François Fillon le 23 avril, le soir de sa défaite. - Crédits photo : Michel Euler/AP
«La droite a perdu parce qu’elle n’a pas osé parler d’immigration»
Source : Le Figaro

CHRONIQUE – Les Républicains sont restés sous la surveillance idéologique de la gauche, d’où leur défaite, argumente l’avocat, essayiste et président de l’Association France-Israël.


Si un homme de droite voulait s’essayer à expliquer, à la manière d’un Marc Bloch, cette étrange autant que stupéfiante défaite essuyée par son camp, il devrait éviter bien des écueils.

Il devrait d’abord prendre garde à ne pas céder trop longtemps aux délices de la joie mauvaise.

Certes, il n’est que trop humain que le citoyen marié à un parti unanimement promis à un avenir en bleu, s’estimant floué, abandonné, trahi, se console un peu en contemplant la déconfiture des héros de cette gauche extrême à qui il attribue tant de maux et s’exclame: «C’est bien fait pour Hamon!»

Dans sa hargne encolérée, il ne devrait pas non plus oublier de savourer la déconvenue d’une partie de ceux qui croyaient atteindre l’Assemblée nationale en traversant de la rive droite à l’autre. La brasse coulée est fatale aux nageurs en eaux troubles, quand le courant irrésistible est traître: «C’est bien fait!»

Assurément, notre nouvel Eros n’a pas encore chu et ses premiers pas sur la terre furent lestes. Il faut dire qu’il succède à un lourdaud terrestre

Cependant, notre homme droit ne devrait pas, passant d’un excès l’autre, crier, à l’imitation des gazettes midinettes, «Bravo l’artiste! C’est bien fait!» à Jupiter triomphant. Du moins ne devrait-il pas le crier ni trop vite ni trop fort.

Certes, l’audacieux diablotin sorti prestement de sa boîte méritait davantage l’Olympe que tout autre prétendant. Mais sur la toise céleste, cette gloire divine ne se mesure qu’à l’aune de ses pâles rivaux.

Assurément, notre nouvel Eros n’a pas encore chu et ses premiers pas sur la terre furent lestes. Il faut dire qu’il succède à un lourdaud terrestre. Mais il est trop tôt pour le faire passer de fin manœuvrier politicien qu’il est à ce grand politique que ses thuriféraires voudraient déjà qu’il fût.

De grâce, que dans son désespoir notre homme droit de droite ne s’abaisse pas, comme ce candidat aux législatives à Paris révulsé du verdict des urnes, à insulter son électeur jusqu’à lui trouver des défauts révulsifs.

Certes, le Français votant n’est pas auréolé de toutes les vertus et n’a pas à être constamment loué. Après tout, ces hommes politiques unanimement décriés sont les enfants gâtés de cette société française individualiste, déshumanisée, acculturée et largement déshonnête dont ils sont le très honnête reflet.

Mais l’électeur français est avant tout la première victime, non d’un fantomatique complot mais d’une idéologie fantasmatique cinquantenaire qui est la responsable aussi implacable qu’invisible de l’étrange défaite que la droite française vient de subir en rase campagne électorale.

C’est cette idéologie multiculturaliste, et seulement elle, qui peut expliquer pourquoi l’électeur français s’est vu interdit de débat sur les questions d’immigration et de terrorisme islamique

C’est cette idéologie multiculturaliste, en majesté médiatique impérieuse, et seulement elle, qui peut expliquer pourquoi l’électeur français s’est vu interdit, pour cause d’occultation et de diversion, de débat sur les questions désormais existentielles d’immigration et de terrorisme islamique au profit d’un économisme aseptisé.

C’est cette idéologie prétendument antiraciste qui a réussi à imposer au deuxième tour une thématique antifasciste que l’on croyait définitivement rangée dans la naphtaline historique.

C’est cette idéologie esthétique et artistique qui ne pouvait que favoriser le joli candidat étoilé des citoyens du monde au détriment de ceux ringardisés qui voudraient garder les pieds sur leur terre de France.

Cette idéologie optimiste qui voudrait faire croire que l’histoire est magique ne pouvait, dans ce contexte médiatique, que l’emporter sur ceux qui savent combien elle est tragique, dès lors qu’un surmoi sidérant continuait de paralyser l’ensemble de l’opposition nationale.

C’était sans compter avec l’inculture de la droite politique et oublier le manque de courage, de conviction et d’imagination qui l’avait toujours caractérisée

On croyait que la droite française avait remporté la bataille culturelle. L’on ne s’était pas trompé, mais il s’agissait de la droite intellectuelle qui avait surmonté ses appréhensions. Il restait à la droite politique à transformer en programme et en victoire ces essais réussis.

Mais c’était sans compter avec l’inculture de la droite politique et oublier le manque de courage, de conviction et d’imagination qui l’avait toujours caractérisée. C’est dans ce contexte embrumé qu’un chef que la droite républicaine s’était improvisé dans le brouillard de la défaite a trouvé judicieux avant le premier tour d’enterrer le ni-ni au profit de l’ennemi puis de brandir avant le second le spectre horrible de la CSG à l’exclusion de tous autres dangers sociétaux. La fin de la campagne de France était déjà décrétée par démobilisation.

Je prétends qu’il y a plus de profondeur dans le vide abyssal du discours présidentiel sur les questions sociétales que dans la stratégie politique du capitaine des Républicains. Je soutiens qu’il y a plus de cohérence voire de fidélité à la droite libérale postnationale chez le premier ministre que dans l’action erratique qui fut conduite par ceux qui étaient censés défendre le destin de cette droite qui se disait patriotique.

J’ai évoqué au début de cet article l’ombre de Marc Bloch.

Certains pourraient me trouver hyperbolique, s’agissant d’une défaite qui n’est pas nationale mais seulement politique.

J’aimerais me tromper, mais le devoir m’oblige à écrire, à l’heure sombre des bombes et des migrations invasives, qu’il y a dans ce que ne disent pas les vainqueurs les germes de ce qu’ils ne feront pas en matière de lutte contre l’islam radical et l’immigration illégale. M. Macron et ses édiles dociles ont gagné, et ce fut bien fait. Je crains pour les Français que cela fasse bien mal.

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