Israël : Mahmoud Abbas assistera aux obsèques de Shimon Peres

Vendredi, le président palestinien assistera à Jérusalem aux obsèques du Prix Nobel de la paix et ancien président israélien.

Le président palestinien Mahmoud Abbas assistera vendredi à Jérusalem aux obsèques de Shimon Peres.
Le président palestinien Mahmoud Abbas assistera vendredi à Jérusalem aux obsèques de Shimon Peres. ©GettyImage/ Drew Angerer
Le président palestinien Mahmoud Abbas assistera vendredi à Jérusalem aux obsèques du Prix Nobel de la paix et ancien président israélien Shimon Peres, ont indiqué jeudi de hauts responsables palestiniens. Mahmoud Abbas ne s’est pas rendu à Jérusalem pour une visite officielle depuis des années.

Publié le | Le Point.fr

Le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas a exprimé ses condoléances après la mort de Peres. Le président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi l’aurait également fait, et des informations mercredi soir annonçaient que Le Caire enverrait son ministre des Affaires étrangères aux funérailles vendredi. Mais le roi Abdallah II de Jordanie n’a pas encore commenté la mort de l’ancien président israélien, et d’autres capitales arabes étaient également silencieuses, dans un écho à la paix du « vieux » Moyen Orient que Peres avait tellement voulu changer.

Arad Nir, correspondant diplomatique de la Deuxième chaîne, a déclaré qu’il serait « très triste » si les personnes avec qui Peres avaient négocié ne venaient pas à ses funérailles. « Cela met un point d’interrogation sur la vision de Shimon Peres, sur la mission de sa vie : la paix », a-t-il déclaré.

L’agence de presse officielle de l’AP, Wafa, a annoncé mercredi après-midi qu’Abbas avait envoyé une lettre de condoléances à la famille de Peres.

Shimon Peres, alors président, et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas (Crédit : Kobi Gideon/Flash 90)

Shimon Peres, alors président, et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas (Crédit : Kobi Gideon/Flash 90)

Abbas a exprimé sa « tristesse et [son] chagrin », et a écrit que « Peres était un partenaire de paix courageux pour le martyr Yasser Arafat et le Premier ministre [Yitzhak] Rabin ». Il a ajouté que Peres « avait fait des efforts incessants pour atteindre une paix durable, des accords d’Oslo aux derniers moments de sa vie. »

Dans un communiqué du Caire, annoncé et traduit mercredi soir par Ruth Wasserman, experte de l’Egypte, Sissi a exprimé sa « peine profonde et [son] chagrin » après la mort de Peres en son nom, celui de son gouvernement, et de ses conseillers, exprimant « nos sincères condoléances ». Il a également rendu hommage à Peres, « une colombe de paix dans la région ».

Les médias égyptiens ont annoncé tard mercredi que Sissi enverrait son ministre des Affaires étrangères, Sameh Choukri, pour représenter l’Egypte aux funérailles, et que Sissi n’avait pas encore décidé s’il y assisterait. Il n’y a pas encore eu de confirmation officielle de la présence de Choukri.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi est au pouvoir depuis 2013, après avoir destitué Mohammed Morsi, lié aux Frères musulmans. (Crédit : CC BY SA 3.0)

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi est au pouvoir depuis 2013, après avoir destitué Mohammed Morsi, lié aux Frères musulmans. (Crédit : CC BY SA 3.0)

Même si Abbas et Sissi ont exprimé leurs condoléances après le décès d’un homme qui a passé la moitié de sa vie à rechercher la paix avec les Palestiniens, le silence était la seule réponse officielle de toutes les autres capitales arabes, y compris de la Jordanie, l’autre partenaire de paix d’Israël.

Comme Abbas et Sissi, Abdallah de Jordanie connaissait bien Peres et l’avait rencontré plus d’une fois. Cette semaine, Abdallah a autorisé son gouvernement à signer un accord historique de dix milliards de dollarspour importer du gaz naturel d’Israël. Mais le roi jordanien a pu être réduit au silence par peur d’un contrecoup.

Les médias arabes, dont al-Jazeera, ont présenté Peres mercredi comme le responsable de l’attaque de Qana en avril 1996, quand l’artillerie de l’armée israélienne a tiré sur un complexe de l’ONU dans un village du sud du Liban et tué 106 civils. L’incident, qui a eu lieu dans un contexte de combats intenses entre Israël et le Hezbollah dans la région, a également occupé une place d’honneur dans les articles des médias du Hamas sur le décès de Peres, et a pu façonner la façon dont la mort de Peres a été perçue dans le monde arabe dans les heures suivant sa disparition.

La télévision iranienne publique l’a appelé mercredi « le boucher de Qana ».

« Il se tiendra devant Dieu et se défendra de ses crimes haineux contre l’humanité », a déclaré Hamad al-Qahtani, fonctionnaire koweitien. « Il a tué des réfugiés, des enfants orphelins et des familles détruites. Qu’il obtienne ce qu’il mérite. »

« Il s’est souvent présenté comme un homme de paix, mais personne dans le monde arabe ne le croyait vraiment », a déclaré Abdullah el-Sennawy, un important éditorialiste égyptien. « Quand il y avait la guerre, il était là. »

« Peres a été un important contributeur à l’injustice historique qui est arrivée au peuple palestinien », a écrit sur sa page Facebook Ghassan Khatib, ancien porte-parole du gouvernement palestinien en Cisjordanie, dans une remarque liée à la fondation d’Israël en 1948, considéré par les Palestiniens comme la nakba, la catastrophe.

En tant que responsable au ministère de la Défense dans les années 1950, Peres a contribué à transformer Israël en puissance militaire régionale et a joué un rôle central dans le développement secret de ce qui serait aujourd’hui un important arsenal nucléaire.

Et quand Israël a saisi les territoires de Cisjordanie pendant la guerre moyen-orientale de 1967, Peres a été un défenseur précoce des efforts pour construire des implantations juives sur ces territoires, la Judée et la Samarie bibliques, une position sur laquelle il est plus tard revenue.

Dans ses dernières années, Peres était en effet devenu un fervent avocat du compromis territorial avec les Palestiniens, et un important soutien d’Abbas comme partenaire de paix pour Israël.

Shimon Peres et David Ben Gurion au réacteur nucléaire. (Crédit : archives du ministère de la Défense)

Shimon Peres et David Ben Gurion au réacteur nucléaire. (Crédit : archives du ministère de la Défense)

A Gaza mercredi, le Hamas a exprimé sa joie après la mort de Peres, et en Iran, les médias locaux ont annoncé que des étudiants distribuaient des bonbons à l’université imam Sadegh pour la célébrer.

« Shimon Peres était un exemple de comment le monde peut oublier les crimes de quelqu’un s’il vit assez longtemps », a écrit sur Twitter le sultan Saoud al-Qassemi, commentateur populaire des Emirats arabes unis.

Toutes les réactions du monde arabe n’étaient pas négatives.

En Irak, Iyad Jamal al-Din, clerc chiite et ancien politicien, a rendu hommage à Peres, un « dirigeant sage qui a aidé son peuple ».

« Qu’ont fait les dirigeants arabes pour leurs peuples ? Peres a transformé Israël en passant d’une milice à un Etat. Aujourd’hui, le dernier homme sage des Israéliens est décédé », a-t-il déclaré.

L’analyste politique iranien Hassan Hanizadeh a déclaré que Peres avait été une force modératrice dans la région et avait aidé à empêcher un conflit. Netanyahu et d’autres tenants d’une ligne dure auront maintenant « les mains plus libres pour mettre en place leurs politiques intransigeantes dans la région et dans le monde », a-t-il déclaré.

Des agences ont contribué à cet article.

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