Kissinger, Mattis posent les bases du débat entre Trump et Poutine

 

Peu de temps avant que le sommet de la semaine prochaine entre les Présidents Donald Trump et Vladimir Poutine à Hambourg ne soit annoncé jeudi 29 juin, le Conseiller à la Sécurité Nationale de la Maison Blanche, H.R. McMaster a parlé de la nécessité de « faire face au comportement déstabilisant de la Russie dans des endroits comme les Balkans ; de dissuader de tout conflit ; et de renforcer les zones de coopération ». Or, cette remarque sonne comme une contradiction dans les termes.

Quand il a annoncé que le sommet aurait lieu en marge du Sommet du G20 en Allemagne, McMaster a été questionné sur cet agenda. Il a répondu : « Il n’y a pas d’agenda spécifique, en réalité, cela dépendra de ce dont le Président a envie de parler.

Il n’y a rien qui puisse être plus éloigné de la vérité.

Cet agenda avait été, à ce moment-là, minutieusement négocié au cours d’une conversation tranquille au Kremlin, entre le diplomate américain chevronné, l’ancien secrétaire d’Etat et Conseiller National à la Sécurité, Henry Kissinger et Poutine.

Kissinger, maintenant âgé de 94 ans, qui doit sa réputation internationale à sa magie à bâtir des ponts impossibles afin de surmonter des écarts internationaux inconciliables, émerge comme l’homme vers lequel le Président inexpérimenté Trump s’est tourné pour prendre conseil sur des affaires étrangères devenues extrêmement délicates.

Au beau milieu des préparatifs de la première rencontre entre Trump et Poutine, une note discordante a retenti, de la part de la Maison Blanche, prévenant des graves conséquences pour le Président Bachar El Assad, s’il s’aventurait une fois encore à faire usage d’armes chimiques contre « son » peuple. On affirmait alors que les renseignements américains observaient les préparatifs du régime syrien en vue d’une attaque de ce genre. Cela n’a pas pris plus de 24h au Secrétaire à la Défense, James Mattis pour refermer le couvercle sur cette crise. « Ils ne l’ont pas fait », a t-il déclaré, en suggérant que le dictateur syrien s’était laissé dissuader par la mise en garde américaine, de ne pas aller plus loin dans son projet d’attaque chimique.

Pour Mattis, il était vital d’étouffer cette crise dans l’œuf, parce que si les Etats-Unis avaient dû lancer leur deuxième frappe directe en Syrie en moins de trois mois (la première étant la frappe à coups de missiles de croisière Tomahawks contre la base aérienne syrienne de Shayrat le 7 avril), c’en était fini du sommet de Hambourg.

L’avertissement à Bachar El Assad a peut-être trouvé son origine dans un quartier de la Maison Blanche qui désapprouvait la ligne diplomatique Mattis-Kissinger sur des questions complexes, la percevant comme trop proche de la façon dont Barack Obama faisait face (ou pas) aux sujets difficiles.

Cette semaine, le Secrétaire à la Défense et les chefs militaires ont été très clairs à propos des priorités américaines en Syrie, en affirmant que l’action militaire américaine serait confinée à la guerre contre les terroristes de l’Etat Islamique. L’unique partie du pays qui constitue un centre d’intérêt serait, par conséquent, la Vallée du fleuve de l’Euphrate, dans l’Est Syrien.

Cet axe correspond à la promesse du Président Trump « d’éradiquer Daesh ».

Dans ses commentaires aux reporters cette semaine, Mattis a déclaré : « Afin d’éviter les collisions qui semblent inévitables entre les combattants soutenus par les Etats-Unis et les forces pro-gouvernementales syriennes, y compris leur soutien aérien (américano-russe) respectif… La Vallée du fleuve Euphrate serait alors découpée en « zones de déconfliction ».

Le Secrétaire à la défense n’a pas montré le moindre intérêt à engager les troupes américaines dans des combats visant à réduire la présence militaire russo-iranienne en Syrie, ou à répliquer à la conquête rampante, par les forces iraniennes, syriennes et du Hezbollah de la frontière stratégique syro-irakienne. Mattis est totalement focalisé sur la Vallée de l’Euphrate et les concentrations de forces de Daesh qui s’y trouvent.

Il est difficile d’écarter l’hypothèse selon laquelle le Secrétaire à la Défense a, d’abord, bien étalé ses cartes militaires pour que Kissinger les pose sur la table au cours de son entretien avec Poutine, lorsqu’il mettra en scène la phase diplomatique prévue pour la rencontre à venir avec Trump. Au cours ces quelques jours restant avant la rencontre d’Hambourg, on doit s’attendre à ce que les ennemis politiques hyperactifs de Trump à l’intérieur, sans même besoin de mentionner ses opposants au Moyen-Orient et en Europe, vont faire tout ce qui est en leur pouvoir afin de saboter la première rencontre en face-à-face entre le Président américain et le dirigeant russe. La Maison Blanche et le Kremlin pourraient être confrontés à des faits dérangeants, dans un effort visant à renverser tout équilibre entre les puissances que ce sommet pourrait apporter.

 

DEBKAfile  Analyse Exclusive  30 juin 2017, 11:55 AM (IDT)

Adaptation : Marc Brzustowski

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