photo : Kuntar-Nasrallah, qui précède qui? 

Imposantes funérailles dans la banlieue sud pour Samir Kantar, « martyr » du Hezbollah

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Le secrétaire général du parti chiite, Hassan Nasrallah, doit intervenir dans la soirée pour réagir à cette liquidation.
OLJ/AFP
21/12/2015

Le Hezbollah organisait lundi d’imposantes funérailles dans le sud de Beyrouth pour Samir Kantar, tué dimanche près de Damas lors d’un raid imputé par le parti chiite à Israël, alors qu’il était en charge du front du Golan, occupé depuis 1967 par l’Etat hébreu.

Tandis que les deux adversaires ont échangé dimanche roquettes et obus à la frontière libano-israélienne, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dont les hommes combattent en Syrie aux côtés du régime, doit intervenir dans la soirée pour réagir à cette liquidation.

Israël s’est félicité de la mort de Kantar mais sans revendiquer la responsabilité du raid perpétré samedi. Cependant, un haut responsable de la sécurité israélienne avait averti en 2008, peu après la libération du Libanais d’une prison israélienne, qu’il restait une « cible pour Israël ».

Lundi, une brigade de l’Armée syrienne libre (ASL) a revendiqué l’assassinat de Samir Kantar et promis des attaques futures contre le parti chiite. Dans une vidéo d’une minute postée sur YouTube, et dont l’authenticité n’a pu être vérifiée dans l’immédiat, la brigade affirme que Samir Kantar a été tué « dans une opération unique ». Elle réfute l’information selon laquelle le responsable du Hezbollah a été tué dans un raid israélien. L’homme affirme que les « allégations du parti du diable » visent seulement à « frustrer les combattants de l’ASL ».

Dans le quartier de Ghobeiri, dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, des barrages ont été dressés et des militants en habit militaire portaient des drapeaux de leur parti. Le cercueil de Samir Kantar a été lui aussi recouvert du drapeau du Hezbollah.

Ancien militant du Front populaire palestinien (FLP) incarcéré pendant près de 30 ans en Israël pour une opération meurtrière commise à l’âge de 16 ans, ce druze libanais avait rejoint aussitôt après sa libération le mouvement chiite, à l’origine de sa libération lors d’un échange.

L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) l’a présenté comme le « chef de la résistance syrienne pour la libération du Golan », un groupe créé il y a deux ans par le Hezbollah pour lancer des opérations dans cette région, occupée par Israël depuis la guerre israélo-arabe en 1967.

« Pendant ses sept ans de liberté, Samir s’est impliqué dans la résistance (terrorisme contre Israël) au Liban et quand sont apparus les premiers signes de la résistance sur le front du Golan occupé, il a été le premier à le rejoindre. Israël a essayé six fois de l’assassiner au Liban et en Syrie », a affirmé son frère Bassam dans un article publié lundi par le quotidien libanais al-Akhbar.

« Symbole de la résistance »

Pour Waddah Charara, expert du Hezbollah, « Samir Kantar représentait l’emblème d’un projet (…) de constitution d’un front de résistance dans le sud druze syrien (…) Et quand Nasrallah a annoncé qu’on verrait bientôt une résistance syrienne aussi efficace que la résistance chiite au Liban-Sud, Kantar faisait partie de l’équation ». « Kantar a essayé de jouer de son appartenance à la communauté druze pour être une tête de pont (vers la partie du Golan occupé par Israël) et pour chercher à ébranler la loyauté des druzes à l’Etat hébreu. Israël ne pouvait pas l’accepter », a souligné l’auteur du livre « l’Etat hezbollah ».

Les quelque 20.000 druzes qui vivent sur le Golan ont dans leur immense majorité refusé la nationalité israélienne après l’annexion en 1981 du plateau par l’Etat hébreu.

Originaire d’Abey, un village près de Aley, Kantar a appartenu à la frange de la jeunesse libanaise qui s’était engagée dans les années 70 aux côtés des combattants palestiniens au Liban.

Ainsi le chef druze Walid Joumblatt, dont le père fut le symbole de l’alliance entre les mouvements progressistes libanais et les Palestiniens avant son assassinat en 1977, lui a rendu hommage.

« Malgré nos différences dans nos positions politiques sur la crise syrienne, nous condamnons la mort du militant Samir (…) qui a dédié sa vie à la lutte contre l’occupation israélienne (…) Il restera un symbole de lutte, de la résistance et de la liberté », a-t-il dit dans un communiqué.

Sur les réseaux sociaux, les critiques pleuvent sur l’inaction des Russes, alliés du Hezbollah contre les rebelles en Syrie, qui disposent au sol d’un système de radars ultra-performants et de missiles de longue portée S-400. « Peut-on dire que l’opération menée par les avions israéliens a été coordonnée dans la chambre des opérations commune russo-israélienne?« , écrit ainsi un internaute.

Les médias sympathisants du Hezbollah, manifestement gênés, ont justifié l’inaction russe par le fait que les avions israéliens n’étaient jamais entrés dans l’espace aérien syrien pour viser Kantar mais avaient tiré quatre missiles à partir du lac de Tibériade, situé en Israël.

Voilà les fameux missiles SPICE-2000 que la presse officielle syrienne et du Hezbollah dit avoir retrouvé dans les décombres de l’i!mmeuble de Kuntar :

Selon un journal favorable au régime syrien, As-Safir, deux avions de chasse F-15 israéliens ont décollé de la base aérienne d’Hatzerim près de Beer Sheva en volant vers la Mer De Galilée, à 90 kms de la cible, d’où ils ont tiré quatre missiles SPICE-2000. après l’attaque, les équipes de recherche et de secours syriennes auraient retrouvé des éclats de ce type de missiles, créés par les Systèmes de Défense avancés Rafael, selon ce journal. 

Cette attaque ne ferait pas que révéler les capacités technologiques d’Israël, mais aussi les compétences impressionnantes des services de renseignements de l’Etat juif, selon cet article, citant le fait que Kuntar venait d’arriver dans cet appartement que quelques heures avant la frappe israélienne présumée. Juste le temps d’en prendre possession et de disparaître.

Pour M. Charara, professeur de sociologie à l’université libanaise, « dès le départ, la Russie a tenu à marquer le fait que sa défense du régime syrien ne concernait pas le conflit syro-israélien ».

REUTERS/Jamal Saidi

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