Tribune. Chaque semaine, Gilles-William Goldnadel propose aux lecteurs de Valeurs actuelles son regard sur l’actualité.

« On a enfin compris l’utilité du CSA »L'avocat Gilles-William Goldnadel. Photo © DR

 

Le CSA, nous précise une dépêche AFP du 22 mars, est intervenu auprès de TF1 pour une formule utilisée par le présentateur Jean-Pierre Pernaut pour parler des migrants qui pourrait “encourager un comportement discriminatoire”.

Quel crime aurait donc commis ce présentateur ordinairement  placide ?

Pour faire la transition entre un reportage sur les sans-abri et un sujet sur les migrants, le jeudi 10 novembre 2016 dans son journal télévisé de 13 h, M. Pernaut avait lancé :

Voilà : plus de places pour les sans-abri, mais en même temps les centres pour migrants continuent à ouvrir partout en France”.

Dans sa décision, le Conseil a “regretté la formulation choisie par le journaliste”, estimant que celle-ci était “de nature à sous-entendre que les migrants seraient privilégiés par les autorités publiques par rapport aux personnes sans domicile fixe”.

C’est étrange, un esprit moins délié aurait plutôt compris que M. Pernaut s’était borné à constater cette triste évidence, déjà déplorée en son temps par la Cour des Comptes, que le traitement social par l’État des SDF était déjà arrivé à saturation pour des raisons financières.


De là à penser qu’il n’est ni très raisonnable ni très humain d’accueillir de nouveaux sans-logis, alors que ceux qui résident déjà sur le territoire ne peuvent être traités décemment, traduit non pas un comportement discriminatoire mais plutôt rationnel et humain.

De là à penser qu’il n’est ni très raisonnable ni très humain d’accueillir de nouveaux sans-logis, alors que ceux qui résident déjà sur le territoire ne peuvent être traités décemment, traduit non pas un comportement discriminatoire mais plutôt rationnel et humain.

En outre, on ne voit pas pour quelle raison politique ou juridique (les migrants ne sont pas une catégorie ethnique particulière), il serait interdit au présentateur d’une chaîne privée de grande écoute de faire valoir son point de vue personnel sur la politique migratoire.


Les dernières initiatives du CSA pourraient laisser penser à un esprit chagrin qu’il s’arroge désormais le droit de censurer toute parole qu’il estime politiquement déviante.

En réalité, les dernières initiatives du CSA pourraient laisser penser à un esprit chagrin qu’il s’arroge désormais le droit de censurer toute parole qu’il estime politiquement déviante.

On se souvient en effet que c’est sur sa dénonciation manifestement intempestive que les organisations prétendument antiracistes ont cherché une mauvaise querelle judiciaire à Georges Bensoussan pour s’être laissé aller à penser trop fort sur les antennes de France Culture qu’il existait un antisémitisme puissant dans une partie non négligeable de la population islamique.

On se souvient également que la justice française, pour une fois moins rétive à l’ingrate vérité que le CSA, n’y a rien  trouvé à dire ni à sanctionner.


Le plus étrange, c’est que dans le même temps, le CSA montre un esprit de grande tolérance lorsque le service public dérape sur un terrain autrement plus fangeux

Le plus étrange, c’est que dans le même temps, le CSA montre un esprit de grande tolérance lorsque le service public dérape sur un terrain autrement plus fangeux.

C’est ainsi que mon lecteur se souvient qu’il m’a fallu saisir récemment au nom du Collectif des Usagers du Service Public Audiovisuel la haute institution, compte tenu de son inaction, lorsque M. Ruquier a appelé à l’assassinat du président des États-Unis élu démocratiquement.

J’ai été saisi cette semaine d’un nouveau cas assez emblématique de cette répression à géométrie politiquement très variable.

Le fondateur de l’un des instituts de sondage les plus importants de France m’a en effet transmis , aux fins de procédure, sa vaine réclamation au CSA que je vous lis :

“Monsieur le président … Hier , le 24 novembre, dans ma voiture, je me suis mis à l’écoute de France Inter, vers 11h30. Voici un aperçu de ce que j’ai entendu, à propos de la primaire de la droite : S’agissant du choix entre Messieurs Fillon et Juppé : “on vous demande si vous préférez manger du caca ou boire du pipi”.

“Aller voter Fillon pour faire barrage à Sarko, c’est comme sortir en boîte avec une capote pour ne pas attraper une (chtouille?) avec une meuf et paf… c’est le soir où tu te fais enculer sur le parking”

“Je m’intéresserai à Juppé et Fillon le jour où on choisira qui empailler sur la place de la Bastille pour servir d’urinoirs publics”

“C’est comme le ver solitaire, quand on a fait le con pendant cinq ans, il part du Fillon quand tu arrives à chier”

“Pour prouver lequel des deux est le plus catholique, ils vont se faire sucer par des gosses”

Plus de cinq mois après l’envoi de ce courrier recommandé, le président du CSA n’en avait toujours pas accusé réception. Sans doute pense t’il, qu’à 11h du matin, aucun enfant n’est susceptible d’écouter les ondes de la plus grande antenne du service national et public.

Ce qui est également riche d’enseignement, c’est que mon correspondant, avec un esprit décidément citoyen, a également adressé copie de sa réclamation à la Présidente de la Haute Autorité de la primaire de la droite et du centre, qui lui a réservé le même traitement indifférent.

Après, l’opposition viendra se plaindre d’un lynchage médiatique. Il m’arrive parfois d’en vouloir davantage à la victime qu’au  bourreau.

Source : Valeurs Actuelles

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3 Commentaires
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Marianne

Bein ?! Pourtant l’intitulé parle de lui-même….

Censure Socialiste Assurée
Voilà !

Paul

Je suis un privilégié. Je n’écoute pas France Inter!

christopher.dee

Cela me fait penser à l’attitude des démocrates avant et après les élections américaines.
Même grandeur oratoire, même fange morale. Les médias français sont à l’image de ceux qui les composent: bêtes et méchants (Hara Kiri), prétentieux, ignorants et menteurs (le Monde, Libération etc).
Comme Ruquier dont l’humour ressemble perpétuellement à une fin de soirée entre camarades au café du commerce ou plus exactement aux propos tendance de l’élite avinée de la fête de l’humanité. Chaque phrase qu’il prononce sent le calcul carriériste, l’arrière pensée sournoise de bien plaire à qui il faut et comme il faut…