Lundi, la Jordanie et Israël ont conclu un accord qui a résolu deux crises distinctes: l’attentat contre un Gardien de la sécurité israélien, commis par un Palestinien-Jordanien, dans les résidence de l’Ambassade d’Israël, qui s’est soldé par la mort du terroriste. Et la flambée de violence autour des détecteurs de métaux devant la mosquée d’Aqsa, sur le Mont du temple, géré par la Jordanie, conformément à son traité de paix de 1994 avec Israël et à son accord formel avec l’Autorité palestinienne en 2013. Les événements sur le Mont du Temple au cours de la semaine passée éclairent non seulement sur la rue palestinienne, mais aussi la Jordanie.

Cet accord n’est pas seulement la résolution diplomatique d’une crise. Il ressemble aussi à la façon dont les conflits entre les tribus ont été résolus au cours des centaines d’années passées. La loi tribale arabe des «atwa», précède le « sulha » (pardon).

Les représentants d’un tueur et ceux de sa victime, se réunissent pour négocier les conditions d’indemnisation. Au cours d’une cérémonie précise, les interlocuteurs font appel à la famille de la victime et négocient pour faire passer progressivement l’énorme somme réclamée, à un montant raisonnable. Parfois, ils mentionnent le nom du leader national ou un autre dignitaire et demandent en leur nom que la famille accepte un montant inférieur.

Pour un spectateur extérieur, invité à assister à une cérémonie de ce genre, elle lui apparaît comme étrange. Elle lui est d’autant plus étrangère que le droit tribal, contraire au droit civil qui exempte l’agresseur de la peine décrétée par les instances juridique,s lui est étranger. Mais ce procédé présente un grand avantage social et politique, à même d’empêcher un cycle sans fin de vengeances. Parfois, cela implique que la famille de l’attaquant, se retire temporairement ou définitivement de l’environnement local.

Les conflits autour de « la terre » et la vengeance, alimentent la violence entre pays voisins. Mais les règles de l’atwa ne comprennent généralement pas de négociations pour résoudre ces conflits. D’une certaine manière, ce qui s’est passé cette semaine entre la Jordanie et Israël était un atwa.

Le père de Mohammed Jawawdeh, le Palestinien-Jordanien qui a été tué, en serait resté là si son fils avait été considéré comme un shahid [martyr]. Pour cela, il aurait fallut pouvoir prouver qu’il avait tenté de poignarder la garde israélienne parce qu’il était Juif. Mais le père de l’assassin, ne croit pas que ce soit le motif qui animait son fils. Il pense qu’il s’agissait d’un différent qui échappait à son contrôle. Compte tenu de ces circonstances, il exige que le gardien de la sécurité israélien soit jugé et exécuté pour meurtre. Il a fait une demande en ce sens au roi, en lui demandant de faire justice intégralement.

Le gouvernement israélien, d’autre part, a souligné qu’il s’agissait d’une tentative de meurtre fondée sur des motifs ethno-religieux, au vu de la rage de l’attaquant provoquée par ce qui se passait sur le Mont du Temple. Israël a insisté sur du fait de l’immunité diplomatique dont jouit le Gardien de sécurité, au regard du droit international, il ne pouvait être inquiété.

Le gouvernement jordanien a finalement reconnu son immunité diplomatique, mais a refusé de lui permettre de quitter l’ambassade en raison de la colère de la rue jordanienne. La déclaration officielle de la police jordanienne a combiné les deux versions des faits, affirmant qu’une querelle avait éclaté entre le jeune gardien de sécurité et Jawawdeh au sujet d’une livraison et de l’installation de certains meubles, ce qui a conduit ce dernier à se saisir d’un tournevis pour tenter de poignarder le garde. Pour se défendre, le gardien a tiré blessant fatalement le jordanien.

L’«atwa» israélien-jordanien a associé deux crises: l’attentat de l’ambassade et la crise du Mont du Temple. Israël a renoncé à la Convention de Vienne, et les responsables jordaniens ont interrogé le gardien de sécurité en présence des fonctionnaires de l’ambassade. À la fin de l’interrogatoire, le personnel de l’ambassade a été temporairement «exilé» en Israël.

Par respect pour le roi Abdullah et Al-Aqsa, la famille de Jawawdeh a accepté de limiter sa demande d’indemnisation, pour que soient pris en compte dans la négociation, le retrait des détecteurs de métaux du ‘site sacré de Jérusalem’ et  de la fin des tensions sur le Mont du Temple, dans les territoires et en Jordanie.

Israël s’est conduit comme un acteur arabe. Cette fois, cela a fonctionné. Mais une nouvelle crise concernant  le site Al-Aqsa / Mont du Temple Mount est déjà en train de se manifester. Israël ne sera pas en mesure de gérer un site qui est l’un des plus sensibles au monde et l’un des plus saints  aux yeux des musulmans en coopérant seulement avec la Jordanie, l’Egypte, l’Arabie Saoudite ou le Président turc Recep Tayyip Erdogan. Il faudra reconnaître la légitimité des Palestiniens à participer aux prises de décision concernant le site, car les Palestiniens (y compris les islamistes parmi eux) sont ceux qui déclenchent les violences et les alimentent.  La Jordanie ne pourra pas toujours venir à notre rescousse. Son pouvoir est limité et tend même à diminuer.

Assaf David est expert sur la Jordanie et cofondateur et directeur académique du think tank Forum for Regional Thinking. Israël Hayom

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Yvetro

L’article est surréaliste. Il prétend qu’Israël doit se soumettre aux arabes dits palestiniens et finalement se démettre. Il y a un problème grave en Israël. La foi en sa présence sur la terre d’Israël. C’est là tout le problème. Les évènements le forceront à se resituer.

alexandra

Les réactions de la « rue » arabe montrent bien que toute négociation est vaine. Ils cherchent la confrontation et une nouvelle « nakba ».

Charles Kamoun

La façon dont le gouvernement israélien a traité ce conflit est écœurante, cela donne la nausée.
Vite Kahana! reviens nous sauver d’abord de nous mêmes et ensuite des barbares qui nous envahissent.

Jankel

Tant que les « acteurs arabes » ne se conforment en rien au système de droit euro internationnal,(?) il n’y a aucune raison qu’Israël se conforme d’une quelconque façon au Droit Tribal d’arriérés incurables.(?)