Derrière les lignes : la courses pour le contrôle des ruines. 

 

Qui va l’emporter, alors que l’Etat Islamique perd du terrain en Syrie et les Etats-Unis agiront-ils de façon à bloquer l’Iran et à l’empêcher de se forger un couloir vers la Méditerranée et jusque sur les frontières d’Israël? 

 

A FIGHTER with Iraqi forces looks away as his weapon fires ISIS targets in

Un combattant des forceirakiennes détourne les yeux de son arme tirant sur des cibles de Daesh. (photo credit:SETH J. FRANTZMAN)

 

Les événements qui se déroulent autour d’une bande éloignée du désert du Sud-Est syrien, au cours ces derniers jours,révèlent la direction actuelle de la stratégie américaine au Moyen-Orient.

Une forte activité en augmentation constante, de la part des forces aériennes et des forces spéciales des Etats-Unis et de ses alliés, dans l’Est de la Syrie est en cours. Cela, en retour, apparaît découler d’une nouvelle interprétation, difficile à comprendre, de la nature du jeu stratégique dans cette zone vaste et conflictuelle couvrant ce qu’on appelait jusqu’à présent l’Irak et la Syrie.

Le judi 18 mai, les avions de chasse américains ont lancé des frappes contre une colonne de véhicules du régime Assad,dont des tanks et des engins de terrassement, à 29 kms de la ville d’Al-Tanf, sur la frontière syro-irakienne. Ces frappes ont eu lieu à la suite de l’entrée de ces véhicules dans une zone de déconfliction autour de la ville. Les forces spéciales américaines et britanniques y entraînent des « forces partenaires tirées sur le volet » – c’est-à-dire des rebelles arabes sunnites syriens – dans la ville.

C’était la deuxième occasion au cours de ces dernières semaines, où les avions américains s’en sont directement pris aux forces d’Assad. Lors de la première occasion, la cible n’était autre que la Base Aérienne de Shayrat.

Ce raid avait eu lieu le 6 avril. Il s’agissait de représailles évidentes contre l’usage par le régime de gaz sarin, à Khan Sheikhoun, le 4 avril. Le raid de Shayrat a en général été interprété comme une tentative tardive de renforcer les lignes rouges américaines contre tout usage supplémentaire d’armes chimiques. En tant que telles, on ne l’a pas, alors, interprété comme indiquant un changement majeur d’orientation politique.

L’attaque de la colonne de véhicules de l’armée d’Assad près d’Al-Tanf, au contraire, n’a été précédée par aucune activité inhabituelle du régime, hormis l’approche de la colonne elle-même, trop près des forces occidentales. Lundi, le site internet Syria Direct, favorable à l’opposition, a cité un porte-parole anonyme de l’armée américaine disant que : «  »Si les forces pro-régime s’avancent encore au Sud ou à l’Est de leurs positions actuelles, ce sera considéré comme une menace ». Le site internet a aussi rapporté que des forces du régime se préparent à faire mouvement vers la zone de Badia, une bande désertique au Nord-Est d’Al-Tanf.

Quelle est la signification de ces coups de tête? La bataille contre les possessions territoriales de l’Etat Islamique en Irak et en Syrie atteint sa phase finale.

La reconquête de Mossoul est presque achevée. L’assaut sur la ville de Raqqa, la capitale du Califat, est sur le point commencer. On peut prévoir que ce sera u combat difficile et sanglant, mais ses résultats définitifs ne sont pas mis en question. L’Etat Islamique, en tant qu’entité contrôlant un territoire, sera détruit, point culminant où ce mouvement retournera à son ancien statut de réseau terroriste clandestin.

Alors que l’éclipse du Califat s’esquisse, la course est ouverte pour prendre possession de ses anciens domaines.

Les concurrents de cette compétition sont l’Iran et ses divers alliés et supplétifs, ainsi que les forces associées à l’Occident et aux Etats-Arabes sunnites.

Les Iraniens et leurs alliés veulent pénétrer le territoire de l’Etat Islamique dEst en Ouest, gra^pce aux milices chiites poussant vers l’ouest depuis Tel Afar et les Forces du régime Assad et les milices pro-Assad (dont le Hezbollah) poussant vers l’Est.

Les forces du régime en train de fouiner autour d’Al-Tanf sont en marche pour chercher à s’emparer des zones frontalières avec la Jordanie comme avec l’Irak. Les Etats-Unis sont déterminés à l’empêcher.

La ville de Deir Ez Zor et les zones environnantes riches en pétrole, formeront une part importante de ce trophée à saisir.

Des forces pro-Occidentales, pendant ce temps, poussent vers le Nord depuis la Jordanie et vers le Sud depuis les zones contrôlées par les Kurdes, au nord de l’enclave de l’Etat Islmaique. Les forces engagées de ce côté, sont les Forces Démocratiques Syriennes, dominées par les unités YPG kurdes et les rebelles du Maghawir a-Thawra (Commandos de la Révolution, anciennement la Nouvelle armée Syrienne), soutenus par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Jordanie, depuis le Sud.

Les résultats de ce bras de fer est de signification stratégique, malgré la nature éloignée et aride de l’essentiel du territoire concerné.

Les Iraniens veulent créer une ligne de territoires contigus contrs par eux-mêmes et leurs alliés, qui s’étendrait d’Irak en Syrie et, de là, vers la Méditerranée et les frontières d’Israël.

L’Etat Islamique a formé une zone-tampon contre l’accomplissement de ce projet iranien. Mais l’Etat Islamique, de la manière habituelle propre aux organisations salafistes sunnites, lorsqu’elles contrôlent un territoire, refusent de se contenter de la gérance d’un petit domaine. Les djihadistes sunnites, au contraire, ont préféré déclarer la guerre à l’occident, en utilisant leur territoire comme un tremplin et exécuter des otages occidentaux capturés, préparer des attentats contrer des cibles civiles occidentales, administrer un réseau régional de groupes franchisés et d’entreprendre un génocide contre les populations non-musulmanes, les Yézidis. Il fallait s’y attendre, l’Occident, s’est donné pour but de détruire l’Etat Islamique.

La question, dorénavant est : qui va hériter. Les Américains, semble t-il, ont compris que pour qu’il reste une chance de rétablir leur influence et demeurer un acteur qui compte dans la région, et commencer le processus de retournement de l’avance concédée aux Iraniens par la précédente administration, il faut mettre sa peau en jeu – c’est-à-dire, développer les compétences des supplétifs fiables et leur faire prendre le contrôle d’un territoire dans cette zone pivot.

Ce n’est qu’ainsi qu’une ligne contiguë vouée au contrôle iranien, allant de la frontière irano-irakienne jusqu’à a Méditerranée et Israël pourra être déjouée. Ce n’est qu’ainsi que les Etats-Unis seront en mesure d’empêcher un résultat définitif entièrement favorable aux Iraniens en Irak et en Syrie.

D’où, le développement par le Pentagone de ses relations avec les YPG Kurdes et des éléments parmi les rebelles sunnites arabes soutenus par la Jordanie, dans le Sud.

Cela vaut la peine de relever que les conséquences pour l’Est de la Syrie ne sont pas d’un intérêt primordial pour les Russes.

La Russie veut préserver l’existence du régime et conserver ses investissements navals dans la Province de Latakia.

Contrôler l’Est est avant tout et uniquement un objectif du régime Assad et des Iraniens.

Les résultats de ce bras-de-fer en train d’apparaître sera aussi d’un intérêt considérable pour les planificateurs stratégiques israéliens. Alors que certaines des analyses récentes suggéreraient qu’Israël pourrait s’accommoder de la prolongation de l’existence d’un Etat Islamique comme quasi-Etat, il est évident qu’à présent, ce n’est même plus une option. La Syrie en tant qu’Etat a largement cessé d’exister. La question, à présent, alors qu’elle est partagée en zones d’influences, c’est qui va gagner et qui va perdre.

A côté des armées qui se battent sur le terrain, les processus diplomatiques d’Astana et de Genève se pulvérisent. Leurs résultats définitifs, ce fait, dépendront de l’équilibre des forces sur le terrain.

L’Iran veut obtenir sa ligne sans interruption, notamment pour acheminer armements et des combattants en préparation à une autre dimension de la guerre, cette fois contre Israël. Empêcher cela relève par excellence, des intérêts sécuritaires israéliens les plus vitaux.

Cette stratégie américaine émergente n’a pas été officiellement confirmée. En effet, le Secrétaire à la Défense James Mattis est cité par l’Agence France Presse, à la suite de la frappe d’Al Tanf, où il dément que le raid n’annonce aucun rôle accru pour les Etats-Unis dans la guerre syrienne.

Le modèle opérant sur le terrain suggère une autre conception de ce qui se déroule. L’Administration américaine a défini les Iraniens et les djihadistes sunnites comme ses principaux adversaires dans la région. L’Est de la Syrie est une zone où la défaite de ces derniers par les forces pro-occidentales constituera parallèlement un revers pour les premiers. C’est un jeu qui est maintenant pleinement en cours.

L’essentiel dépendra de ses résultats.

Par JONATHAN SPYER
27 mai 2017 12:57

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