François Bayrou, ou la confusion des genres
Source : Le Figaro
François Bayrou, qui présentait ce mercredi en Conseil des ministres son projet de loi sur la moralisation de la vie politique (rebaptisé : « Confiance dans notre vie démocratique ») s’épargne pour lui-même l’exemplarité que le ministre de la Justice exige des autres.

Non content d’avoir dénoncé publiquement l’informateur, un proche de la maire de Paris, qui a mis la justice sur la piste de possibles financements détournés d’assistants parlementaires du Modem, parti dont il reste président, le garde des Sceaux a également appelé un responsable de Radio France pour se plaindre de la manière dont une enquête sur ces affaires était menée par des journalistes.

Celui qui dénonce à juste tire les conflits d’intérêt se retrouve lui-même dans ce cas de figure, puisque le parquet, lié statutairement à l’autorité du ministre de la Justice, a ouvert une enquête préliminaire sur un possible détournement de fonds publics dans le financement politique du Modem.

Il est vrai que Bayrou a demandé au parquet que rien ne soit transmis à la Chancellerie. Reste que cette affaire, qui impliquerait aussi Marielle de Sarnez, devenue ministre, s’ajoute aux enrichissements suspects reprochés à Richard Ferrand, qui s’indignait des pratiques de François Fillon.


Celui qui dénonce à juste tire les conflits d’intérêt se retrouve lui-même dans ce cas de figure, puisque le parquet, lié statutairement à l’autorité du ministre de la Justice, a ouvert une enquête préliminaire sur un possible détournement de fonds publics dans le financement politique du Modem.
Il est vrai que Bayrou a demandé au parquet que rien ne soit transmis à la Chancellerie. Reste que cette affaire, qui impliquerait aussi Marielle de Sarnez, devenue ministre, s’ajoute aux enrichissements suspects reprochés à Richard Ferrand, qui s’indignait des pratiques de François Fillon.
Cette autre péripétie révèle le sentiment d’impunité qui habite nombre de donneurs de leçons. Parce qu’ils parlent éthique et morale, ils se persuadent de leur vertu. L’imposture, il est vrai, n’est pas neuve.

Cette autre péripétie révèle le sentiment d’impunité qui habite nombre de donneurs de leçons. Parce qu’ils parlent éthique et morale, ils se persuadent de leur vertu. L’imposture, il est vrai, n’est pas neuve.

En fait, Bayrou a gardé les comportements désinvoltes et intrusifs des politiques de l’ancien monde.

Le premier ministre, Edouard Philippe, a eu raison de lui rappeler :

« Le truc est assez simple : quand on est ministre, on ne peut plus réagir comme quand on est un simple citoyen ».

Un conseil que le membre du gouvernement n’entend visiblement pas suivre : « Chaque fois qu’il y aura quelque chose à dire à des Français, à des responsables, qu’ils soient politiques, qu’ils soient journalistes, qu’ils soient médiatiques, chaque fois qu’il y aura quelque chose à dire, je le dirai ».

Ce n’est pas trahir un grand secret que d’ébruiter ici le coup de fil reçu de Bayrou sur mon portable, le 26 mai dernier, suite à mon bloc-notes dans lequel je parlais notamment de « tartufferie » à propos de son projet.

La conversation, rapide, fut courtoise et sans aucune animosité. Le ministre tenait à me rappeler l’esprit de sa loi, que j’avais parfaitement compris.

Je n’ai pas voulu interpréter cet appel comme une pression politique. Elle n’aurait eu aucune chance d’aboutir.

Néanmoins cette démarche, inusuelle me concernant, m’a semblé désuète et déplacée. La confusion des genres, dans laquelle Bayrou semble vouloir se placer en distinguant à sa guise le ministre du citoyen et le citoyen du militant, vient entacher un peu plus la morale en politique.

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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Vidal-Naquet

François Bayrou, ou le « Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais »