, qui avaient fait de son renversement une priorité absolue, Moscou était lourdement investi à rénover le Port de Tartous et à planifier la mise en place de pipelines à travers la Syrie.

A l’époque de la campagne présidentielle américaine de 2015-2016, Poutine était arrivé à la conclusion que, étant donné le palmarès d’Hillary Clinton en général, et des mésaventures libyennes en particulier, il ne pourrait absolument pas travailler avec elle en tant que Présidente. Il était probablement conscient de la perspective de Trump de restaurer une stratégie proche de celle de Reagan, en rétablissant la paix par la force et en reconstruisant l’armée américaine, tout en rejetant en même temps les interventions à grande échelle à l’étranger, en vue de provoquer des changements de régime et des reconstructions de nations, donc en cherchant une coopération et un partenariat avec la Russie. Les actions de Reagan s’enracinaient dans le pragmatisme, et non dans l’idéologie. Trump semble dévoiler un pragmatisme similaire, ainsi qu’une vision relativement positive de Poutine.

Plutôt que de combattre la Russie, Trump doit, et probablement voudra, reconnaître que sa mission la plus immédiate au Moyen-Orient est de chercher une collaboration des grandes puissances en mettant un terme au « Tchernobyl géopolitique » qu’est la guerre en Syrie (pour employer les termes du Général David Petraeus). Cette guerre est un nid de frelons terroristes qui irradie l’ensemble du Moyen-Orient et qui attire les jeunes djihadistes du monde entier. Même avant son investiture, le Président nouvellement élu devrait présenter à Poutine des propositions en vue d’une politique syrienne conjointe. Elle devrait comprendre : a) Une cessation immédiate des attaques aériennes sur la ville d’Alep ; b) La création d’enclaves visant à protéger les civils innocents, que devrait instaurer l’ONU avec un soutien international ; c) La liquidation de tous les groupes terroristes du territoire syrien ; d) Une déclaration d’amnistie à tous les groupes de résistance anti-Assad ; e) Une déclaration que le Régime syrien est prêt à coopérer avec les rebelles non-djihadistes afin de former un gouvernement unifié ; f) Une purge des généraux d’Assad coupables de crimes de guerre et contre l’humanité contre les civils.

En définitive, Assad devra être remplacer par quelqu’un d’autre, un personnage alaouite plus acceptable (les laouites sont essentiels pour la protection des Chrétiens syriens). Le projet sisyphéen de reconstruction énormément coûteux de l’infrastructure syrienne et de sa société civile devrait devenir un projet multinational avec la participation de l’ONU, des grandes puissances, des gouvernements sunnites anti-islamistes et peut-être même d’Israël, pour la partie Sud de la Syrie.

Il est essentiel que Trump reconnaisse le lien non-dit entre le conflit syrien et l’Ukraine – ses zones de politique étrangère les plus faibles. Ces conflits devront être approchés séparément et conjointement au même moment, avec de nombreuses décisions douloureuses requises des deux côtés.

Trump peut commencer par la notion d’Henry Kissinger présentant l’Ukraine comme un pont entre l’Occident et la Russie, plutôt que comme un rempart occidental. Mais ce pont doit être renforcé par une neutralité de type suisse-autrichienne et des armes américaines défensives. Trump a reçu de faibles conseils de supprimer ces armes du programme du GOP. Parce que l’Ukraine ne cherchera jamais à devenir membre de l’OTAN, ces armes ne seront utilisées que pour des objectifs purement défensifs.

Trump a aussi éclairci ses intentions de revoir, plutôt que de déchirer l’accord nucléaire avec l’Iran. Pour accomplir cela, il devra probablement restaurer une option militaire authentique, à la fois émanant des Etats-Unis et d’Israël, étant donné le refus de l’Iran de se conformer à ses prescriptions.

Le nouveau Président devra encore faire avec ceux qui s’en tiennent à la vision traditionnelle de la Guerre Froide, disant que Moscou doit être écarté du Moyen-Orient et que la contention de l’Ours russe est préférable à la persuasion. Là encore, il peut clamer les opposants en suivant les pas de Reagan.

Alors qu’il devait s’occuper de la question alors très controversée de l’Amérique Centrale qui divisait l’Amérique dans les années 1980, Reagan a instauré une Commission bipartisane sur l’Amérique Centrale, présidée par Kissinger, qui a contribué à forger un consensus national. En prenant des mesures similaires, Trump pourrait bénéficier de l’expertise d’autorités de premier plan. Le Général David Petraeus pourrait en apporter un bon exemple, puisqu’il n’est pas seulement un commandant chevronné, mais aussi un brillant stratège. Il peut présider les décisions à prendre ne matière de politique étrangère, comme l’a fait le Général George Marshall à la fin des années 1940.

Trump est un genre nouveau de Président. Il s’est affronté à l’ensemble de l’appareil des partis (« establishment ») et en est sorti vainqueur. Avec son ascendant, les Américains peuvent se libérer des chaînes de Guerre Froide. Le partenariat avec la Russie chrétienne est un pré »requis nécessaire pour la préservation de la civilisation occidentale, enracinée qu’elle est dans les croyances judéo-chrétiennes.

Rappelons-nous que Franklin Roosevelt et Winston Churchill ont forgé une alliance étroite avec Staline contre la menace nazie. Poutine, un autocrate chrétien , n’est pas Staline. Souvenons-nous de la célèbre boutade de Churchill : « Si Hitler envahissait l’enfer, je ferais au moins une mention favorable du Diable à la Chambre des Communes ». Les Américains seraient bien avisés de se rappeler quels sont les diables qu’ils peuvent tolérer et ceux qu’ils doivent impérativement détruire.

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Par Jiri Valenta, avec  Leni Friedman Valenta

BESA Center Perspectives Papier No. 380

Par  le 28 Novembre 2016

 

Distingué Russologue, Jiri Valenta est ancien consultant poul’Administration Reagan administration et parmi les très rares membres du Council on Foreign Relations (CFR) à avoir soutenu la candidature de Trump dans ses articles. Leni Friedman Valenta est PDG de l’Institut d’Etudes Post-Communistes et du Terrorisme fondé par le couple et une rédactrice du site tenu par le couple :jvlv.net.

Les articles e points de vue du BESA Center sont publiés grâce à la générosité de la famille Greg Rosshandler.

 

Adaptation  : Marc Brzustowski

America and Russia: Towards a New Partnership?

 

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Jcg

La meilleur politique est les laisser s entretuer , et de balayer lapolitique arabe ou anti Israelienne d eurabia pour eviter le debordement de barbares dans le monde ,
Il y a un grand menage a faire en Amerique depuis le regne d hussein obama .
Je crains que la tache est titanesque !