ISRAEL ET SES VOISINS : QUI PEUT FAIRE LA PAIX ? 

20 juin 2017

CHRONIQUE

Qui détient la clé de la paix entre Israël et ses voisins ? Si vous posez la question à un journaliste, il vous dira : c’est Israël ; il suffit qu’il rende les territoires conquis en 1967 et d’évacuer ses « colons » pour que la paix puisse se réaliser. Quelques-uns d’entre eux ajouteront : « il faut qu’Israël autorise les réfugiés à rentrer chez eux », ce qui entraînerait la disparition d’Israël. C’est d’ailleurs une des revendications des Dirigeants Palestiniens et des pays qui les soutiennent.

On serait tenté de les croire sur parole. D’ailleurs, si vous interrogez la plupart de nos concitoyens, ils vous répèteront, « politiquement correct » oblige, l’une de ces deux revendications.

Prenons le risque d’offenser les « bien-pensants » et interrogeons-nous, sans préjugés, sur cette question : qui est capable de faire la paix dans cette région ?

Si Israël propose une évacuation, même totale, ce sera compris comme un signe de faiblesse par les plus modérés qui réclameront plus (le retour de tous les réfugiés par exemple), et refusé par ceux qui veulent officiellement la disparition d’Israël. Ce fut le cas des évacuations du Sud-Liban et de Gaza.

Plusieurs occasions de s’orienter vers la paix se sont en effet présentées, qui ont donné lieu à une surenchère de violence de la part des Palestiniens et de leurs alliés.

  • La guerre des six jours était une occasion splendide, dans la mesure où elle montrait aux pays Arabes l’inanité de leur volonté de destruction de l’Etat hébreu. Les Dirigeants Israéliens étaient près à évacuer la Cisjordanie, moyennant des concessions mineures sur le mur des Lamentations. Mais à cette attente, la coalition arabe a répondu par les « trois non de Khartoum » le 1er septembre 1967 :
  • Pas de paix avec Israël,
  • Pas de reconnaissance d’Israël,
  • Pas de négociation avec Israël.

Ce refus, et sa persistance ont favorisé au fil des années un durcissement de la situation, après le lancement des implantations dans les territoires. Et la montée du nationalisme israélien Phénomène qui aurait pu être évité en cas de négociation directe et rapide.

  • L’évacuation du Sud-Liban a produit une tension permanente à la frontière nord d’Israël et des bombardements intenses. Il n’est pas besoin d’être devin pour savoir que des affrontements reprendront quand le Hezbollah s’estimera prêt.
  • L’autorisation donnée aux Dirigeants Palestiniens de s’installer en Cisjordanie aurait pu être l’occasion de favoriser la paix au travers du développement économique et des échanges avec Israël qui auraient rendu plus délicates les implantations dans les territoires. Elle a conduit à des attentats et à des intifadas.
  • L’évacuation unilatérale de la bande de Gaza par Arik Sharon, sur un coup de tête comme il en avait souvent, évacuation qui a suscité sur le moment les applaudissements des gouvernements occidentaux et un gain, provisoire, de popularité pour le gouvernement israélien, aurait pu inciter les Palestiniens à transformer le territoire en zone de développement modèle, ce qui aurait aussi facilité le dialogue et la paix dans la confiance. Gaza fut transformé en base d’agression contre Israël.
  • Dans ce contexte, Israël doit-il rendre le Golan à la Syrie, qui refuse un traité de paix et arme le Hezbollah ? Ceux qui prônent cette solution sont des nostalgiques des bombardements périodiques qui précipitaient les habitants de la Galilée dans les abris.
  • Et la Cisjordanie ? Un traité de paix serait-il signé et respecté par les factions palestiniennes ? Non, dans l’état actuel des factions en présence, le territoire servirait de base d’agression contre Israël et ce pays ne pourrait empêcher qu’un Etat indépendant ne s’arme en armes lourdes, capables de frapper n’importe quelle partie du pays et de le couper en deux ou trois par des attaques de blindés. La paix avec les Palestiniens suppose, non seulement un Dirigeant de bonne volonté, mais aussi un Dirigeant capable d’imposer sa décision à toutes les factions, par la négociation ou la force, la première étant préférable. Mais quel pouvoir aurait un tel Dirigeant alors que des pays du Golfe et l’Iran cherchent à augmenter leur sphère d’influence par tous les moyens dans la région, et notamment en soutenant des organisations armées ?

Quel est le seul cas de signature de traité de paix 1? Le traité entre l’Egypte et Israël. Est-ce dû à une initiative d’Israël ? Non ! C’est Anouar El Sadate qui, après avoir tenté de reprendre le Sinaï par la force et entamé ensuite une guerre d’usure, a conclu que la manière la plus simple de récupérer ce territoire était de faire la paix avec Israël. Et il est venu en Israël pour montrer sa bonne volonté, forçant ainsi, par une attitude pacifique et amicale, Israël à évacuer le Sinaï, qui constituait pourtant une zone assurant une profondeur stratégique importante pour la défense du pays et pour l’entraînement des pilotes, et à exfiltrer, dans la douleur, ses concitoyens qui s’y étaient établis.

Seuls les Dirigeants Arabes des pays environnants peuvent lancer une véritable initiative de paix, quitte à se couper de leurs homologues des autres pays. Les dirigeants Israéliens ne pourront que suivre cette initiative et faire des concessions impensables aujourd’hui, et particulièrement douloureuses en ce qui concerne la Cisjordanie.

Un tiers pays, ou un ensemble de pays, peuvent-ils servir d’intermédiaires ou d’arbitres ? Au cours de ces années, beaucoup s’y sont essayés, avec les conséquences que l’on sait. Les pays qui ont prétendu résoudre la crise au Moyen-Orient visaient en fait leurs seuls intérêts, contraires à ceux des Palestiniens comme des Israéliens. Seules des négociations directes sont possibles. Un Abbas peut-il négocier lui qui ne détient aucune légitimité du fait de l’absence d’élections et qui est contesté, non seulement par des forces concurrentes, mais aussi par certains membres de son propre mouvement ? L’appel systématique à la condamnation d’Israël, les subventions aux « martyrs » qui assassinent les civils ne sont pas encourageants.  Quant à Assad, même avant sa position délicate actuelle, Il n’est pas de son intérêt politique de négocier. Et ce qui était vrai il y a quelques années l’est encore plus aujourd’hui.

La paix ne pourra donc venir que quand tous les voisins d’Israël le décideront, et le manifesteront dans leurs actes, comme dans leurs paroles. et les Israéliens, comme les Palestiniens, devront se préparer d’ici là à consentir d’énormes sacrifices pour conclure un traité de paix et assurer une coopération économique, culturelle et militaire garante de la pérennité de la paix.

Certains organes de presse font état d’une coopération politico-militaire et d’un rapprochement entre l’Arabie Saoudite et certains Etats du Golfe Persique. Ce rapprochement, impensable il y a peu, a été favorisé par la combinaison d’un désengagement de l’Amérique d’Obama et une course à la bombe, masquant à peine des ambitions régionales et économiques (sur le pétrole du Golfe) du gouvernement iranien. Cette conjonction d’intérêt par rapport à un Iran expansionniste suffira-t-elle à favoriser des accords de paix conclus en direct par les voisins d’Israël, il est trop tôt pour le dire. Il reste à convaincre des populations élevées dans la haine d’Israël et faisant face à des difficultés économiques qui favorisent l’implantation des idées extrémistes, par des idéologues religieux qui assurent leur substance, face à des Etats corrompus et indifférents à la misère.

Par Michel Rozenblum 

I.S.I.S. 

Institut de Stratégie Internationale et de Simulation 

Association Loi de 1901 

© JForum, 2017 06 18 CHRONIQUE N°1 

 

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Chauchaud

La jordanie est le territoire pour les palestiniens (le drapeau est identhique).

Alors que les palestiniens des territoires Judee/Samarie, aillent vivrent dans ce pays, ou ils sont deja majoritaires.

Apres nous aurons tout loisir de les controler s’ils veulent nous attaquer