Trump donne au gouvernement israélien le feu vert pour construire autant qu’il le veut dans les territoires, à condition que les constructions ne débordent pas des limites des implantations elles-mêmes. Mais si Israël s’aventurait à construire au-delà de ces limites, l’Administration Trump fermerait les yeux.

Mais avec le président Donald Trump on ne peut jamais être sûr de rien. Il faut nous y préparer. Nous préparer à un revirement dans la position de la Maison Blanche sur les implantations. Il n’y a qu’à entendre la déclaration de Trump, signée par le secrétaire de presse de la Maison Blanche, qui vient d’être publiée, suite à l’annonce du Premier ministre Benjamin Netanyahou d’approuver l’établissement d’une nouvelle communauté juive dans les territoires. 


Depuis près d’un quart de siècle, les gouvernements israéliens successifs ont évité d’approuver l’établissement de nouvelles implantations dans les territoires disputés, insistant pour que toute construction dans les territoires ne se fasse que dans les «limites» des implantations existantes. Ces limites permettent assez largement de loger un demi million de Juifs. L’annonce de Netanyahou a contredit ce principe tacite et, en temps normal, on aurait dû s’attendre à une condamnation sévère de la part de la Maison Blanche.

Mais les temps semblent avoir changés. La déclaration de Trump n’est pas seulement formulée de façon laconique, – on est loin d’une condamnation, – mais elle reflète aussi une politique complètement nouvelle. Elle laisse entendre de façon claire, que l’administration américaine ne perçoit pas les colonies existantes comme un «obstacle à la paix». Elle affirme que seule la construction de nouvelles implantations et l’expansion des colonies existantes au-delà de leurs frontières actuelles, «pourraient ne pas être productives si l’on veut atteindre cet objectif» – Par objectif défini il faut entendre, «la paix entre les Israéliens et les Palestiniens».

La conclusion évidente, qui saute aux yeux de tout le monde, c’est que Trump donne au gouvernement israélien le feu vert pour construire autant qu’il le veut à l’intérieur des implatations situées dans les territoires disputés, tant que ces constructions ne débordent pas de leurs frontières. Mais que même si tel était le cas, Trump fermerait les yeux.  La déclaration présidentielle a encore précisé que Trump n’avait pas encore pris position définitive sur la question. Il attend avec impatience sa rencontre avec Netanyahou.

Si ça ce n’est pas un changement, qu’est-ce qu’un changement?

Un groupe de commentateurs dans les médias américains et européens a vu dans cette déclaration que la politique de Trump est la même que celle des présidents précédents : «Trump est en train d’adopter les piliers de la politique étrangère d’Obama», se réjouissaient ces commentateurs. Rien de la sorte – il la rejette.

Ce n’est pas un hasard si la déclaration du Président, ainsi que les quelques commentaires de Trump sur le conflit israélo-palestinien, n’adoptent pas l’expression «deux États pour deux peuples». Trump évidemment ne croit pas à la faisabilité d’une telle solution et pencherait pour un autre type d’arrangement, basé sur l’idée d' »autonomie de l’Autorité palestinienne ».

L’idée d’autonomie gouvernementale a d’abord été soulevée dans les Accords de Camp David de 1977. Le terme de «gouvernement autonome», d’il y a 40 ans, signifie la même chose que ce que Netanyahou veut dire aujourd’hui avec l’expression «État palestinien a minima » ou «autorité plus» dans la langue post-Oslo. L’idée, semble-t-il, est une gestion hybride qui verrait la zone qui s’étend entre la Méditerranée et le Jourdain contrôlée et supervisée par Israël, et la souveraineté civile restante serait partagée en quelque sorte entre Israël et l’autonomie palestinienne, qui, dans cette configuration, aurait la plupart des caractéristiques d’un état indépendant, sans en être un.

Il est tout à fait possible que le royaume de Jordanie soit également invité à prendre part à cet arrangement ou « deal » – un mot dont Trump est particulièrement friand – qui reflète essentiellement la situation existante sur le terrain dans les territoires. Dans ce cas, absolument aucune implantation ne serait évacuée. Tout au plus, certaines pourraient être déplacée. C’est une énorme différence: à l’époque d’Ariel Sharon et de George W. Bush, des communautés juives avaient été évacuées de la bande de Gaza et leurs habitants ont déplacés vers Israël. A l’époque de Netanyahou et Trump, Amona a seulement été déplacée et ses habitants n’ont pas été déracinés, mais redirigés (contre leur volonté) à quelques kilomètres de là, dans les territoires.

La déclaration de la Maison Blanche sur les implantations est en accord avec la politique étrangère du nouveau gouvernement. Trump peut ne pas vouloir annuler l’accord nucléaire avec l’Iran d’un seul coup, mais il ne versera pas de larmes si l’accord tombe à l’eau de lui-même, suite à des violations iraniennes et des ripostes américaines à ces violations. Les sanctions imposées à l’Iran au cours du week-end préparé un itinéraire rapide dans cette direction. Et nous n’échapperons pas à une activité militaire américaine en Corée du Nord, si Pyongyang était tenté de tester un missile nucléaire de longue portée.

Avec Trump, comme je l’ai dit, il est difficile de savoir d’avance dans quelle direction le vent va souffler, mais une chose est certaine: les choses seront différentes que ce à quoi nous avons été  habitués dans le passé.

Sever Plocker | Publié: 06.02.17, 23:45 – YNET – traduction JForum

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